C’est la saison 2, comme il aime l’appeler. Manuel Caballero s’était fait connaître lors d’une incroyable première saison : un périple de 6200 km à travers les États-Unis pendant la campagne présidentielle qui a vu la victoire de Donald Trump. Pendant trois mois, le photo-reporter bordelais est allé à la rencontre des Américains pour des échanges qu’il a rapporté sur son site, 56 Degrés.
Cette aventure, la voilà déclinée en version française. Parti de Bordeaux ce dimanche 12 mars pour un tour de France, Manuel Caballero n’a pour compagnon que son fidèle vélo chargé de quelques affaires de bivouac. Son périple est minutieusement préparé pour couvrir pratiquement la totalité de l’Hexagone en passant par Bayonne, Toulouse, Montpellier, Marseille, Monaco, Lyon, Strasbourg, Lille, Rennes, Brest, Nantes et Paris… Trente-six étapes en tout. 4000 km. Environ 90 km/jour. Le baroudeur ne s’emballe pas : « Je prendrai parfois le train, ou je ferai du stop. »
Comprendre et aider à comprendre
Durant 56 jours, Manuel Caballero ira « à la rencontre des citoyens de France » :
« Beaucoup plus qu’aux États-Unis, en France l’objectif principal est de rencontrer les gens et d’en tirer un reportage photographique. Ce n’est pas pour faire un portrait de la France, mais pour comprendre les individus que je vais rencontrer et leurs intentions de vote. Les électeurs sont de plus en plus perdus, certains se rabattent désespérément sur Marine Le Pen, d’autres votent pour un Macron alors qu’il ne savent pas réellement ce qu’il vaut ni même son programme, sans parler des outsiders qui sont sortis vainqueurs des primaires… »
Mais celui qui veut « comprendre les gens » veut aussi faire un pas vers les indécis :
« Mon travail est aussi fait pour les inciter à voter à travers les exemples des autres, dont les portraits seront publiés sur mon site internet. J’ai une vraie inquiétude sur l’élection française. Il y a 50% des Français qui ne savent pas pour qui voter. L’abstention ce n’est pas nouveau, mais il y en a de plus en plus. Il y a aussi un vote contestataire qui s’amplifie et qui provoque un antagonisme de plus en plus important dans notre société. »
Prévenir les extrêmes
Comme pour les élections américaines, Manuel Caballero compte aborder « les individus avec bienveillance » :
« Je ne pense pas que quelqu’un qui vote pour Marine Le Pen soit un salaud. Il a une histoire avec ses souffrances qui l’amènent à faire ce choix. En engageant un dialogue avec les gens, on peut les faire réfléchir. J’ai rencontré un électeur “bleu-blanc-rouge” (Front national, NDLR). Je lui ai posé des questions, sans donner mon avis, il a fini par me dire que Marine Le Pen était finalement comme les autres.
Il ne faut pas imaginer que ce sont des imbéciles qui vont voter pour Marine Le Pen. Ceux qui ne sont pas du même bord politique pourraient comprendre ce qui ne va pas et proposer des solutions. On doit, avant tout, voir l’aspect humain du vote. D’ailleurs, généralement, la plupart de mes amis ne pensent pas comme moi. C’est intéressant pour le débat. »
Dimanche soir, la première halte de Manuel Caballero a lieu sur le bassin d’Arcachon. Ces premières étapes vont être cruciales pour la suite :
« La mentalité française n’est pas la même que la mentalité américaine. Les Américains ont l’habitude d’accueillir des voyageurs. J’ai moins voyagé en France, mais je n’ai pas le même sentiment. C’est un risque que je prends. C’est pour ça que le vélo est un bon moyen. C’est un outil de rencontre formidable. L’inconnue : est-ce que je vais y arriver ? »
Sur Rue89 Bordeaux, on le saura très vite. Le cycliste nous donne rendez-vous tous les lundi pour faire un point-vidéo sur son trajet et ses rencontres. Mais avant de partir, il a déjà publié quelques échanges avec les Bordelais, notamment avec l’auteur de ses lignes.
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