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Quels députés girondins pour le futur hôte de l’Elysée ?

Pour s’assurer une majorité à l’Assemblée nationale, le ou la présidente élu-e dimanche prochain devra batailler. La campagne pour les législatives des 11 et 18 juin s’annonce plus qu’incertaine dans un paysage politique éclaté. La députée PS Sandrine Doucet est remplacée par Philippe Dorthe.

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Quels députés girondins pour le futur hôte de l’Elysée ?

Mercredi matin au Café des Arts de Bordeaux, Gilles Savary et Gérard Chausset tiennent un point presse commun. Le député socialiste de Gironde et l’adjoint écologiste au maire de Mérignac appellent à voter Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle.

« L’abstention et le vote blanc font courir deux risques, estiment-ils, celui de l’élection de Marine Le Pen, et celui de consacrer le FN comme la principale force d’opposition nationale. »

Dans la mire des deux hommes : la position de la majorité des soutiens de Jean-Luc Mélenchon, hostiles au vote Macron. Alors que son parti, Europe écologie-Les Verts, appelle à une alliance avec la France insoumise, Gérard Chausset – qui n’est pas candidat aux législatives -, s’écarte de cette ligne d’opposition résolue à l’ancien ministre de l’économie, s’il est élu.

« Je ne vais pas avaler tout le programme de Macron. Gouverner par ordonnances, par exemple, ce n’est pas ma tasse de thé. Mais s’il fait des choses bien, je le soutiendrai. On en a pour 5 ans, et je suis un écologiste responsable, or l’écologie n’attend pas. Il faudra laisser à Emmanuel Macron le bénéfice du doute. »

« Macron-compatible »

Gilles Savary s’affirme quant à lui comme « un rallié de la première heure » à Emmanuel Macron – il avait fait valoir un « droit de retrait » pour ne pas soutenir Benoît Hamon pendant la campagne. Disposant cependant toujours de l’investiture du Parti socialiste dans une circonscription (la 9e), où Emmanuel Macron est arrivé en tête, le député sortant se pose clairement en candidat « Macron-compatible », et prévient :

« Vu les résultats du premier tour, si il met un candidat En Marche ! (EM) dans ma circonscription (la 9e, le Sud Gironde), il gagnera un opposant à l’Assemblée nationale, soit un mélenchonien soit un FN. »

Pour l’heure, En Marche !, donné favori des législatives, n’a investi personne en Gironde, et désigné seulement 14 candidats avant le premier tour.

« Macron n’aura pas de majorité absolue sur la base de son non-parti, affirme Gilles Savary. Il a raison de vouloir créer son mouvement, mais il n’y aura probablement pas aux législatives de réplique amplifiée de la présidentielle. Car contrairement à 1981, par exemple, on n’a pas de parti bien identifié et établi. Personne ne connait encore les candidats EM, et vous ne gagnez pas des élections avec une génération spontanée. »

Le mouvement d’Emmanuel Macron assure cependant qu’il présentera 577 représentants, c’est à dire partout. Mais pas question d’anticiper et de se livrer à tout « name droping » avant le deuxième tour de la présidentielle, que les responsables d’EM, joints par Rue89 Bordeaux, ne jugent pas gagné d’avance.

Le flou à Bordeaux

On peut toutefois avancer que deux transfuges du PS vers En Marche ! devraient être investis : Florent Boudié, député sortant de la 10e circonscription (Libourne), qui a toutes les chances de conserver son siège, et Arnaud Leroy, actuel député des Français de l’étranger, dans la 8e (Bassin d’Arcachon).

Résidant à Andernos, ce spécialiste des questions environnementales a de sérieuses chances de détrôner le seul député des Républicains en Gironde. Le maire d’Arcachon, Yves Foulon, avait en effet été élu de justesse en 2012, et Emmanuel Macron a devancé François Fillon sur le Bassin lors du premier tour.

A Bordeaux, et malgré les bons scores de son candidat, c’est le flou pour En Marche !. Parmi les personnalités pressenties par le mouvement, Marik Fetouh, adjoint au maire rapidement rallié à Macron après la défaite d’Alain Juppé à la primaire, ne se présentera pas face à un collègue de la mairie – les candidats Les Républicains Nicolas Florian (1ere circo, Bordeaux Nord, le Bouscat, Bruges) ou Anne Walryck (2e, Bordeaux centre, la Bastide).

L’adjoint en charge de l’égalité et de la citoyenneté, qui bénéficie de l’étiquette Modem, donc de l’accord Macron-Bayrou, aurait en revanche une ouverture dans la 3e circonscription (Bordeaux Sud, Bègles, Talence, Villenave d’Ornon). Mais ce ne serait pas un cadeau : dans cette circonscription très à gauche, il devra notamment défier Naïma Charaï, suppléante et successeur de Noël Mamère, et porte-parole nationale de Benoît Hamon.

Que fera EM ailleurs à Bordeaux ? Ses représentants auront sans doute du mal à exister entre une députée sortante, ancienne ministre et figure locale (Michèle Delaunay), des candidats en campagne depuis des mois (Nicolas Florian) ou bien implantés (Philippe Dorthe, qui remplace Sandrine Doucet, lire notre encadré).

Jackpot et étiquettes

D’autant que la plupart de ces politiques chevronnés présentent des profils centristes, dont des candidats sous étiquette EM auront du mal à se démarquer. Si Emmanuel Macron est élu, et à l’instar de Gilles Savary, certains sortants PS ne seraient d’ailleurs pas hostiles à bénéficier du label majorité présidentielle, selon le conseiller municipal socialiste Matthieu Rouveyre :

« Soit des socialistes se déclarent « Macron compatibles » et sont exclus du parti car la double investiture n’est pas possible. Ce serait le plus simple : chacun assume ce qu’il est et l’aile droite du PS s’en va. Soit ils obtiennent d’Emmanuel Macron de ne pas avoir de candidats contre eux, mais j’en doute car En Marche ! va avoir besoin de financements publics, calculés sur les voix aux législatives. Soit EM présente des candidats pas dangereux, qui permettraient à Emmanuel Macron et son bras droit Richard Ferrand (pressenti pour être son Premier ministre, NDLR) de choisir leur opposition, qui n’en serait pas vraiment une. Ce sera alors compliqué d’engager la rénovation du PS. »

Ce choix d’EM de présenter des candidats partout a également été fait par la France insoumise (au détriment de son alliance avec le Parti communiste), et s’explique entre autres par des raisons sonnantes et trébuchantes : tous les partis qui ont obtenu au moins 1% des voix dans plus de 50 circonscriptions obtiennent 1,68 euros par voix et par an, durant cinq ans.

Le jackpot en jeu limite ainsi fortement les velléités d’alliance dès le premier tour. Malgré les appels à l’unité lancés en Gironde par le PC, écologistes, PS, Insoumis et communistes pourraient donc faire bande à part, et empêcher la gauche de passer dans bon nombre de circonscriptions : il faudra en effet obtenir 12,5% des inscrits, soit environ 20% des suffrages pour se qualifier au second tour.

Au front

L’étude Opinion Way pour Les Echos et Radio Classique n’anticipe d’ailleurs qu’une trentaine de triangulaires, et moins de 70 cas de figure avec la gauche au deuxième tour, pour 180 duels EM / droite, 90 à 116 duels EM / Front national et 154 duels droite / FN.

En Gironde, si le Front national réédite le score de Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle, il pourrait se maintenir dans 6 ou 7 des 12 circonscriptions. Il est arrivé en tête dans trois d’entre elles : la 5e (le Médoc, avec 24,14%), la 10e (le Libournais, 25,21%) et la 11e (le Blayais, 30,78%).

Dans cette dernière, c’est Edwige Diaz, la jeune secrétaire départementale du FN, qui sera en lice. Elle est, avec le conseiller départemental FN Grégoire de Fournas dans le Médoc, bien placée. Sauf si une large défaite de Marine Le Pen dimanche n’enraye la dynamique, ou qu’un front républicain ne leur barre la route. Mais ce genre de front n’est plus trop à la mode, à droite comme à gauche.


#Présidentielle 2017

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