Depuis ce mardi 15 janvier, les huit mairies de secteur de Bordeaux ont mis sur la table « les cahiers de doléances et d’espérances », comme l’avait annoncé Alain Juppé lors des voeux à la presse.
Accessibles dans le bureau de chacun des huit maires-adjoints, il est désormais possible d’y écrire ses revendications et propositions pendant les horaires d’ouverture. Dans un souci de « confidentialité » et afin que « les coordonnées ou récits des contributeurs ne soient pas divulgués ou pris en photo » la mairie de Bordeaux a fait le choix de ne pas laisser ces cahiers consultables en libre accès.
La première journée a été plutôt timide dans les mairies de proximité avec 5 à 6 participations chacune, mais en ligne déjà 120 contributions ont été comptabilisées, sur de nombreux sujets, même locaux, indique la Ville. A noter qu’il est également possible d’envoyer sa participation directement par voie postale ou par e-mail.
Super-pouvoir d’achat
Chaque mairie ayant son propre fonctionnement, à Pessac, le registre est librement accessible dans le hall de l’Hôtel de Ville. Aucun espace d’expression n’a en revanche été créé sur le site internet. Depuis le 9 janvier, une trentaine de participants ont contribué, essentiellement des retraités ou des personnes sans emploi.
Les inquiétudes sont nombreuses, mais les principaux sujets évoqués restent le pouvoir d’achat et de la fiscalité, évoqués dans tous les écrits. De manière générale, les citoyens pessacais souhaitent moins de taxes, avec notamment une diminution de la TVA. Mais beaucoup plaident pour le retour de l’ISF (impôt de solidarité sur la fortune), et certains pour la taxation des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon). Nombreux sont ceux qui réclament une « lutte contre l’évasion fiscale ».
D’autres demandent une hausse du SMIC plutôt qu’une prime exceptionnelle. Le « retour de l’APL » (en fait, le montant des aides au logement a simplement été raboté de 5 euros, NDLR) est réclamé, avec une attention particulière aux faibles revenus et aux étudiants. Des retraités appellent à « une revalorisation de leur pouvoir d’achat » par « une baisse de la CSG » voire une suppression pour les plus modestes.
Réformes tous azimuts
Plusieurs militent pour une réorganisation politique – « limitation des mandats », « diminution du nombre de députés et sénateurs », prise en compte des votes blancs ou nuls et aussi plus de concertation via le RIC (référendum d’initiative citoyenne). Quelques uns suggèrent une dissolution de l’Assemblée Nationale, voire une nouvelle constitution.
D’autres sujets apparaissent – retour aux 90km/h sur les routes secondaires et « la taxation des sociétés d’autoroutes » pour financer la sécurité routière ; « limitation de l’immigration » ; « moins de laxisme » envers « ceux qui ne respectent pas les lois » ; « obligation de travailler au moins 2 ans en milieu rural, pour les médecins généralistes en début de carrière », afin d’éviter les déserts médicaux.
L’écologie est peu évoquée, en dehors d’un appel à « l’organisation de journées citoyennes pour nettoyer des endroits pollués » et d’un autre en faveur de la lutte contre la précarité énergétique.
Pessimisme
Dans différentes notes, des citoyens saluent le fait « qu’on leur demande leur avis », « pour une fois ». Mais nombreux sont ceux qui restent sceptiques :
« Je ne me fait pas d’illusion sur la suite qui sera donnée à ces doléances » ; « je doute que Monsieur Macron voit un jour ces mots », peut-on par exemple lire.
Certaines personnes que Rue89 Bordeaux a rencontré en mairies craignent l’inefficacité de la démarche :
« Ce sont des foutaises qui ne calmeront pas les gilets jaunes, ils ne parlent pas la même langue que le gouvernement », affirment deux d’entre elles.
« Sur les grandes lignes qui dérangent rien ne changera, mais sur des petits détails peut être que des choses seront faites pour faire plaisir au peuple », pense une autre.
D’autres sont plus optimistes :
« Il faut le faire pour que les choses bougent » ; « Je participerai en espérant que ce que l’on dit soit pris en compte et que cela change »
Dans le département, cette consultation sera chapeautée par Thierry Suquet, secrétaire général de la préfecture de Gironde. Nommé référent par le préfet, les cahiers de doléances girondins lui seront retournés mi-mars.
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