Ils ont traversé dix-huit pays pour aboutir à la même conclusion : rien n’unit tant que les plaisirs de la table. Marine Mandrila et Louis Martin, un couple parisien, sont les fondateurs du Refugee Food Festival dont l’objectif est de mettre à l’honneur les talents culinaires des chefs cuisiniers réfugiés. Accueillis par les restaurateurs français, les chefs proposent aux clients de déguster des plats issus des quatre coins du monde.
Soutenu par le HCR (l’agence des Nations unies pour les réfugiés) dès sa première édition à Paris à l’occasion de la journée mondiale du réfugié, le 20 juin 2016, le festival est devenu européen en 2017. Marine et Louis estiment que la cuisine est une porte d’entrée sur l’autre et sur le monde :
« Le but était de casser tous les discours misérabilistes et anxiogènes qui ont suivi l’arrivée des réfugiés en France et en Europe, lesquels tendent à nous faire oublier qu’il s’agit de personnes comme vous et comme moi, avec un bagage culturel à apporter, et plus précisément d’un point de vue culinaire », explique Louis Martin, co-fondateur du festival.
A Bordeaux, cinq restaurants (La Guinguette Chez Alriq, Le Magasin Général, Le Taquin, Le Symbiose, et L’Alchimiste) participent à cette première édition qui se tient du 20 au 25 juin. Au programme : menus découverte en trois plats, barbecues, petits-déjeuners, plats réalisés à quatre mains ou encore pique-niques participatifs.
Un tremplin professionnel
Hossam Eltabel a travaillé quatre ans en tant que pâtissier en Syrie avant d’arriver en France, il y a neuf mois. Déjà venu présenter ses créations lors d’un happening du Refugee Food Festival à la Halle des Douves de Bordeaux, le 29 mai dernier, ses pâtisseries avaient connu un franc succès. Pour le festival, il sera présent ce samedi 24 juin au café L’Alchimiste, aux côtés du torréfacteur Arthur Audibert, pour faire déguster ses créations, dont le Halawet el Jeben ou « douceur de fromage ». Comme la plupart des chefs, Hossam parvient à se procurer les « ingrédients secrets de chez lui » sur le marché du quartier Saint-Michel.
« Après le festival, je rêve de suivre une formation pour apprendre la pâtisserie française. Ensuite, je voudrais ouvrir mon entreprise pour proposer des gâteaux qui mélangeraient des recettes françaises et syriennes », explique le chef pâtissier.
Là est le deuxième enjeu de ce festival : donner l’opportunité aux chefs réfugiés de se faire connaître auprès de la clientèle et des restaurateurs et ainsi se constituer un premier réseau. Avec le soutien de Marine Duppé, coordinatrice de l’édition bordelaise du festival, Hossam, lui, intègrera une couveuse d’entreprise pour développer son commerce.
« C’est le constat que nous avons fait lors de la première édition du Refugee Food Festival : lorsque la collaboration se passait bien, le restaurateur recommandait le cuisiner à d’autres établissements. Pour les chefs réfugiés, cet évènement peut être un véritable tremplin professionnel « , souligne Louis Martin.
Et bien sûr, pour les participants du festival, cet évènement est l’occasion de découvrir dans un cadre convivial des traditions souvent méconnues. Pour en savoir plus sur le programme bordelais, c’est par ici. Bon appétit !
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