« Gouverner, c’est choisir ». L’abandon du projet d’aéroport de Notre Dame des Landes a été approuvé par Alain Juppé. Le maire de Bordeaux a salué mercredi sur Twitter la décision de son disciple, le Premier ministre Edouard Philippe.
« Gouverner, c’est choisir ». C’est ce qu’après des années de tergiversations, vient de faire courageusement @EPhilippePM. #NDDL
— Alain Juppé (@alainjuppe) 17 janvier 2018
Une position applaudie ce jeudi par l’élu écologiste bordelais Pierre Hurmic :
Gouverner c’est effectivement choisir de renoncer aux infrastructures climaticides. Nous saluons la lucidité d’@alainjuppe en l’invitant à renoncer au grand contournement autoroutier de #Bordeaux issu du même logiciel ancien, après + de 20 ans de tergiversations chaotiques #NDDL https://t.co/wKoPBRduIc
— Pierre HURMIC (@PierreHurmic) 18 janvier 2018
Le conseiller municipal suggère au maire de Bordeaux d’abandonner au passage les lignes à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax :
« Si le projet de NDDL sacrifiait 1 650 hectares de zones humides et agricoles fertiles, le projet de LGV au sud de Bordeaux, quant à lui, artificialise 4 830 hectares de zones naturelles agricoles, viticoles et forestières. Nous lui souhaitons le même destin. »
Ce jeudi lors de ses vœux à la presse, Alain Rousset s’est donc montré plus circonspect sur le renoncement du gouvernement au nouvel aéroport nantais, dans la ligne des grands élus socialistes de l’Ouest :
« C’est une décision qui interpelle et qui peut inquiéter, estime le président de la région Nouvelle-Aquitaine. Il y a eu un référendum local (gagné par les partisans de l’aéroport, NDLR), une décision de toutes les collectivités territoriales… J’entends les critiques sur un projet vieux de 30 ou 40 ans. Mais on ne peut pas accepter qu’après tous ces débats publics, 40 personnes bloquent physiquement un projet. »
Pas d’alternative
Ce qu’il semble appréhender en cas de nouveau chantier, comme la LGV Bordeaux-Toulouse – du moins si la déclaration d’utilité publique est validée en justice et que l’État accepte de lancer ce projet encore non financé. D’où le soin d’Alain Rousset de renvoyer les écologistes à ce qui lui semble être une contradiction :
« Ceux qui pensent qu’il ne faut pas faire de LGV vont favoriser le développement des aéroports et des camions. »
Car pour le président de la grande région, il n’y a pas d’alternative, comme il le détaille en exposant ses « deux préoccupations essentielles » en matière de transport pour 2018 : « desserrer l’asphyxie sur Bordeaux », et « désenclaver Limoges ». Ainsi, après l’abandon d’une LGV Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT), et alors que cette ligne Intercités souffre, c’est l’avion et la route qu’évoque Alain Rousset :
« Cela suppose une obligation de service public sur l’aéroport (OSP, c’est-à-dire une subvention de l’État pour des lignes aériennes déficitaires, en l’occurrence Limoges-Paris et Limoges-Lyon, NDLR). Et il appartient à l’Etat de dire si on fait une autoroute (entre Limoges et Poitiers) ou une voie ferrée, car ce n’est pas à la mesure des moyens de la région. Mais la liaison Poitiers-Limoges est insupportable, on y voit des dizaines de morts, comme ce qu’on avait entre Pau et Bordeaux » (avant la construction de l’A65, NDLR).
Et pour résoudre les problèmes de congestion de la rocade de Bordeaux, le président de la région parle aussi… de LGV, plutôt que d’un barreau autoroutier qui mettrait 20 ans à se réaliser :
« Il faut qu’on mette les camions sur les rails, et cela suppose qu’on dégage des sillons sur les voies ferrées existantes. Opposer les trains dits du quotidien et les trains à grande vitesse est une idée absurde et indémontrable, sauf sur le plan financier. C’est pourquoi Carole Delga (présidente de la région Occitanie) et moi avons proposé à la ministre des Transports un nouveau mode de financement. Dire qu’on peut aménager les voies existantes pour permettre aux trains de circuler plus vite, cela signifierait supprimer la circulation de tous les trains pendant deux ans entre Bordeaux, Agen, Mont-de-Marsan, Toulouse… »
Pour soulager les routes, Alain Rousset évoque cependant d’autres pistes possibles, comme le fret maritime, via la régionalisation des ports. Celle-ci serait destinée à relancer le grand port maritime de Bordeaux en complémentarité avec ceux de Bayonne et La Rochelle. Avec la métropole bordelaise, la région compte aussi demander à l’Etat l’autorisation de réserver sur les autoroutes des voies réservées à des cars express, pour mieux desservir l’agglomération. Notamment la zone de… l’aéroport.
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