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Les nouvelles poussées pour faire démarrer le BHNS Bordeaux – Saint-Aubin

Après la suspension de la déclaration d’utilité publique du projet de Bus à haut niveau de service Bordeaux – Saint-Aubin-de-Médoc, et le pourvoi en cassation par Bordeaux Métropole auprès du conseil d’État, une réunion publique a présenté ce lundi des améliorations apportées au projet. Pour une partie de l’assemblée, le BHNS a toujours du mal à convaincre.

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Les nouvelles poussées pour faire démarrer le BHNS Bordeaux – Saint-Aubin


Ce n’est pas une réunion de concertation comme les autres qui se tient ce lundi à la salle des Conférences du Lycée Camille-Julian. Celle-ci est censée montrer la bonne volonté des collectivités pour apporter des améliorations au projet de Bus à haut niveau de service (BHNS) entre Bordeaux Gare Saint-Jean et Saint-Aubin-du-Médoc.

Le sujet est sensible et si de nombreuses opinions favorables sont exprimées par les riverains, d’autres ont affuté leurs arguments – problèmes de vibrations, les places de stationnements, sens de circulation… – pour torpiller le bus, faisant sortir Laurence Dessertine de ses gonds. La maire-adjointe du quartier Bordeaux centre finit par lâcher excédée :

« Vous êtes contre tout, même contre l’aménagement de la place Gambetta. Il y a un moment où je ne sais plus quoi faire, moi. »

« Démission, démission, démission… », s’emportent les anti-BHNS face à l’élue, bien seule sur ce coup – son binôme sur le sujet, Michel Labardin, maire de Gradignan et vice-président de Bordeaux Métropole chargé des Transports de demain, était excusé.

La déclaration d’utilité publique en rade

Récapitulons. Après une enquête publique au printemps 2017 et un rapport positif, le préfet valide le projet de BHNS Bordeaux Gare Saint-Jean – Saint-Aubin-du-Médoc le 2 août 2017. Le bus est annoncé pour fin 2019 et promet de desservir 100 000 personnes du cadran nord-ouest de l’agglomération et de retirer des routes 5000 voitures par jour.

En octobre, le tribunal administratif casse la déclaration d’utilité publique du BHNS suite à un recours de l’association Bordeaux à Cœur. Le tribunal soulève de nombreuses questions : Quelle est la pertinence des changements de sens de circulation ? Quelles mesures effectuées pour identifier l’impact des vibrations de ces bus imposants ? Quelles sont les mesures prises pour compenser les pertes de places de stationnement ?

Dans les 15 jours qui suivent, comme le stipule la loi, Bordeaux Métropole, convaincue de l’intérêt général de cette opération, décide de se pourvoir en cassation auprès du Conseil d’Etat, dont la décision est attendue entre juin et octobre 2018.

A moins que le tribunal administratif ne se prononce en faveur du BHNS sur le fond de la procédure suspendue en référé, ce qui annulerait la procédure du Conseil d’état et accélérerait drôlement les choses.

Ce lundi, plus d’une centaine de personne assistait à la réunion de concertation sur le BHNS Bordeaux – Saint-Aubin (WS/Rue89 Bordeaux)

La Métropole met le paquet

Le BHNS, dont 50% du trajet sera en site propre, offre un niveau de service identiques à celui du tramway : stations espacées de 500 mètres pour améliorer le temps de parcours (au lieu de 250 initialement), distributeurs de titres de transport sur les quais des stations, montée et descente par toutes les portes pour améliorer les échanges passagers. Mais aussi, et ce sont des plus comparé au tramway, une souplesse d’usage qui permet de continuer le service en cas de panne puisque les suivants peuvent doubler, et un coût de construction inférieur au kilomètre…

Malgré ses atouts, le nouveau bus a besoin de convaincre ses opposants et les associations présentes à la réunion : Bordeaux à cœur et Trans’Cub.

Pour ce faire, la Métropole avait mis le paquet : 44 réunions publiques, 100 réunions individuelles, des ateliers de travail réunissant en tout 150 participants, pour aboutir à une trentaine de proposition, développées ce lundi devant une bonne centaine de riverains dans une salle pleine à craquer.

Le 100% électrique peut attendre

Un premier point est fait sur le matériel roulant. Les interrogations portent sur sa taille et sa motorisation. Même si l’objectif est le 100% électrique, impossible dans l’immédiat de savoir quand sera mise en une place une ligne adaptée, nécessitant le chargement électrique des bus durant leurs arrêts aux stations (« biberonnage »).

Il faudra dans un premier temps se contenter de bus au gaz et, alors que le projet initial prévoit des bus de 18 et de 24 mètres de long, d’un petit modèle pour les premières dessertes. Mais que l’on se rassure, ajoutent les représentants de la Métropole, « l’argent public ne sera pas gaspillé ». Ces bus au GNV seront utilisés à la place de bus plus anciens sur d’autres lignes.

La collectivité promet en outre des évaluations de l’impact des vibrations et leurs corrections au besoin, en particulier sur le patrimoine (dont la basilique Saint-Seurin), un meilleur contrôle des vitesses des bus, et une synchronisation des feux pour permettre aux BHNS de toujours passer au vert.

Plus de stationnement et épicerie fine

Pour pallier à la suppression de 72 places de stationnement, une batterie de propositions est déployée, certaines relevant de l’épicerie fine : 50 places sont négociées dans le parking de la cité administrative pour les mettre à la disposition des riverains entre 18h et 8h, la même démarche est entreprises pour profiter d’autres parkings comme celui du Crédit agricole boulevard Wilson ou de la DRAAF rue Kiéser.

Il sera également possible de se garer devant les 150 bateaux potentiels (trottoirs aménagés devant les accès aux garages), et la taille de certains trottoirs sera réduite – « pas moins d’1m40 », assure Laurence Dessertine – pour créer quelques 79 places de stationnement (rue de la Renaissance, Colmar, Bel orme, Toulon…).

Si on ajoute le projet de parking à étage cours Marc-Nouaux qui offrira 54 places (pour un coût de réalisation de 4 millions d’euros), le nombre total de places de stationnement créées s’élève miraculeusement à 370, soit 300 de plus qu’actuellement.

Le vélo est aussi attendu pour réduire l’usage de la voiture : 270 arceaux seront installés côté Bordeaux et les zones à 30 km/h vont se multiplier pour permettre de partager les voies, même à contre-sens.

A l’arrivée, malgré autant de bonne volonté et un budget qui ne cesse de croître (sans être tout à fait estimé), le projet du BHNS ne roule pas encore comme sur des roulettes.


#transports

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