Alors que l’offensive turque dans le canton d’Afrin, au nord de la Syrie, a atteint son quinzième jour et que les diplomaties mondiales peinent à se faire entendre, ce sont environ un millier d’hommes et de femmes qui ont manifesté bruyamment ce samedi 3 février à Bordeaux.
Badia, originaire du Kurdistan Syrien et responsable de l’antenne bordelaise du Parti de l’union démocratique kurde de Syrie (PYD) espère que les nombreuses manifestations vont convaincre les gouvernements de l’urgence :
« Il faut que nous arrivions à forcer nos diplomaties, que cela soit en France, en Occident, où en Amérique afin qu’elles ne laissent plus faire la Turquie. La défense du peuple Kurde pour défendre sa terre est légitime, mais c’est aussi une lutte partagée pour protéger le peuple européen. »
« Allez-vous nous abandonner ? »
Au passage du cortège devant le Grand Théâtre, les nombreux badauds présents en ce samedi après-midi sont interpellés par un homme et une femme au camion sono :
« Les Kurdes ont aussi combattu Daech pour vous. Ils vous ont aidé à vous en débarrasser. Aujourd’hui, c’est nous les Kurdes qui sommes attaqués par la Turquie, appuyée par des groupes salafistes. Allez-vous nous abandonner ? »
Plus loin, un homme s’agace.
« Mais où sont les journalistes ? Où est le peuple français ? Moi, j’ai manifesté après Charlie Hebdo quand la France était attaquée ; aujourd’hui personne n’a l’air de prendre conscience du danger qui nous guette à tous… »
Le cortège – qui a modifié son parcours à la dernière minute suite à une demande de la police, arrive place Pey Berland. Pendant que certains théâtralisent le drame en cours, une femme fond en larmes. Elle vivait encore à Afrin il y a peu. Comme Mohamad :
« Ma sœur est encore là-bas. Tout le monde a peur. Les enfants sont terrorisés à cause des bombardements de l’armée Turque. De nombreux civils ont péri. Pour l’instant il n’y plus d’internet, les communications sont coupées. Depuis deux jours, je n’ai pas de nouvelles… Je suis très inquiet. »
Badia, qui insiste sur le rôle des femmes dans la résistance Kurde le promet :
« Nous continuerons, jour et nuit s’il le faut. Parce que nos familles, elles, se battent tous les jours. »
Face à l’impuissance de la communauté internationale dans ce conflit, il est fort à parier que cette journée internationale de soutien ne soit pas la dernière.
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