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Contre la sélection, des étudiants se mobilisent à Bordeaux

Ce jeudi dès 7h, une cinquantaine d’étudiants ont bloqué les différentes entrées du campus de la Victoire pour protester contre la loi sur l’accès à l’université adoptée le 15 février dernier. Leurs revendications seront portées au Conseil d’administration de la direction de l’université dans la journée.

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Contre la sélection, des étudiants se mobilisent à Bordeaux

« Votre sélection, notre avenir », « Solidarité avec les lycéen.nes ». Les banderoles déployées tôt ce matin cristallisent la colère des étudiants contre la loi sur l’accès à l’université adoptée le 15 février dernier. Ce jeudi dès 7h, ils sont une cinquantaine à bloquer les différentes entrées de l’Université de Bordeaux à la Victoire, une blocage voté lundi par l’assemblée générale étudiante du campus des sciences humaines.

« On est pas d’accord avec cette loi, ni avec l’amendement qui ajoute que la réalité des débouchés professionnels est désormais un critère déterminant le nombre de places disponibles dans une licence. On refuse la sélection et la hausse des frais d’inscription », explique Gurval, 21 ans, étudiant en sciences de l’éducation.

A Bordeaux, c’est le seul campus à mener cette action. « Ici, à Bordeaux 2 (Université de Bordeaux, NDLR), la présidence est favorable à cette réforme, et la plupart des profs aussi », affirme Emile.

Une assemble générale est annoncée pour 10h30. Elle déterminera les suites des événements : blocage prolongé ? Manifestation ? « On invite tout le monde à s’exprimer, même ceux qui sont pour la réforme, on veut créer un débat ». Sur la place de la Victoire, plusieurs policiers surveillent.

Dès 7h, l’entrée principale, les quatre entrées latérales et l’entrée arrière étaient bloquées. Un peu plus tard, des élèves découvrent le blocage. (AJ/Rue89 Bordeaux)

Débat parmi les étudiants

A 8h30, heure du début des cours, les premiers élèves se voient empêchés d’aller en cours. La majorité découvre le blocage. Certains, comme Nour, approuvent.

« C’est embêtant car on a beaucoup de projets à rendre, mais on les soutient car s’ils n’étaient pas là personne ne ferait bouger les choses ! »

Manon, 20 ans, a un discours plus nuancé.

« Sur le fond je suis d’accord, il faut combattre cette réforme. Mais sur la forme je ne sais pas si c’est vraiment efficace, il aurait fallu s’inscrire dans une démarche nationale, et surtout, demander leurs avis aux étudiants. La plupart d’entre nous n’étions pas au courant qu’il n’y aurait pas cours, ça a été mal relayé. »

Les banderoles ont été déroulées tôt ce jeudi matin (AJ/ Rue89 Bordeaux)

Bien que le blocage ait fait l’objet d’un événement Facebook, les étudiants accusent le coup. Dans le groupe d’étudiants refoulés qui s’est formé aux abords de l’Université, la majorité n’était pas informée.

« Je ne me sens pas concerné, je suis déjà à l’université et je ne connais pas la réforme. Mais ça m’arrange car je n’avais pas fait mes devoirs », raconte Valentin.

« Beaucoup râlent car ils se sont levés pour rien », explique une enseignante. Avec son collègue, ils s’impatientent.

« On a des cours à donner, c’est très compliqué de les déplacer, c’est embêtant pour les élèves qui doivent passer leurs examens bientôt », souffle-t-elle. Un autre professeur souligne un mode d’action « un peu brutal, c’est dommage d’en arriver là, une cinquantaine d’étudiants en pénalisent des milliers ».

Des revendications

A 9h, les abords de l’Université se sont vidés des élèves ayant décidé de rentrer chez eux. Reste le noyau dur. Une petite cinquantaine qui scande des slogans : « Tout le monde déteste la sélection », « faire barrage à Macron ». Un petit groupe lance des « Tout le monde déteste la police » qui devient « La police déteste tout le monde ».

L’assemblée générale de 10h30 rassemble une centaine de participants. Explication de la loi et débats animent la réunion, alors que tous s’interrogent sur les suites à donner à leur mobilisation. « On est plus nombreux que les députés qui ont voté la loi Vidal » glisse Nathan, un étudiant de Bordeaux Montaigne venu en renfort.

Après un vote, la décision est prise : ils iront à 14h porter leurs revendications (non-application de la loi localement, non prise en compte des absences lors des journées de mobilisation, retrait de Parcoursup) au Conseil d’administration de la direction de l’Université. En attendant, les étudiants enlèvent barrières, poubelles et autres objets qui bloquaient les entrées.

La mobilisation se terminera sur un toit. Au campus de Carreire, les portes du Conseil d’administration sont fermées. « On s’est installés sur un toit à proximité du bâtiment, pour tenter de nous faire entendre, raconte Gurval. Quand on est redescendus, les policiers nous ont fouillé et contrôlé. Ils ont pris des photos de nos cartes d’identité et des personnes qui n’avaient pas leurs papiers sur eux. »

En attendant les 15 et 22 mars, journées de mobilisation nationale, les étudiants prévoient d’occuper les amphis de la fac, pour informer et sensibiliser leurs camarades de classes aux enjeux de la loi. Une nouvelle assemblée générale prévue demain doit permettre d’organiser la suite de leur action.


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