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Pour Juppé, « il n’y a pas d’alternative » à la ligne de Macron

S’il récuse toute ambition personnelle et se retient d’intervenir franchement dans les joutes politiques nationales, Alain Juppé a réitéré son appel à la modération, et s’est engagé à organiser à Bordeaux le « grand débat » avec les gilets jaunes.

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Pour Juppé, « il n’y a pas d’alternative » à la ligne de Macron

Non, Alain Juppé ne se voit ni président de la Commission européenne, ni du Parlement européen, « ni pape », plaisante-t-il. Ce mercredi à l’hôtel de ville, lors de ses vœux à la presse, le maire de Bordeaux a réaffirmé qu’il n’était candidat à aucune fonction nationale ou internationale, écartant toutes les rumeurs le conduisant loin de la Gironde, à Bruxelles ou Strasbourg (ou Rome).

Pour ce qui est des municipales de 2020, il précise qu’il annoncera après les élections européennes, soit à la fin du mois de mai, s’il brigue un nouveau mandat, 25 ans après son accession au palais Rohan. Attendre l’issue du prochain scrutin lui donnera sans doute un baromètre sur l’humeur des Bordelais et la montée de la fièvre dégagiste.

S’il refuse d’expliciter les facteurs qui guideront sa décision, l’ex Premier ministre a cependant livré quelques indices. Se juge-t-il trop vieux ? Que nenni : Alain Juppé se dit « frappé par le nombre d’élus de plus de 75 ans (soit l’âge qui sera le sien en août 2020) aux Etats-Unis », à commencer par Nancy Pelosi, qui vient d’être réélue présidente de la Chambre des représentants à… 78 ans.

« Plein la gueule »

Usé ou fatigué ? Ces conditions là pourraient davantage peser. S’il s’est présenté devant les journalistes le bras droit raidi des suites d’une opération à l’épaule, Alain Juppé a surtout fait part d’une certaine lassitude, plus morale que physique. Il a ainsi évoqué sa « peur des haines recuites » véhiculées sur les réseaux sociaux, et des menaces guettant selon lui les libertés publique ou la démocratie représentative.

Mais, interrogé sur l’expérience qu’un homme d’État de sa trempe pourrait actuellement apporter, il souligne qu’il en prendrait « plein la gueule » s’il s’aventurait à donner des conseils de bonne gouvernance aux uns et aux autres.

Ce qui n’empêche le président de la métropole bordelaise de se poser en sage dans son village : il appelle à « la solidarité des territoires » (voir encadré ci-contre) et à « l’esprit bordelais de modération, malmené depuis plusieurs semaines ».

Alain Juppé la main dans le gilet (SB/Rue89 Bordeaux)

Des pavés au dialogue

Précisant que les gilets jaunes sont libres de manifester pour défendre leurs revendications, il affirme que « les voleurs, pilleurs, casseurs et vandales n’ont pas leur place dans la cité », et souhaite « la plus grande fermeté » à leur encontre. Car les dégâts sur le mobilier urbain ou les lignes de tram pourraient s’élever à plusieurs centaines de milliers d’euros, indique Alain Juppé, saluant au passage « le sens de la proportionnalité » des forces de l’ordre : à Bordeaux, les « gaz lacrymogènes ont répondu à des jets de pavé », selon lui.

« Nous ne pourrons sortir de cette situation que par le dialogue et le respect mutuel », martèle le maire de Bordeaux, qui a bien « l’intention d’organiser, en tous cas de faciliter » le grand débat national voulu par le gouvernement.

La municipalité a ainsi décidé d’installer dans ses mairies de quartier des « cahiers de doléances et d’espérance ». Alain Juppé se dit par ailleurs disposé à continuer à recevoir des délégations de gilets jaunes, ou de leur proposer des salles, comme il l’a fait en décembre…

Sur le fond, le maire de Bordeaux émet bien quelques réserves, déplorant par exemple « l’aggravation des inégalités et de la fracture sociale, que nous ne sommes pas arrivés à réduire » depuis 1995 date du slogan de Jacques Chirac, ou plaidant pour une réduction des écarts excessifs de revenus.

Mais Alain Juppé précise ensuite être favorable à une suppression totale de la taxe d’habitation, sans la maintenir pour les 20% les plus riches. Jugeant que les politiques menées sur l’éducation ou le marché du travail vont « dans le bon sens », il déploie une dialectique très macronienne (et une expression thatchérienne) :

« Des maladresses ont été commises c’est vrai. Mais il n’y pas d’alternative entre d’un coté l’ultragauche qui veut faire la Révolution et casser les institutions de la République et de l’autre l’ultradroite contre laquelle je fais une réaction allergique pour des raisons historiques et culturelles. »

Extrême-droite dont il a du mal à différencier désormais les discours de ceux de certains responsables Les Républicains, répond-il, interrogé sur le passage au Rassemblement national de certains de ses anciens camarades de l’UMP, Thierry Mariani et Jean-Paul Garraud, ex député de Gironde. Mais les soucis de son ancien parti, auquel Alain Juppé a cessé de cotiser voilà deux ans, ne l’affectent plus guère.


#commission nationale du débat public

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