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Le pont de pierre, porte du paradis des cyclistes et piétons

Depuis ce mardi matin, le pont de pierre est interdit à la circulation des voitures et motos. A l’appel de Vélo-Cité, l’association qui avait soumis cette idée à Bordeaux Métropole, environ 200 cyclistes ont fêté cette expérience qui, espèrent-ils, durera au delà du 30 septembre.

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Le pont de pierre, porte du paradis des cyclistes et piétons

A 9h ce mardi, certains foncent au travail et s’engagent à vélo sur la piste cyclable du pont de pierre, sans réaliser le changement initié le matin même. « Prenez la voie des voitures, elle est désormais réservée aux bus et aux cyclistes », les préviennent les agents de Bordeaux Métropole. Une dame met pied à terre de son vélo pour les remercier, jugeant très dangereuse la cohabitation avec les voitures.

« Y a plus de voiture ! »

Des joggers passent sur le trottoir, Alain Juppé leur lance :

« Vous avez de la place maintenant, y a plus de voiture ! » Pas de réponse. « Ils ne m’écoutent pas, ils sont tous branchés », sourit le maire de Bordeaux en remarquant leurs écouteurs sur les oreilles.

A cette heure, les élus peuvent encore espérer être entendus des automobilistes. La fermeture du pont de pierre à la circulation des voitures et des motos n’a pas provoqué de pagaille sur les quais et les autres ponts de Bordeaux. Certains véhicules égarés s’aventurent jusqu’à l’entrée du pont, d’où ils sont poliment détournés par des agents de sécurité privés, qui devraient rester en place une semaine.

Chacun sait que le vrai test sera à la rentrée, en septembre.

« Si c’est la paralysie absolue, on arrête tout de suite », répète Alain Juppé.

L’expérimentation devrait courir au moins jusqu’au 30 septembre, peut-être plus si les services de la métropole estiment avoir besoin de données supplémentaires en termes d’impacts sur les trafics, les reports modaux et la pollution. Un premier bilan devrait être dressé dès le 15 septembre.

Place Stalingrad, les voitures ne peuvent plus tourner à gauche pour prendre le pont. (SB/Rue89 Bordeaux)

Les cyclistes à la fête

D’ores et déjà, les cyclistes se mobilisent pour soutenir l’expérience. Quelques centaines d’entre eux sont venus à 13h ce mardi « faire sauter le bouchon » du pont de pierre à l’appel de Vélo-Cité. Ruban, cotillons, ballons et champagne… Sous le soleil, l’ambiance est festive et militante.

« On ne pensait pas avoir autant de monde à cette heure creuse », se réjouit Ludovic Fouché, président de l’association. Il rappelle que la paternité de la fermeture du pont de pierre aux voitures revient à Vélo-Cité :

« Nous avions commencé à évoquer cette idée après un accident grave sur la place Bir-Hakeim, où un cycliste avait été tué par un camion. L’entrée du pont de pierre était trop fréquentée, et il y avait des situations conflictuelles entre vélos et piétons… Bref, il fallait réduire le trafic motorisé. Le projet d’un test a plu à Alain Juppé, un peu moins dans les rangs de ses adjoints bordelais, du coup l’expérience n’a pu être menée l’an dernier. »

Depuis, le contexte est favorable, poursuit Ludovic Fouché :

« La métropole a constaté la baisse de la part modale des voitures sur le pont et l’augmentation ininterrompue du trafic des vélos (7000 par jour). Et l’expérimentation est soutenue par le pôle mobilité de la métropole, où il y a de plus en plus de cyclistes, ce qui est une bonne chose pour faire évoluer la situation. Ils sont allés au delà de nos espérances en fermant les deux voies, alors que nous proposions d’expérimenter une fermeture dans un seul sens. Cela a permis la progression de deux places de Bordeaux au dernier Copenhagenize Index.« 

C’est la fête pour les amateurs de vélos (SB/Rue89 Bordeaux)

Une « vélorution » le 29 septembre

Mais Vélo-Cité, qui appelle déjà à une « vélorution » le 29 septembre prochain pour « défendre le pont de pierre sans voiture », espère que « le message positif envers les cyclistes ne sera pas brouillé par une politique ambiguë » : l’association plaide pour le maintien de la passerelle vélo sur le pont François-Mitterrand, que la métropole envisage de supprimer pour construire une quatrième voie sur la rocade.

« Prétendre ainsi que c’est la piste cyclable qui est responsable des bouchons, et pas le trop plein de voitures, c’est fort de café », estime Ludovic Fouché.

D’autant que le problème de la saturation du pont vient des échangeurs autoroutiers, notamment avec la voie sur berge côté Bègles. Or celle-ci doit être pacifiée dans les cinq ans : l’entrée de Bordeaux se fera par un boulevard à 50 km/heure, avec feux rouges, promenade au bord de la Garonne et… piste cyclable.


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