« Le noviciat en marche… » Ainsi Philippe Dorthe, candidat PS dans la 1ere circonscription, critique-t-il les représentants LRM (La République en Marche) aux législatives. Et en effet, pour les deux candidates du mouvement d’Emmanuel Macron en lice à Bordeaux, cette campagne est une grande première, comme l’évoquait Rue89 Bordeaux lors de leur investiture.
Catherine Fabre (38 ans) et Dominique David (54 ans) n’ont jamais exercé de mandat politique, et leur adhésion à En Marche ! est leur premier engagement dans un parti. Et ce sont deux représentantes d’une société civile tendance CSP+ – la première est universitaire, la seconde déléguée régionale de l’Union des industries chimiques (UIC) -, donc de cette France des winners qui a voté Macron.
« J’ai toujours été sensible au fait que les gens puissent travailler ensemble, raconte Catherine Fabre, candidate dans la 2e circonscription. J’avais identifié ce blocage dans la vie politique française, et c’est pourquoi j’avais voté Bayrou en 2007 ».
Sociale libérale
Normalienne, agrégée d’économie et de gestion, maître de conférence en gestion des ressources humaines à l’IAE (l’école de management de l’université de Bordeaux), la jeune femme dit se situer « au centre gauche ». Tout comme Dominique David :
« J’ai toujours voté plutôt à gauche sans être toujours satisfaite par mon vote, plutôt par fidélité. Il m’est aussi arrivé de voter à droite. Mais j’ai entrepris toute ma vie, j’ai créé et dirigé des entreprises et c’est difficile de le faire car tout est complètement bloqué en France. On ne veut pas toucher au code du travail pour dérèglementer, mais pour donner un peu de liberté. Par ailleurs, je suis pour le maintien de l’ISF. Je suis dans cette logique là, sociale libérale ».
Bien sûr, les deux femmes ne voient pas leur manque d’expérience politique comme un handicap à l’Assemblée.
« C’est aussi une manière de renouveler la manière de voir les choses, de ne pas se situer par rapport à des intérêts de carrière, estime Catherine Fabre. Et ça change tout, car c’est cela qui éloigne aujourd’hui les Français de la politique. Moi, je viens pour défendre un programme. »
Pourtant, la situation est pour le moins confuse, lui objecte-t-on, En Marche ! ayant brouillé les repères en débauchant tous azimuts.
« Je ressens un message clair des électeurs par rapport au fait que notre mouvement a un président élu et un programme qui rejoint celui du gouvernement, rétorque Catherine Fabre, référente adjointe de LRM en Gironde. Et certains jouent de la confusion, en s’affichant par exemple avec Emmanuel Macron sur des photos. Mais on ne sait pas bien ce que sera la portée de leurs choix et de leurs positions, et moyennant quelles négociations ils seront dans l’opposition ou la majorité. »
Les deux candidates bordelaises de LRM pointent notamment leurs rivaux Républicains, qui cultivent selon eux davantage « l’ambiguïté » que les socialistes.
« Les Français ont envie d’y croire »
Les derniers sondages très flatteurs comme les retours du terrain leur font toutefois penser que « les Français ont envie d’y croire et veulent laisser le gouvernement faire ses preuves ». Ce qui compense amplement, selon elles, leur déficit de notoriété, et les premiers ennuis d’Emmanuel Macron, comme l’affaire Ferrand. En effet : le seul sondage local, révélé ce vendredi par Sud Ouest, donne Catherine Fabre largement en tête du premier tour, devant Aude Darchy (France insoumise), et Michèle Delaunay battue…
Que feraient elles de leur victoire ? Si elle est élue à l’Assemblée, Catherine Fabre dit vouloir travailler sur la question de la formation professionnelle, afin que celle-ci soit destinée « à ceux qui en ont besoin, les chômeurs, qu’ils puissent avoir une vraie reconversion à la clé ».
C’est un autre point commun avec Dominique David, qui planche dans son métier sur les problématique d’apprentissage, de formation, de reclassement et de recrutement dans l’industrie, et voudrait si elle est élue favoriser des expérimentations pour les deux CFA (centres de formation des apprentis) présents sur sa circonscription.
« Mais je ne fais pas de lobbying, cela ne présente donc pas de risque de conflit d’intérêt », tient-elle à préciser.
Il sera toujours temps de vérifier…
Chargement des commentaires…