Une « tempête de broadcast » a balayé lundi soir toutes les lignes de tramway de la métropole, empêchant même les rames de circuler ce mardi matin. Rarissime, c’est la première fois qu’une telle panne intervient sur le réseau TBM, totalement paralysé. De quoi s’agit il ?
« Une boucle d’informations a généré la saturation des serveurs informatiques, à cause d’un problème de branchement à un endroit du réseau qu’on n’est pas arrivés à identifier, explique Hervé Lefèvre, directeur général de Keolis. Il a fallu vérifier tous les boitiers de jonction sur les 60 kilomètres de ligne pour trouver au cours de la nuit d’où venait la panne. »
Ce bug informatique avait atteint le poste de commande, installé au dépôt de la Bastide, rendant ce dernier « aveugle » : il s’est retrouvé incapable de contrôler l’énergie électrique utilisée sur le réseau de tram, de visualiser les rames qui y circulent, de contrôler la signalisation et les aiguillages… Même la communication vocale a été coupée. Pour des raisons de sécurité, le trafic a été totalement arrêté, les rames pouvant seulement rentrer au dépôt sans voyageur, à petite vitesse.
Retour à l’ordre
Ce mardi, la circulation devrait progressivement revenir à la normale, avec des trams circulant sur certains tronçons des lignes A et C. La ligne A reste cependant bloquée au niveau du pont de pierre par la manifestation lycéenne – et dont Alain Juppé, le maire de Bordeaux, a demandé l’évacuation. Dès lundi soir, des bus de substitution ont été mis en place le long des voies de tram, entre 11 et 15 selon les lignes, et avec une fréquence bien inférieure aux trams – entre 15 et 20 minutes.
« Ces bus ont été prélevés sur les lianes majeures et cela a donc dégradé l’ensemble de la desserte en bus », ajoute Hervé Lefèvre, qui « présente ses excuses auprès de tous les clients de TBM ».
Keolis et Bordeaux Métropole ont indiqué ce mardi que la pièce tombée en panne, un commutateur central, a été « reprogrammée » et sera remplacée – une commande a été passée à son fabricant, la société allemande Hirshmann. Elle datait pourtant seulement de 2010. Cela démontre-t-il la fragilité du réseau ?
« Il fonctionne depuis 15 ans, si il était mal conçu cela se saurait, répond Alain Juppé. Mais à force de l’étendre on va avoir des problèmes accrus. Il faut nous interroger sur les coût de maintenance du réseau, pas sur son extension. »
Extension du domaine de la lutte
Un problème que soulève toutefois ce mardi Vincent Feltesse. Dans un post sur Facebook ce mardi, l’ancien président de la CUB rappelle que « cette nouvelle panne succède à de nombreuses autres, singulièrement sur la ligne C et son extension vers Blanquerfort et sur la ligne B, vers le Campus ». Il faut aussi, selon l’élu socialiste bordelais, « se poser une question plus structurante » :
« Notre réseau va être le plus grand de France et il commence aussi à vieillir. N’est il pas grand temps de mieux l’entretenir et surtout d’arrêter de l’étendre sans fin ? Cela nous permettrait de nous concentrer sur un meilleur entretien et sur des maillons qui manquent type La Victoire/Gare. De plus, le tramway subit aussi un effet de saturation. (…) Il faut dès lors réfléchir à d’autres moyens, plus lourds. Deux options sont mises sur la table: le RER métropolitain et le métro. J’ai une nette préférence pour le 1er. Mais, les deux doivent être étudiées sérieusement et dans un horizon proche. »
Le débat de la desserte de la métropole devrait s’intensifier dans les prochains mois, avec les projets d’extension du tram vers Gradignan ou Saint-Médard-en-Jalles. Un texte devrait également être voté dans les mêmes termes par Bordeaux Métropole et la région Nouvelle-Aquitaine pour exiger de la SNCF qu’elle fasse circuler davantage de trains dans l’agglomération bordelaise.
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