Dans un communiqué commun, les présidents des départements de Haute-Garonne, de Gironde, de Loire-Atlantique, des Alpes-Maritimes et du Nord ont rappelé ce mardi leur « opposition ferme » au modèle lyonnais, « projet qui signerait la disparition programmée de [leurs] départements et à terme celle des communes concernées par les métropoles ».
Lundi, Emmanuel Macron a reçu à l’Élysée les cinq présidents des plus grandes métropoles françaises (Nice, Nantes, Bordeaux, Toulouse et Lille), dont Alain Juppé. Le président de la République souhaite fusionner les instances départementales et métropolitaines, comme l’ont déjà fait Lyon et le département du Rhône.
Il veut pour cela à obtenir l’adhésion des maires des territoires concernés et du Sénat, avant l’éventuelle adoption d’une loi, qui intègrerait l’élection du président de métropole au suffrage universel. En revanche, Emmanuel Macron n’entend manifestement pas discuter avec les conseils départementaux concernés, s’étranglent leurs présidents :
« Alors que, par courrier du 10 septembre, nous avons explicité notre position et sollicité un rendez-vous auprès de l’Elysée sur cette question, nous sommes totalement exclus de discussions qui engagent l’avenir des territoires périurbains et ruraux, et de 8 millions d’habitants. »
Les cinq dirigeants de conseils départementaux appellent le Président « à réunir rapidement l’ensemble des acteurs concernés autour de la table des discussions ».
Singularité nantaise, prudence bordelaise
Présidente de Nantes Métropole, Johanna Rolland – seule élue de gauche parmi les 5 convives à l’Elysée -, a annoncé à l’issue de la réunion qu’elle ne participerait pas à la suite de la démarche.
Projet de fusion Métropole-Département : Nantes ne participera pas à la suite de la démarche. Je veux faire entendre la singularité nantaise. pic.twitter.com/405a3LVkE4
— Johanna Rolland (@Johanna_Rolland) 1 octobre 2018
Interrogé ce mercredi par Sud Ouest, Alain Juppé explique qu’il n’y est pas hostile, afin de « simplifier l’organisation territoriale » et « dynamiser encore plus les métropoles ».
Affirmant toutefois qu’il n’a « rien demandé », le président de Bordeaux Métropole pose des conditions. Il exige le paiement par l’État de ce qu’il doit aux départements sur le RSA et les prestations sociales, afin que les métropoles n’héritent pas de cette dette.
Les partisans de la fusion estiment qu’elle permettrait de mieux coordonner les politiques publiques en évitant les doublons et en réunissant les compétences éclatées entre département et ville, comme la politique sociale.
Maire de Pessac, et proche d’Alain Juppé, Franck Raynal s’est dit par exemple, lors de sa conférence de presse de rentrée, « un inconditionnel » de la fusion :
« Le citoyen connaît la commune, mais ne sait pas à quoi sert le département. On a des problèmes de coordination des CCAS (centres communaux d’action sociale) avec les MDSI (maisons départementales de la solidarité et de l’insertion). Ils seraient légitimes à gérer la totalité du social, en reprenant les missions des départements. »
Modèle alternatif
Pour les départements, au contraire, un tel rapprochement pourrait « accentuer davantage les fractures territoriales qui affaiblissent notre pays, fragilisent le tissu social et alimentent la montée des extrêmes ».
« Face aux défis écologiques, économiques et démocratiques, nous devons promouvoir les coopérations et les mutualisations plutôt que la concentration et les fusions déconnectées des territoires », estiment les 5 présidents de conseils départementaux.
Ils proposent « de définir un modèle alternatif fondé sur la complémentarité et la coopération entre le Département et la Métropole », et « préservant la solidarité envers les territoires les plus fragiles ». Une voie dans laquelle « la Métropole de Nantes souhaite s’engager ».
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