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Des analyses confirment que le château Lafon-Rochet n’a jamais tenté une conversion en bio

Un collectif d’associations anti-pesticides apporte la preuve que des résidus de pesticides dangereux ont été retrouvés dans les millésimes 2013, 2014 et 2015 du château Lafon-Rochet. En octobre dernier, son propriétaire avait fait une annonce déroutante, déclarant vouloir arrêter le bio, « trop polluant », dix ans après s’être lancé. 

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Des analyses confirment que le château Lafon-Rochet n’a jamais tenté une conversion en bio

Le buzz a-t-il mal tourné ? En octobre dernier, Basile Tesseron, propriétaire du château Lafon-Rochet dans le Médoc, fait une annonce fracassante à la Revue des Vins de France : « On arrête la conduite en bio de Lafon-Rochet […] Le bio n’est pas tenable à Bordeaux. »

Petit problème, ce grand cru classé de l’appellation Saint-Estèphe « n’a jamais été certifié bio » comme l’atteste un communiqué de la Fédération régionale de l’agriculture biologique de la Nouvelle-Aquitaine le mois suivant, « ni même en conversion vers la bio ». Une autre revue spécialisée, Terres des vins, assurait pourtant que le château « avait mené des essais en bio et biodynamie, accentués en 2015, et couronnés par une conversion de la totalité des 40 ha de vignoble en 2016 » ; année que le propriétaire qualifie d’ « une des plus belles bouteilles qu’on ait jamais produites ».

Ce mercredi, un collectif d’associations enfonce le clou. Alerte pesticides Haute Gironde, Alerte aux toxiques, Collectif Info Médoc pesticides, ont fait analyser les millésimes 2013, 2014 et 2015, le 2016 n’étant pas disponible, précise le collectif. Des résidus de pesticides ont été retrouvés, tous autorisés certes, mais loin d’une démarche bio. Dans un communiqué, ils concluent :

« On retrouve, sur tous les millésimes, des résidus de Folpel classé CMR [cancérogène, mutagène, reprotoxique, NDLR], de Phtalimide (métabolite du Folpel), de Boscalid, du Fenhexamide et de Pyriméthanil. Ces produits sont détectés à des doses qui ne peuvent pas résulter d’une dérive du voisinage […]. Au contraire, la régularité remarquable de leur présence tout au long des millésimes, indique qu’il s’agit bien d’une stratégie phytosanitaire volontaire. »

Mise sous surveillance de la filière

Rue89 Bordeaux a tenté de joindre Basile Tesseron pour connaître sa réaction à ces analyses réalisées par un laboratoire œnologie reconnu, Dubernet. Il n’a pas répondu à nos sollicitations et a fait savoir qu’un communiqué de presse était en préparation. Mais selon nos sources, il est « le premier à regretter » le résultat des analyses. Pour l’expliquer, il se demande s’il s’agit « des résidus de produits anciennement utilisés » ou « des barriques réutilisées ».

Basile Tesseron, qualifié de « pionnier de la bio en Gironde » par Vitisphère même s’il dément aujourd’hui avoir évoqué une certification, reconnaît cependant avoir eu « tort » de donner « ouvertement » son avis sur les pratiques bio bien qu’elles lui semblent non satisfaisantes. Il parle de propos « en partie déformés par la presse ».

« Il y en a marre des menteurs et des baratineurs », réplique Valérie Murat, porte-parole d’Alerte pesticide. Pourquoi avoir procédé à ces analyses ?

« Pour la valeur de la preuve, il n’y a pas mieux que des analyses, répond la militante. C’est dans la continuité de ce que nous avions annoncé sur la mise sous surveillance de la filière viticole du bordelais. »

En janvier 2018, le collectif avait épinglé l’ancien président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux, Bernard Farges, qui avait annoncé en fanfare des engagements pour la sortie des pesticides. Seize molécules avaient été trouvés dans le millésime 2014 de son vin.


#pesticides

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