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Serge, producteur de fraises, aimerait bien que Le Pen ramène la sienne

Ancien élu municipal dans une mairie de gauche du Sud Gironde, Serge est tenté par l’extrême droite. Pour cueillir ses fraises, il est contraint de faire appel à une main-d’œuvre étrangère. Il attend d’un président, ou d’une présidente, de « remettre les Français au travail ».

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Serge, producteur de fraises, aimerait bien que Le Pen ramène la sienne

Venu tenir son stand lors du passage de Benoît Hamon à Captieux pour un repas champêtre, Serge faisait juste son boulot « comme sur un marché ou autre » :

« On participe souvent à des manifestations ou des journées festives dans le coin. On m’a parlé de ça, je suis venu, c’est tout. »

Il n’est pas le seul. D’autres producteurs ont répondu présents sans pour autant soutenir le candidat socialiste. Ils sont nombreux à se dire indécis ou, peut-être, se retiennent-ils de dévoiler des noms par peur d’une faute de goût vu ce qui les réunit.

Pas pour Serge ! S’il se plaint d’abord de voir « autant de candidats pour cette présidentielle bizarre », il avoue aussitôt être « tenté par l’extrême ». L’extrême gauche ? « Non ! l’extrême droite », corrige-t-il aussitôt, un poil surpris pas la confusion.

Faire voter tous les Français

Pourtant Serge se présente comme une ancien élu dans une petite municipalité de gauche « pas loin de La Réole » :

« Oh vous savez, il n’y a ni droite ni gauche dans les petits patelins par ici. C’est la couleur politique du maire d’abord et ensuite les élus du conseil sont là pour bosser pour leur commune. »

En effet, ce producteur de fraises « sans pesticides ni produits chimiques », avait voté pour Nicolas Sarkozy lors des élections de 2012. Aujourd’hui, toutes les politiques se valent à ses yeux, de gauche comme de droite.

« Il faut un électrochoc, lâche-t-il. Il faut aussi revoir le droit de vote. Tout le monde ne vote pas et c’est pas normal. Les abstentionnistes, on ne sait pas ce qu’ils pensent eux. Si on fait une politique, on la fait comment ? Pour qui ? Si on ne sait pas ce que veut la moitié des Français. »

Serge pense aussi à ses deux enfants « qui ne votent pas » et qu’il encourage vainement « à rentrer dans la vie politique de proximité pour participer et comprendre ». « Au lieu de ça, ils regardent la télé ou les matches de rugby. »

Serge, producteur de fraises en Sud Gironde (WS/Rue89 Bordeaux)

Remettre les Français au travail

S’il souhaite que tous les Français soient emmenés à voter, Serge voudrait aussi que l’on revienne au septennat car « 5 ans, c’est trop court pour mettre une politique en place » :

« Candidats, ils ne disent rien, ils sont sournois. Ils ont peur de dire ce qu’ils pensent pour ne pas perdre des voix. A peine ils sont élus, ils commencent à se chamailler et se faire la guerre pour la présidentielle suivante. »

D’un président de la république, « ou d’une présidente », Serge attend non seulement des emplois mais aussi de « remettre les Français au travail » :

« Vous savez qui cueillent les fraises chez moi ? J’ai eu 21 personnes cette année : des Portugais, des Espagnols, des Roumains et même des Hongrois. Seulement un seul Français, qui est tombé malade en plus ! »

Avant de retourner à son camion, un jeune homme nous salue et se poste derrière le stand pour s’occuper des clients. Serge se retourne et ajoute :

« Ça fait 35 ans que je fais des fraises et je cherche à vendre mon affaire depuis des années. Ce jeune va peut-être me la reprendre et vous savez d’où il vient ? Il est Hollandais… »

Ce qui semble vouloir tout dire.


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