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Une grève contre la disparition d’emplois à La Poste de Bordeaux

Au gré de la révolution numérique, les activités du courrier et du chèques sont en baisse constante. Ainsi, le centre financier de La Poste de Bordeaux fait disparaître les 62 postes de production de l’activité chèque en confiant cette dernière à la filiale de son groupe, Docapost, en 2018. À l’appel de quatre syndicats, les employés du centre financier se sont mis en grève, ce jeudi 15 juin 2017.

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Une grève contre la disparition d’emplois à La Poste de Bordeaux

« Au quatrième étage, c’est vide. Même si quelques affaires de nos collègues y traînent encore. Bientôt, ça sera au tour du deuxième. Ça ressemble déjà une fin de service, à la fin du centre financier », décrit Guy Dourthe, employé depuis quinze ans à la production du centre financier de La Poste de Bordeaux.

Comme bon nombre de ses collègues, ce mardi 15 juin 2017, Guy est en grève. Suite au plan de transformation du centre financier de La Poste – laquelle a entrepris le transfert de son activité chèque dans sa filiale Docapost – il fait partie des 62 employés du service production dont le poste va disparaître, courant 2018. L’activité du traitement du courrier, dont la trajectoire décline, laisse penser aux syndicats qu’une fermeture de ce service aura également lieu, menaçant ainsi 156 emplois au total.

Par le passé, d’autres réorganisations du centre avaient déjà affecté les services Réclamations, Vie du Compte et certaines activités Risque. Cette nouvelle mesure, présentée ce jeudi lors d’une Commission nationale du Dialogue Social (CDSP) à Paris, est commune aux centres financiers de Lille, Marseille, Lyon et d’Orléans-la-Source, dont les employés se sont également mis en grève.

Ici, à Bordeaux, les collaborateurs ont été informés lors d’une réunion organisée ce mardi par la présidence. Dès le lendemain, un préavis de grève a été déposé par les syndicats FO, CGT, Sud PTT et CFDT.

« Il y a quelques années nous étions 1650 salariés, aujourd’hui nous sommes à peine 1000. Désormais, ce sont 156 autres emplois qui sont encore directement menacés. Bien entendu, la direction ne parle pas de licenciements mais de reclassements. Mais les employés sont très inquiets de savoir où et comment ils seront reclassés », souligne Guy Dupont, secrétaire de la CGT au centre financier de Bordeaux.

Et le directeur de la transformation du centre financier de la Banque Postale de Bordeaux, Jean-Michel Tual, le certifie : ce projet ne donnera matière à aucun licenciement, départ contraint ou mobilité géographique imposée.

« Parce que nous avons des engagements très importants vis-à-vis des employés de notre entreprise, nous garantissons à nos 62 collaborateurs qu’ils pourront continuer à exercer un métier au sein du centre financier de Bordeaux », soutient Jean-Michel Tual.

Risques psychosociaux

Si les employés ont donc la garantie de ne pas perdre leur emploi, rien ne leur assure en revanche d’être affectés dans un service correspondant à leurs souhaits et compétences professionnelles.

« C’est une mesure qui risque d’engendrer d’importants risques psychosociaux, estime Guy Dourthe. Il y a des chances que nous soyons basculés sur des plateformes téléphoniques, or une grande partie d’entre nous n’a pas les compétences commerciales et n’est tout simplement pas faite pour ça. »

Pour assurer cette transition de poste, le directeur de la transformation du centre financier entend mettre en place un dispositif de formation pour accompagner les employés :

« Des experts de l’évolution professionnelle seront présents pour accompagner chaque collaborateur dans cette transition et leur offrir une formation personnalisée. En outre, ce programme de transformation peut permettre à nos employés d’accéder à des métiers à plus forte valeur ajoutée ».

Employés et syndicats s’opposent d’autant plus à cette mesure qu’elle concerne des centaines d’employés ayant déjà subi la fermeture de leur service et un transfert de poste.

 » Ils ont suivi une formation, on leur a trouvé une place ici, dans le service production et, à peine arrivés, on leur dit à nouveau que « c’est fini, ça ferme, vous allez devoir vous reformer pour une autre activité », déplore le secrétaire de la CGT, Guy Dupont.

Le courrier sur la mauvaise pente

En 2020, le service de l’activité du courrier pourra difficilement échapper au même sort. Si Jean-Michel Tual affirme que l’impact social annoncé ne concerne pour l’instant pas ce service, et se refuse donc à parler d’une menace de 156 emplois, le directeur admet cependant que son activité ne cesse de décliner.

« Pour adapter les ressources, nous devrons inévitablement moduler le nombre de collaborateurs en fonction de son évolution, qui chute d’années en années. Tout cela sera évalué en 2020, mais aujourd’hui, elle n’est pas mise en cause », tranche-t-il.

Le conflit social intervient dans un moment de transition intense pour La Poste. Les syndicats se sont récemment mobilisés contre la fermeture du bureau de Saint-Projet, dans le centre-ville de Bordeaux, programmée pour novembre 2017, et évoquent une dizaine d’autres bureaux menacés dans la métropole bordelaise.


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