« Parisien, viens chez nous ». Surfant sur l’autocollantgate qui a secoué le landerneau il y a quelques semaines, une agence de com’ basée à La Réole a détourné le message hostile placardé dans les rues de Bordeaux pour vanter les mérites de son arrière-pays. Dans l’Entre-Deux-Mers, c’est ainsi « le calme à 30 minutes de Bordeaux ». A moins de 20 minutes, la ville de Libourne a aussi officiellement déclaré accueillir à bras ouverts les Parisiens persécutés dans la capitale girondine.
#Libourne à moins de 20 min de #Bordeaux accueille à bras ouverts les #parisiens pic.twitter.com/5BYVg9YWGc
— Ville de Libourne (@ville_libourne) 25 octobre 2017
L’anecdote en dit long sur l’entreprise de séduction menées par ces communes périphériques, désireuses de capter des bribes de l’attractivité de Bordeaux, mais aussi de profiter des limites de celle-ci – la « surchauffe de la métropole », selon les termes de son ancien président, Vincent Feltesse. « L’immobilier est trop cher à Bordeaux ? Les embouteillages insupportables ? Installez vous dans nos bastides en voie de désertification, et dans nos zones d’activités à portée d’échangeur autoroutier. »
Comme si après avoir aboli les distances, le TGV et la fibre optique pouvaient effacer une partie de l’iniquité territoriale entre le port de la Lune et son hinterland, et permettre aux communes rurales de ne pas être seulement un déversoir des pauvres qui ne peuvent plus vivre dans la métropole.
« Quelques développeurs web, agences d’architectures, et ex-Bordelais en mal de vieilles pierres iront peut-être réinvestir les ruelles de La Réole, là où 50m2 de local commercial coûte le prix d’un coin de table à Darwin, relèvent les urbanistes de Deux Degrés, auteurs du Méga Grand Bordeaux, dans un entretien à paraître dans notre dossier sur une métropole XXL. C’est tout ce qu’on souhaite à ces petites villes ! Mais pour que cela fonctionne, il faudrait des transports efficaces et malheureusement, il y a peu d’améliorations prévues de ce côté là (pas de nouveaux TER, etc.). »
De taille
D’où le retour en force du grand contournement, au cœur du récent accord de coopération entre Bordeaux Métropole et Libourne. Rue89 Bordeaux consacre les deux premières enquêtes de ce 18e dossier à ce rapprochement inédit entre les deux agglomérations, et à ce projet de barreaux autoroutiers revenu de nulle part. Nous y révélons les options soumises par Alain Juppé au gouvernement dans le cadre des Assises de la mobilité.
Alors que l’agglomération bordelaise s’interroge de plus en plus sur sa juste dimension démographique (le million, oui ou non ?) , nous nous pencherons ensuite sur la question de sa taille politique : quelle est la meilleur échelle pour aborder des problèmes qui excèdent largement les frontières de la métropole ? L’urgence de transports collectifs efficaces et interconnectés appelle par exemple la création un syndicat mixte des autorités organisatrices, fédérant la SNCF, TBM, Transgironde…
Enfin, la concentration des activités économiques et de l’offre de loisirs et de cultures ne condamne-t-elle pas les communes périphériques de la Gironde à devenir des cités-dortoirs, simples satellites gravitant autour de la métropole ? Certaines tentent de résister.
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