« On vient de passer plus de deux heures en réunion dans une ambiance feutrée où on nous parle de franchise et de transparence, mais on sort avec une nette impression de flou. »
Jean-Marc Chavant de Force Ouvrière à Ford Aquitaine Industrie (FAI) commente ainsi la réunion de ce lundi avec la direction de Ford Europe, le préfet et les élus locaux. Mais il hésite entre « le verre à moitié plein et le verre à moitié vide. »
Car les annonces n’ont pas fait florès à la préfecture de Bordeaux. La plus attendue d’entre elles concernait la possibilité de fabriquer une nouvelle boite de vitesse (8fmid) qui aurait redonné de l’activité à l’usine et ses moins de 900 salariés (loin de l’objectif des 1000 souhaités depuis l’accord quinquennal de 2013).
Une étude interne a permis de montrer l’intérêt et la compétitivité du site girondin. La direction de Ford Europe décide, pour fêter cela, de débuter… une seconde étude. Et si ça marche ? Il y aurait un « investissement potentiel de 127 millions de dollars (environ 108 millions d’euros, NDLR) » selon l’élue départementale Christine Bost. Les conclusions de l’étude seront rendues lors du prochain comité de pilotage, en janvier prochain.
« Mais le choix sera indiqué au premier trimestre de 2018 », s’énerve le syndiqué CGT Philippe Poutou devant ses collègues et les soutiens de l’usine, qui redoute l’échéance de la fin de l’accord entre Ford et l’Etat, en mai 2018.
La direction de Ford Europe a bien indiqué que les boites de vitesses 6f15 et 6f35 pourront être fabriquées simultanément jusqu’en 2020 selon les syndicalistes CFTC, FO, CFDT et CFE-CGC rencontrés. Mais le volume supplémentaire parait à les entendre ridicule : 5000 transmissions supplémentaires par an. « On fait ça en deux semaines » rit l’un des responsables syndicaux.
Pour le reste des productions, le Carter Fox s’en va, la production du DCT est vouée à disparaitre et TTH est désormais l’oeuvre de leur usine voisine Getrag.
Pourquoi tant de difficulté à donner de nouvelles productions ?
« La direction de Ford Europe évoque la volatilité du marché, notamment européen, avec une baisse importante de la demande par les consommateurs de véhicule diesel au profit de la voiture à essence », a rapporté le préfet Pierre Dartout lors d’une conférence de presse.
Philippe Poutou fulmine :
« On nous parle crise généralisée, marché, dettes publiques, Brexit mais la direction ne parle jamais de ses bénéfices et dividendes records pas plus que des aides publiques touchées. En trois ans, l’usine a reçu 3,8 millions d’euros de CICE (crédit impôt compétitivité emploi). Avec quels résultats dans le même temps ? 200 suppressions d’emplois. »
Il espère que sa colère, partagée par les ouvriers autours, trouvera un écho à l’usine. Malgré un front syndical toujours divisé, la CGT organisera une assemblée générale ce mardi aux heures d’embauche (6h et 14h).
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