Le projet du pont Simone-Veil prend-il l’eau ? En conférence de presse, jeudi 21 juin, Alain Juppé, président de Bordeaux Métropole, et Alain Fayat, directeur général du groupement d’entreprise portant son nom, ont annoncé la « mauvaise nouvelle ».
« J’ai le regret d’annoncer que les délais de mise en service du pont Simone-Veil ne seront pas tenus », a fait savoir le maire de Bordeaux.
À l’origine de ce report, une « divergence d’ordre technique et juridique » entre Bordeaux Métropole, maître d’ouvrage, et le groupe Fayat, qui a décroché le marché en 2017. Celle-ci concerne les conditions d’exécutions des batardeaux, sorte de barrages provisoires qui permettent de couler le béton dans la Garonne en vue de construire les piles du pont.
Selon le constructeur, la force du courant dans cette partie de la Garonne, couplée à la longueur du pont (549 mètres), peuvent entraîner un risque d’érosion des sols. Fayat préconise ainsi de renforcer les batardeaux par la pose d’enrochement, qui permettrait selon lui de réaliser les piles en toute sécurité.
Mais ces protections supplémentaires représentent un surcoût, à hauteur de 18 millions d’euros, contre une facture initiale établie à 70 millions d’euros hors taxe.
Vers un recours à l’amiable ?
« Cette divergence aboutit à une demande reconventionnelle en matière de prix et de délai que nous ne pouvons accepter en l’état actuel des choses », martèle Alain Juppé.
En effet, le retard de livraison et le surcoût ont suffi à la Métropole pour saisir le tribunal administratif de Bordeaux, chargé de désigner un expert en vue de recourir à une médiation. D’autant plus que le bureau d’étude Egis, qui assiste la Métropole sur le chantier, est en désaccord avec l’analyse du groupe Fayat sur la question des batardeaux.
Cette expertise devrait durer 6 mois et apporter ses conclusions fin 2018. Dans tous les cas de figure, la mise en service du pont Simone-Veil accusera un retard d’un à trois ans. Soit une livraison entre 2021 et 2023…
Si le groupe Fayat risque, dans le pire des cas, de perdre l’attribution du marché, son directeur général relativise. Selon lui, cette médiation est « un moindre mal », qui va permettre en un court délai de « déterminer les responsabilités et renforcer techniquement » la réalisation de l’ouvrage.
Mauvais timing
Le maire de Bordeaux est quant à lui soucieux du devenir de la piétonisation du pont de Pierre, effective depuis le 1er août 2017.
« J’ai bien conscience que cela arrive à un très mauvais moment, les conditions de circulation dans l’agglomération étant particulièrement difficiles »
Un comité de pilotage se réunira le 5 juillet pour entendre les arguments des uns et des autres. Alain Juppé assure par ailleurs que les travaux dans le périmètre du pont Simone-Veil, sur les rives gauche et droite, se poursuivront.
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