
Ces chiffres doivent éclairer un conseil métropolitain extraordinaire, qui se tient ce mardi en présence du préfet. Cette audition des services de l’Etat, qui a la compétence de l’hébergement d’urgence, fait suite à l’adoption le 7 juillet dernier par le conseil métropolitaine d’une motion du groupe écologiste « en faveur d’une politique d’accueil pour des populations en situation d’urgence humanitaire ».
Premier grief adressé à l’État par la métropole : « des demandes d’hébergement d’urgence n’ont pu être satisfaites faute de place ». Au 31 août 2018, cela concernait 264 personnes, contre 161 en 2016. Et même les enfants en ont pâti : les demandes non satisfaites sont passées de 6 à 10% pour les 0 – 3 ans, et de 19 à 27% pour les 4 – 17 ans, avec des conséquences parfois dramatiques.
« Le 115 ne peut pas répondre à toutes les demandes, souligne l’élue écologiste Sylvie Cassous-Schotte. Il reçoit 250 appels par jour pour parfois seulement 8 à 12 places disponibles. La préfecture a certes annoncé l’augmentation de 185 places d’hébergement (soit 1091 places pour cet hiver, NDLR), mais ce n’est pas forcément sur les meilleurs sites, et on est là sur de la mise à l’abri, qui ne va pas permettre à des familles de vivre dignement. Nous devons coordonner notre politique avec l’État car la situation est devenue insoutenable. Et elle n’est pas prêt de s’améliorer. Nous savons bien que le nombre de migrants ne fait qu’augmenter. »
Selon les données du groupe hébergement du conseil, le public hors Union européenne représente 74% des sans abri pris en charge par le 115, contre 65% en 2016. Le public de nationalité française est lui en diminution dans la même proportion, de 26% à 17%.
Les raisons de l’errance
Les nationalités les plus représentées sont les Albanais (12%) et les Georgiens (7%). Le nombre de mineurs est important : entre 26 et 28% des personnes accueillies. La première raison de l’errance est « le départ du pays d’origine », passé en un an de 33% à 44% des cas.
Le nombre de demandeurs d’asile enregistrés à la PADA (plateforme d’accueil) connait lui aussi une hausse importante : 2721 personnes en 2016, 2422 enregistrées sur les 8 premiers mois de l’année 2017 (les Sahraouis et les Albanais sont les nationalités les plus représentées). L’État a bien annoncé la création de places d’accueil supplémentaires pour les demandeurs d’asile, mais Sylvie Cassous-Schotte déplore le choix de les loger dans des anciens hôtels Formule 1, tel que celui de Mérignac, où les personnes hébergées n’ont ni cuisine dans les chambres, ni espace collectif.
« On attend de ce conseil extraordinaire que l’État prenne des engagement précis, ajoute l’élu EELV Pierre Hurmic. Le discours national d’Emmanuel Macron est plutôt ouvert sur le sujet, en déclarant par exemple qu’il ne veut plus personne à la rue. Que le préfet nous dise quels moyens il est prêt à mettre en place. »
Les élus métropolitains attendent notamment un soutien au projet d’espaces temporaires d’insertion pour éradiquer les squats. Et les écologistes voudraient un diagnostic précis, commune par commune, des terrains appartenant aux pouvoirs publics et pouvant accueillir du logement, en réservant une part significatif à des PLAI, les logements très sociaux.
On ne peut toléré que des enfants, des femmes et des hommes dorment dans la rue.
L’objectif de Macron est louable.
La solution passe évidemment par la construction d’espaces d’accueil pour les plus déshérités, par un renforcement des services sociaux, mais aussi par une politique ferme d’accueil des populations étrangères illégales d’une part, et qui ont trop de difficultés à s’intégrer d’autre part.
En outre une politique sensiblement plus stricte de respect de la propriété privée est la condition sine qua non pour un marché location plus fluide et plus efficace. Sans cela on continuera de voir des bailleurs frileux à l’idée de risquer de louer leurs biens à des contreparties non solvables et indifférentes au droit à la propriété privée.