L’Insee vient d’apporter une réponse cinglante à ceux qui croiraient à la théorie du ruissellement, ou à celle d’un enrichissement de Bordeaux sur le dos des territoires voisins : malgré le boom économique et démographique indéniable de la ville ces dernières années, le nombre et la part de Bordelais pauvres progresse également.
En 5 ans, le taux de pauvreté est en effet passé de 16,5% de la population à 17,2% en 2015, soit 42950 personnes (contre 35 173 au précédent recensement) gagnant moins de 1015 euros par mois (soit 60% du revenu médian des Français). Contrairement aux idées reçues, Bordeaux n’est donc pas (qu’) »une ville de bourges ».
« Cela ne m’étonne absolument pas car 50% des logements que nous livrons actuellement sur Bordeaux sont sociaux, et 35% très sociaux, commente Alexandra Siarri, adjointe au maire en charge de la cohésion sociale. Donc chaque année, de nouvelles populations pauvres s’installent, c’est d’une logique implacable. Nous avons également de plus en plus d’étudiants, dont les revenus de leurs parents ne sont pas comptabilisés, et entrent donc dans les calculs de l’Insee comme étant en dessous du seuil de pauvreté. »
30% des Bordelais dans ce cas ont en effet moins de 30 ans, selon l’Insee, et 20% des habitants de la ville sont des étudiants. Alexandra Siarri relativise également la place de Bordeaux dans le panorama national, son taux de pauvreté plaçant la ville se plaçant au 75e rang des 100 plus grandes villes de France.
Inégalités dans la métropole
Ce chiffre de 17,2% est nettement supérieur à la moyenne de la France métropolitaine (15,3%), de la région (13,7%) comme à celui de la métropole bordelaise (14,1%).
Au sein de l’agglomération, les inégalités sont en effet flagrantes entre les communes. Les plus riches (Martignas-sur-Jalle ou Saint-Aubin-de-Médoc) plafonnent à 5% de pauvreté, tandis que cette dernière se concentre dans la ville centre et quelques communes de la rive droite – Lormont (29,3%), Cenon (27,2%), Floirac (20,5%), Bassens (17,6%) -, voire quelques quartiers. Le taux de pauvreté atteint en effet 39,8% dans les quartiers prioritaires de Bordeaux Métropole.
Si l’on excepte l’île de Ré, les écarts de richesse au sein de la métropole bordelaise sont les plus importants de la région Nouvelle-Aquitaine, souligne l’Insee :
« A Bordeaux Métropole, le niveau de vie plancher des 20% des personnes les plus aisées est 4,5 fois supérieur au revenu plafond des 20 % les plus modestes, entre 4,3 et 4,4 à Pau Béarn Pyrénées, Limoges Métropole ou dans la communauté d’agglomération du Bassin d’Arcachon Sud-Pôle Atlantique. »
Selon l’étude rendue publique ce mardi par l’institut de statistiques public « la Gironde abrite la plus grande population pauvre de la région (près de 200 000 personnes) : l’intensité de la pauvreté, comme les inégalités de revenus, y sont très marquées ».
Le revenu mensuel médian des Girondins pauvres est de 815 euros, et le taux de pauvreté particulièrement élevé à La Réole (28,1%), Castillon-la-Bataille (33,8%), Libourne (19,8%) ou Lesparre (23,4%). Ce qui explique en grande partie la vigueur du mouvement des Gilets jaunes dans le département.
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