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Des associations girondines lancent « l’appel de la rue » pour les sans-abris

Des associations girondines solidaires demandent aux institutions locales d’améliorer l’accueil d’hébergement et d’accompagnement des plus démunis en Gironde. Alors qu’un recensement gouvernementale relève sur le département une augmentation de 13% du nombre de personnes dans les « bidonvilles », les chiffres seraient bien plus élevés selon les associations.

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Des associations girondines lancent « l’appel de la rue » pour les sans-abris

« On voit de plus en plus souvent des personnes très vulnérables dépourvues de logement, comme des familles avec des enfants en bas âge. C’est assez inédit et notamment en période hivernale. Auparavant, ces personnes se voyaient proposer des solutions, même provisoires, de mise à l’abri. Aujourd’hui, elles restent sur le carreau. »

Morgan Garcia, coordinateur mission squat des Médecins du Monde, dresse un constat alarmant face à l’augmentation importante de personnes « à la rue ».

Face au « sous-dimensionnement des solutions de logements », son association signe, avec une vingtaine d’autres associations, une lettre ouverte adressée au préfet de la Gironde, au président du Conseil Départemental de la Gironde, et au président de Bordeaux Métropole. En ligne depuis deux jours, elle a déjà recueilli plus de 600 signatures.

Gironde, 4e département en augmentation de sans-abris

« Nous sommes quotidiennement débordés de demandes de mise à l’abri en ce début de période hivernale et nous sommes face à une impasse, alors même qu’à Bordeaux, 22 000 bâtiments sont vides selon le dernier recensement INSEE de 2015 dont plus d’une centaine appartient à la métropole. Combien de personnes sont aujourd’hui confrontées à des situations d’urgences cruciales alors que le 115 ne répond en moyenne qu’à 1 demande d’hébergement sur 5 ? » peut-on lire dans la lettre.

Le nombre croissant de populations vivantes dans des conditions précaires est bien connu par les pouvoirs publiques. Avec 13% d’augmentation en juillet 2018 par rapport à décembre 2017, la Gironde est le 4e département français parmi les plus concernés par la question des « bidonvilles » : « terrains, friches ou immeubles bâtis – publics ou privés, occupés de façon illégale et continue à des fins d’habitation par plusieurs ménages en France métropolitaine » selon une étude de la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (DIHAL).

La DIHAL estime que 1125 personnes sont réparties sur 103 sites (principalement à Bordeaux : 32 sites avec 374 personnes, et Bègles : 24 sites pour 388 personnes).

Les chiffres de la Dihal

Ecart de chiffres

Sur le terrain, les chiffres semblent bien plus importants. Maxime Ghesquière, président de Dynam’eau – association qui a pour objectif d’apporter une aide aux populations en difficultés dans les domaines de l’eau, de l’assainissement et de l’environnement –, évoque 1154 personnes recensées sur… 27 sites seulement, dont 280 enfants.

« L’objectif de notre inventaire établi avec Médecins du monde était de recenser les personnes qui n’ont pas accès à l’eau. Elles sont 546. Et 599 n’ont pas accès à des toilettes », abonde-t-il.

Cet écart avec les chiffres officiels s’explique, selon Morgan Garcia, par la méthodologie de recensement :

« La Dihal se base sur des chiffres fournis par la préfecture. Pour les établir, celle-ci demande aux forces de l’ordre de se rendre sur un site et de recenser les personnes présentes à l’instant T. Ils ne tiennent pas compte de ceux qui sont au travail ou des enfants qui sont à l’école. »

Réponse de la préfecture

Jointe par Rue89 Bordeaux à propos de la lettre ouverte, la préfecture de la Gironde n’a pas souhaité répondre directement aux pétitionnaires. Mais elle souligne qu’aujourd’hui 1700 places d’hébergement d’urgence sont actuellement ouvertes, dont 1400 à l’année, contre 1200 en 2017.

« Nous sommes allés au delà de ce qui avait été prévu en octobre, lorsqu’on prévoyait l’ouverture progressive de 260 places supplémentaires aux 1400 existantes, indique-t-on à la préfecture. Le taux d’occupation est actuellement de 95%, et des solutions d’hébergement sont systématiquement proposées aux familles avec enfants repérées lors des maraudes. »

Une explication peu convaincante pour Morgan Garcia :

« On ne peut pas considérer que les solutions soient dignes et efficaces. Qu’il y en ait plus que l’année dernière c’est une chose positive. Néanmoins, les flux sont connus et anticipés par les pouvoirs publics. Et force est de constater aujourd’hui que les places créées sont insuffisantes. Par ailleurs, dire que toutes les familles repérées se voient proposer une solution d’hébergement, c’est faux. »


#"Plus personne à la rue"

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