Place du Parlement, la fontaine est cernée par des dizaines de vélos blancs et violets flambants neufs. Sous l’objectif des caméras, Jean-Louis David, adjoint au maire de Bordeaux en charge de la vie urbaine et de la coordination de la politique de proximité, et Brigitte Terraza, vice-présidente de Bordeaux Métropole en charge des mobilités alternatives, pédalent sur les pavés. Une drôle de scène qui clôt la présentation par Indigo Weel de son système de vélos en libre-service, « free-floating », lancé aujourd’hui à Bordeaux.
Free-flo quoi ?
Le « floating » est un système de location de vélos en libre-service, disponibles dans la rue. A la différence des V3, il n’est pas nécessaire de récupérer sa bicyclette dans une station à bornes. Les Indigo Weel sont géolocalisables via une application, qui permet également de louer et déverrouiller un vélo – grâce au scanner du code QR présent sous la selle. Les deux-roues doivent ensuite être déposés dans des « zones » prévues à cet effet.
Pour un Indigo Weel, comptez 5 euros de caution, puis 50 centimes pour une demi-heure d’utilisation. Un tarif journalier de 5 euros et des offres d’abonnements mensuels et annuels sont aussi proposés. D’ici fin février, ce sont 1000 vélos qui doivent être mis à disposition des habitants.
Le système couvre le centre de Bordeaux, Bacalan, Saint-Augustin et Caudéran. Les biclous sont installés dans une trentaine de « hotspots » : place de la Comédie, gare Saint-Jean, place de la Victoire… En revanche, dans certaines « zones d’exclusion », il est interdit de déposer son véhicule : place de la Bourse, au miroir d’eau et cours de l’Intendance par exemple.
Une fausse bonne idée ?
Pas de bornes, mais pas question pour les Indigo Weel d’occuper les arceaux, déjà insuffisants en ville.
« Pas sur les arceaux, mais à proximité, oui » indique Brigitte Terraza.
A part contre les murs, difficile d’imaginer où garer ces vélos, sans gêner la voie publique. Pour les élus, c’est une question de « bon sens ». En pratique, c’est plus compliqué. Dans d’autres villes françaises où le free-floating existe, les habitants ont été nombreux à dénoncer des vélos laissés au milieu du trottoir, ou dans des zones inappropriées.
Des stationnements sauvages, mais aussi des vols et des dégradations ont été recensés à Paris ou à Lille. Jean Gadrat, directeur du Développement d’Indigo Weel, insiste :
« C’est pour lutter contre ces dérives que nous avons choisi de travailler avec la mairie de Bordeaux. Plus il y aura de vélos en free-floating, moins il y aura d’intérêt à avoir un vélo à soi ou à privatiser ceux en libre-service. »
Pour pallier l’incivisme de certains usagers, une équipe de maintenance doit s’assurer que les vélos ne gênent pas, grâce à la géolocalisation, et veiller à l’entretien des vélos. Un local situé barrière Judaïque a été ouvert pour stocker les véhicules. L’opérateur privé compte aussi sur l’esprit de communauté développé via l’application, où chaque usager pourra signaler un engin défectueux ou gênant. Un système de bonus-malus devrait aussi être développé.
Une charte à l’étude
Actuellement, aucune législation n’existe concernant ce modèle de location, qui s’est développé en France fin 2017.
« Alain Juppé s’est rapproché de ses homologues à Paris et à Lille pour discuter d’une charte commune à toutes les collectivités, assure Jean-Louis David. La question d’une redevance est aussi envisagée. »
Pour les élus, le free-floating est un moyen de développer l’offre vélo à moindre coût pour la municipalité, qui a pour objectif de porter à 15%, d’ici 2020, la part modale du vélo dans la métropole.
« Actuellement, on est autour de 10% pour Bordeaux, souligne Brigitte Terraza. Si l’offre free-floating est un succès, on pourrait envisager de reporter les 3 millions d’euros investis chaque année pour les V3 sur d’autres projets de mobilités, des aides aux vélos à assistance électrique par exemple. »
Reste à savoir comment les Bordelais accueilleront ces nouvelles petites reines.
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