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Y a-t-il un espoir pour le Squid malgré la notification d’expulsion ?

Squat devenu centre social autogéré, le Squid a reçu la notification d’un jugement d’expulsion émanant du tribunal d’instance de Bordeaux. La douzaine d’habitants doit quitter l’immeuble d’ici deux mois à compter du 13 avril… sauf si une convention d’occupation précaire est délivrée entretemps.

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Y a-t-il un espoir pour le Squid malgré la notification d’expulsion ?

14 juin. La date de l’évacuation est tombée au 10 rue Charles-Domercq, où une douzaine d’habitants occupe le Squid, l’immeuble de Bordeaux Métropole transformé en centre social autogéré.

Ce vendredi 13 avril, l’huissier de justice apporte la décision du juge. Une pile de papiers que Juliette Roger, une habitante, réceptionne à contrecœur mais sans perdre espoir.

Les habitants du Squid échangent avec l’huissier (TO/Rue89Bordeaux)

« Un lieu plein de sens »

Bébert est un habitué des marches de la porte d’entrée avant que le Squid ne s’y installe. Bien qu’il regrette la disparition cette « belle initiative », il échange avec l’huissier rires et café. A ce dernier, un habitant demande des nouvelles de la naissance du petit-fils. Tout le monde se connaît depuis quelques mois.

« C’est juste une étape pour nous, rappelle Juliette. On a décidé de continuer, de se battre jusqu’au bout. Signer ces papiers est un crève-cœur, mais on n’a pas le choix. »

L’avocat du Squid, Romain Foucard, déconseille de faire appel. « Les juges d’expulsion peuvent être plus stricts, c’est quitte ou double » rapporte l’habitante. Durant l’audience au tribunal d’instance de Bordeaux, le 2 mars dernier, l’avocat avait défendu « un lieu plein de sens » et demandé un délai d’un an.

De nombreux arguments ont été émis : l’immeuble est de toute façon destiné à être démoli d’ici trois ans dans le cadre des aménagements Euratlantique, le Squid représente un appui pour des structures comme Médecins du monde… rien n’y a fait.

Vers une convention d’occupation précaire ?

La solution pour éviter l’évacuation, elle est attendue du côté du Centre communal d’action sociale de Bordeaux (CCAS) qui manifesté son enthousiasme quant au projet du Squid. Un bail précaire est évoqué. Il ne manque plus qu’une rencontre avec les élus du quartier, dont la venue devrait se faire prochainement.

Pour l’instant, seule Alexandra Siarri est venue à leur rencontre. L’adjointe au maire en charge de la cohésion sociale et territoriale a affirmé croire en leur projet de centre social alternatif. Contactée par Rue89 Bordeaux suite à la décision de justice, elle reconnaît, étant en congé, ne pas avoir connaissance du verdict et maintient son espoir d’une issue positive :

« C’est une procédure administrative qui émane d’un service qui s’est contenté de faire son travail. Rien n’empêche qu’une convention d’occupation précaire soit établie avant le 14 juin. Émilie Kuziew [maire adjoint du quartier Bordeaux Sud, NDLR] et Jean-Louis David [adjoint au maire chargé de la vie urbaine et de la coordination de la politique de proximité, NDLR] sont tous les deux favorables au maintien du projet avant la destruction du bâtiment. Nous ferons comme nous l’avions fait pour La Bagagerie. »

« Logement d’abord »

Si la convention est établie, le processus d’expulsion est suspendu. Dans le cas contraire, l’huissier constatera à la date butoir si la décision de justice a été respectée. Auquel cas, les forces de l’ordre peuvent intervenir dans les vingt-quatre heures qui suivent.

De leur côté, les occupants disent s’attendre « toujours au pire pour ne pas être surpris » :

« On se dit qu’on a deux mois, et qu’il faut que l’on soit prêt. Si jamais ce projet échoue, on ouvrira un autre bâtiment ailleurs et on continuera. Quand on s’installe dans un bâtiment, on commence à en chercher d’autres pour ne pas se retrouver démunis. On donne des avis d’expulsion mais pas d’accompagnement, ni de proposition de relogement. »

Par ailleurs, ils affirment que, depuis la notification d’expulsion, aucune collectivité ne s’est manifestée. Alors que Bordeaux Métropole et le Conseil départemental viennent d’être retenus comme territoires de mise en œuvre accélérée du plan Logement d’abord (voir encadré).

« La lourdeur administrative et les décisions mettent beaucoup de temps à se mettre en place. Si l’on veut ouvrir un lieu ailleurs, on sera peut-être plus rapides qu’eux », ironise Juliette.


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