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Avant la trêve hivernale, expulsions et coupures d’électricité à la Cité Thorez à Bègles

Après l’expulsion de la famille Tocilla et la menace d’expulsion qui pèse sur la famille de Drita Kurtsmajlaj, les Albanais semblent particulièrement touchés par ces décisions préfectorales. La Cité Thorez en connaît un nouvel épisode.

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Avant la trêve hivernale, expulsions et coupures d’électricité à la Cité Thorez à Bègles

La trêve hivernale débute ce jeudi 1er novembre. Avec elle, Dominique Belougne espère mettre fin au décompte terrible qu’il tient parmi ses voisins d’immeubles.

Mardi 26 octobre, un couple kosovar et une famille albanaise avec un enfant quittaient les appartements de sa Cité Thorez de Bègles. Le vendredi suivant, il assistait impuissant au départ, de la tour F où il vit, de deux parents et leur fille de 15 ans scolarisée.

Deux habitants en moins par jour

Trois jours plus tard, lundi dernier, un couple avec enfants devaient quitter les lieux. En même temps, dans le bâtiment C, quatre personnes âgées, un couple parent de trois enfants de 8 à 18 ans étaient expulsés. Dix neufs habitants en moins de dix jours. Et ce mardi, alors que l’automne prenait place, ce sont les compteurs électriques Linky qui ont été retirés pour des logements concernés par des avis d’expulsions. L’un des habitants s’agace :

« Pourquoi font-ils ça ? Sortir les compteurs c’est pas normal. Il a menacé de couper l’eau. Pourquoi ? Il y a 5 ans que je suis en France. Je n’ai pas le droit de travailler, pas le droit de me loger. Je veux une solution pour toute la famille. »

Vilogia, bailleur social privé de la cité, renvoie vers Enedis qui aurait constaté des branchements sauvages et aurait procéder au retrait des compteurs. « Du pipeau » pour Dominique Belougne qui estime que « c’est maintenant que les branchements sauvages vont être mis en place. »

L’habitant albanais, lui, s’inquiète pour son épouse et ses trois enfants de 18 à 4 ans dont les deux derniers se sentent bien plus Français qu’Albanais. Il reprend :

« Si je vais dehors, je fais quoi ? Je vole, je tue ? Je ne fais pas de bêtises. Je veux payer comme tout le monde. Je veux travailler et aider. A Pau, j’ai aidé le 115. Ici, ça va faire un an que j’aide le Secours Populaire. »

Ce n’est pas la première crise de la sorte dans la Cité Thorez. Il y a un an, les habitants et militants avaient obtenu grâce à un moratoire un peu de sérénité : aucune expulsion durant la trêve hivernale mais aussi tant que les enfants sont scolarisés. Fin août dernier, une première série d’expulsions débutait. Des travaux de réhabilitation seraient prévus – peut-être pour l’année prochaine.

Dominique Belougne, porte-parole des habitants de la Cité Thorez à Bègles (XR/Rue89 Bordeaux)

Table ronde

Les familles ou les personnes seules ont été déboutées du droit d’asile. Le tribunal a suivi et a demandé l’expulsion locative. Les différentes procédures de recours – quand elles existent – ne sont pas suspensives.

Habitant depuis 32 ans la Tour F, Dominique Belougne, assistant-ingénieur informatique à l’Université de Bordeaux et militant communiste, est devenu porte-parole de ces familles expulsées ou menacées d’expulsions au sein de la cité populaire. Suite aux récents évènements, il a incité les habitants à se rassembler ce mercredi après-midi dans le centre de Bègles.

Ses demandes tiennent en deux points : retirer les avis d’expulsions, rétablir l’électricité.

Il demande aussi d’organiser une table ronde « pour mettre en place un dispositif voisin de celui du centre d’accueil des demandeurs d’asile (Cada) qui permettrait de régulariser la situation des familles Albanaises notamment qui ont été victimes des marchands de sommeil et qui en toute bonne foi ont occupé des logements sur la Cité Thorez » plaide-t-il.

Il veut réunir la mairie de Bègles, le département, la préfecture, et Vilogia – devenu propriétaire de la cité en 2013 sous l’ère Mamère et lié à un groupe de fonds d’inverstissements IRD. Bien que l’idée soit soutenue par la mairie et le département, elle traine depuis plus de deux mois faute d’accords des deux acteurs principaux.

Humanité

En attendant, entouré par des élus municipaux et départementaux et l’association RESF, Dominique Belougne conduit sous la pluie durant l’après-midi les familles à la maison départementale de la solidarité et de l’insertion (MDSI) puis au Centre communal d’action sociale (CCAS) de Bègles pour que leur situation en grande précarité puisse être améliorée.

Il ajoute une question politique : « Est-ce que l’état français et ses représentants vont permettre l’accueil de ces personnes ? »

Depuis environ deux ans, en effet, des logements sont restés vides plusieurs mois rappelait-il sur la radio la Clé des Ondes en septembre dernier. Des marchands de sommeil « ont pu en profiter » pour loger plus d’une trentaine de familles albanaises qui pensaient être installées dans des conditions normales.

« Avant que les migrants n’occupent une partie de la tour, plus de 50% des appartements étaient vides. J’avais l’impression de vivre dans une tour fantôme. Depuis que les familles albanaises sont arrivées, j’entends des cris de joies d’enfants, on peut discuter. C’est la vie et l’espoir. C’est s’enrichir des migrations. »

Un point de vue partagé sur sa pétition par plus de 600 signataires en moins de 48 heures. Après l’expulsion de la famille Tocilla ou les tentatives pour faire de même avec la famille de Drita Kurtsmajlaj, il semble de plus en plus net pour les associatifs que les Albanais sont particulièrement visés par la préfecture, qui n’a pas souhaité communiquer sur ces opérations.


#Bègles

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