[A lire sur le site de Mediapart] Le site d’information indépendant révèle dans un article paru le 27 juin 2018 un « conflit d’intérêt grand cru » à l’Elysée. Dans le viseur : Audrey Bourolleau. L’ex directrice des Côtes de Bordeaux entre 2010 et 2012, a été déléguée générale de Vin & Société de 2012 à mai 2017, avant de devenir conseillère « agriculture, pêche, forêt et développement rural » auprès du chef de l’État.
Le gouvernement a pour la première fois sollicité la filière viticole, ainsi que les distributeurs de bières ou de spiritueux, pour la rédaction d’un rapport public sur la prévention contre l’abus d’alcool. Parmi eux, ladite association Vin & Société, officiellement reconnue comme un lobby « représentant 500 000 acteurs » la filière viticole.
Le rôle d’Audrey Bourolleau dans le dossier est surprenant : la conseillère est chargée de piloter ce plan, bien qu’elle a dirigé une des associations rédactrices du rapport. Plus grave, Mediapart affirme qu’Audrey Bourolleau est depuis un an « en première ligne sur les questions viticoles sans jamais se déporter, ni même songer à le faire ».
Conflit d’intérêt ? Non, « un fantasme de journaliste »
Ce sujet divise au sein même du gouvernement. Agnès Buzyn, ministre de la Santé, a régulièrement éprouvé son mécontentement, notamment lorsque le gouvernement avait souhaité assouplir la loi Evin, qui encadre la publicité pour le vin.
Y-a-t-il pour autant conflit d’intérêt ou pas ? Pour l’association Vin & Société interrogée par Mediapart, c’est « un fantasme de journaliste ». Depuis l’affaire Cahuzac et la création de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), celle-ci oblige tout conseiller ministériel à transmettre ses déclarations d’intérêts, qui font état entre autre des activités professionnelles passées. Si celles-ci altèrent ou peuvent altérer les prises de décision en lien avec la fonction exercée par le/la concerné(e), alors il y a conflit d’intérêt.
Or cette situation pourrait bien concerner Audrey Bourolleau. Pour sa défense, le secrétariat général de l’Élysée explique que «Vin & Société n’est pas une structure de représentation d’un intérêt particulier [mais] une structure associative non lucrative qui concerne l’ensemble du secteur viti-vinicole. » Défendre les intérêts d’une filière justifierait donc la légalité de l’initiative. Pour rappel, Vin & Société est inscrit au répertoire des représentants d’intérêts de la HATVP…
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