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« On a déjà gagné » : une semaine d’actions des Gilets jaunes à Bordeaux

Ce samedi, l’acte 10 a encore rassemblés des milliers de personnes dans le centre ville de Bordeaux. Qu’importent la lettre aux Français et le grand débat proposé par Emmanuel Macron. Les Gilets jaunes, toujours déterminés, multiplient les actions pour se faire entendre du sommet de l’État. De la veillée pour Olivier devant le CHU à la marche des femmes, petit récapitulatif des actions de la semaine.

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« On a déjà gagné » : une semaine d’actions des Gilets jaunes à Bordeaux

La veillée pour Olivier devant le CHU, premier rond-point occupé de Bordeaux

Le campement du rond-point du CHU, vendredi soir (BG/Rue89 Bordeaux)

Après l’acte 9, samedi 12 janvier, les images montrant ce Gilet jaune face contre le sol puis ses blessures à la tête ont ému et révolté beaucoup de manifestants et sympathisants. Souffrant d’une hémorragie cérébrale, il était opéré en urgence au CHU de Pellegrin.

En réaction, dès lundi soir, une veillée était organisée devant le CHU pour soutenir Olivier, pompier volontaire de 47 ans, et sa famille :

« Montrons que nous sommes une famille. Commençons ce soir à nous rejoindre, avec des bougies et pancartes puis continuons en faisant un relais … sur une durée indéterminée. Donnons lui notre force ainsi qu’à sa femme et ses enfants » indiquait le message sur les réseaux sociaux.

Et puisque c’est un rond-point qui donne accès au CHU… c’est là qu’a lieu le rassemblement, devenant ainsi le premier rond-point occupé de Bordeaux (qui en compte peu).

Des bougies ont été disposées tout autour, et jour après jour du matériel venait améliorer le mini-campement. Lors de notre passage vendredi soir, un mini chapiteau avait été installé et abritait une table pleine de nourriture, des saucisses et camemberts à l’ail et fines herbes finissaient de cuire sur un barbecue, et un brasero alimenté par du bois de palettes réchauffait tout le monde.

« S’il ne s’en était pas sorti ça aurait été l’étincelle »

Cindy, la femme d’Olivier, est venue sur le rond-point donner des nouvelles de son mari : plongé dans le coma artificiel suite à son opération, il s’est progressivement réveillé dans la semaine et sa vie n’est plus en danger. Mais il risque de garder des séquelles au niveau de la mobilité de son bras gauche, qu’il n’arrive pour le moment pas à faire bouger.

« Au-delà d’Olivier, si on est là c’est en soutien aux victimes et blessés, affirme un trentenaire en gilet jaune. Heureusement que ce père de famille va sortir de l’hôpital, s’il ne s’en était pas sorti ça aurait été l’étincelle, comme Malik Oussekine en 1986. »

Pendant que tout le monde discute par petits groupes ou mange un morceau, des voitures passent fréquemment en klaxonnant leur soutien.

« Parfois les gens mettent les warning et s’arrêtent sur le côté, ils déposent une bougie », poursuit notre interlocuteur.

En journée, les Gilets jaunes font une opération « parking gratuit » à la sortie de celui de l’hôpital. « On demande juste au gardien d’ouvrir la barrière, et on reste là pour ne pas qu’elle soit refermée » explique une participante. Ce jour-là, c’est plus de 29 000 € de tickets de stationnement qu’ils affirment avoir épargnés aux usagers de l’hôpital.

« C’est honteux de faire payer le parking de l’hôpital. Les gens nous disent tous merci. Ma fille a eu beaucoup de problème de santé, alors je connais cette situation », témoigne un autre Gilet jaune, grand gaillard avec un petit crucifix en boucle d’oreille.

Et l’occupation continue…

Sur les quais, « assemblée citoyenne » en mode Nuit debout

Un petit air de Nuit debout, ce jeudi soir, quai des sports (BG/Rue89 Bordeaux)

Il fait froid ce jeudi soir sur les quais de Bordeaux. Pourtant une soixantaine de personnes ont répondu à l’appel d’Alexandre, Gilet jaune de la première heure et organisateur de la marche du 17 novembre dans Bordeaux.

« J’ai organisé cette assemblée afin de donner la parole à de simples Gilets jaunes ou simples citoyens, explique-t-il. Qu’ils s’expriment sur des questions simples : pourquoi je soutiens ou pas le mouvement, quelles actions je préfère faire, etc. Car je me suis rendu compte qu’à chaque fois ce n’était qu’une poignée de personnes (dont je fais partie) qui décidait des actions. Je commençais à plus trouver ma place dans ce mouvement, j’avais besoin d’entendre les avis neutres de chacun ».

Un micro, une petite foule attroupée en cercle, des prises de parole libres et s’enchaînant, chacun exprimant pourquoi il ou elle participe à ce mouvement et quel avenir il ou elle y voit… Difficile de ne pas faire un parallèle avec les assemblées de Nuit debout, au printemps 2016.

Militants de gauche

Les gens qui prennent la parole critiquent la politique de Macron dans les facs, l’uniformisation de gouvernements depuis 40 ans, les lobbys, l’Union européenne, la société de consommation… ou même les limites des syndicats ces dernières années.

C’est qu’une bonne partie des présents sont des militants de gauche, syndiqués, encartés ou non :

« J’ai été militant pendant longtemps, j’ai bouffé de la manif-merguez qui servait pas à grand chose. Maintenant le débat il se fait là et tous les samedi. Eux [le gouvernement – nldr] ils sont morts, on a déjà gagné », affirme un Gilet jaune.

« Aller dans des déserts culturels »

« Ici on est en ville, on est des urbains, considère un autre. Moi je me considère comme un bobo, du fait que j’ai un tissu culturel et social hyper développé. Ce serait bien qu’on aille faire ça dans les endroits qui sont des déserts sociaux et culturels. Il faut donner la parole à ces gens-là et aller vers eux. Parce qu’ici on va être potentiellement tous d’accord entre nous. Le bon point de ce mouvement c’est que des gens se sont politisés à une vitesse lumière, alors que pour d’autres ça prend toute une vie ».

L’échange dure 2 heures, sans prise de décision mais donnant l’envie de réitérer l’opération, à l’image de l’appel des Gilets jaunes de Commercy.

« Les propos de la grande majorité des gens m’ont plu et remotivé, confie Alexandre. Je souhaite qu’on organise des actions plus complexes et poussées. Faire remonter nos revendications, je pense que c’est une perte de temps et que cela risque de tuer le mouvement. Le gouvernement sait déjà ce que souhaite le peuple. »

Une autre assemblée devrait bientôt être organisée, dans une salle cette fois-ci.

À Lormont, les gilets jaunes en renfort des Ford

Gilets jaunes et T-shirt blanc de Ford, samedi matin, devant la concession Ford de Lormont (BG/Rue89 Bordeaux)

Samedi matin à Lormont. C’est journée portes ouvertes chez les concessionnaires automobiles. Pour l’occasion, Ford a déployé des affiches où le champion de judo Teddy Riner est censé incarner la « classe » de ses voitures.

« Si c’est porte ouverte on vient, on est chez nous, explique Philippe Poutou, le leader CGT. Ford utilise l’image de Teddy Riner, mais nous on aimerait bien le rencontrer pour lui expliquer qu’il y a une fermeture en cours. »

Et pour l’occasion, la CGT-Ford n’est pas venue seule, mais avec des Gilets jaunes de la rive droite (Ste Eulalie, St André de Cubzac). Ils sont donc une trentaine en tout à pénétrer dans le bâtiment, gilets jaunes et T-shirt blanc « Stop aux suppressions d’emploi ».

« Sur les ronds-points on a un peu froid d’habitude, là il fait bon. Et c’est joli hein une voiture quand c’est neuf. Y’a toutes les couleurs », plaisantent quelques-uns.

Même pas morts

Après avoir perturbé l’activité des lieux quelques minutes, tout le monde ressort pour aller distribuer des tracts aux automobilistes.

« On est là pour dénoncer ce qui se passe pour les salariés partout, et pour dire à Ford qu’on est encore là, qu’on n’est pas morts », explique Gilles Lambersend, secrétaire du CE de l’usine Ford Blanquefort.

L’action de ce matin avait été préparée avec les Gilets jaunes.

« On a toujours été pour la convergence des luttes, poursuit Gilles Lambersend. On a des liens réguliers avec eux. On a discuté du tract ensemble. On se retrouve pour la manif cet après-midi, avec nos t-shirts, où on reçoit un très très bon accueil. Ce mouvement, ça fait du bien à notre équipe syndicale, ce sont des petits moments de soutien. Parce que la tournure ne va pas dans le bon sens. »

Le plan de licenciement présenté par Ford n’a toutefois pas encore été validé par l’État, qui se donne jusqu’au 28 janvier pour y répondre.

« Tous dans la même galère »

C’est à la permanence Gilets jaunes d’Aubie et Espessas (à côté de Virsac) que tout cela a été discuté, nous apprend Pierre, retraité et par ailleurs militant au PC et à la CGT. « La permanence permet de se retrouver dans un endroit chaud, convivial, de discuter et boire le café. » Autour de St André de Cubzac, les cahiers de doléance ont d’ailleurs été bien remplis nous assure-t-il.

Si la passerelle entre les deux groupes a bien été permise par la présence de Gilets jaunes syndiqués, ils sont loin de l’être tous. Corinne vient de Périssac, elle est cheffe gérante de cuisine à son compte et a déjà participé à une action contre Sanofi à Ambarès, il y a quinze jours :

« C’est grave ce qui arrive dans notre ville, quand on voit les ouvriers de Ford et le profit qui est fait avec les voitures. Ce sont des citoyens qui vont se retrouver au chômage, à galérer comme nous. On est tous dans le même combat. »

Ici, pas de méfiance envers les syndicalistes :

« Les véreux, ce sont les patrons de syndicats, pas les syndiqués qui sont salariés aussi », selon Corinne.

« Le problème c’est aussi lorsqu’ils sont trop corporatistes, que leurs revendications ne sont pas assez larges » glisse un autre gilet jaune.

Angèle, 50 ans et mère de quatre enfants, vient de Caudéran :

« Je soutiens Sainte-Eulalie d’habitude, mais là comme ils allaient avec les Ford je me suis dit aller j’y vais. Cela fait 34 ans que je travaille. Avant j’arrivais à faire plein de choses avec mes gamins. Maintenant je n’en ai plus que deux avec moi mais on ne peut plus rien faire. Je vends mon grand frigo parce que j’en ai marre de le voir vide, je ne prends qu’un repas par jour. Macron a été ingrat, c’est de l’humiliation. Mon fils m’a dit : je veux être Gilet jaune parce que j’ai peur pour mon avenir. »

Bourse – Pey-Berland, la routine des manifs à Bordeaux

Une batucada au milieu des gilets jaunes, ce samedi devant la porte de Bourgogne (BG/Rue89 Bordeaux)

« Emmanuel Macron, oh tête de con, on vient te chercher chez toi », « Macron t’es foutu les Gilets sont dans la rue », « Solidarité avec Olivier et tous les mutilés », « Macron nous fait la guerre et sa police aussi, mais on reste déter’ pour bloquer le pays ».

Il est 14h30 ce samedi quand le cortège s’élance pour le 10e acte. Les motards toujours en tête, la batucada qui dynamise les manifestants à l’arrrière. Au milieu, un cortège étudiant auquel sont mêlés de nombreux syndicalistes et militants, et qui porte une banderole : « Étudiants et Gilets jaunes, tous unis contre Macron et son monde ».

Porte de Bourgogne, Victor Hugo, Pasteur… Le long du parcours, on voit fleurir les tags : « Tout le pouvoir aux ronds-points », « Homo œconomicus, vivement l’extinction », etc.

Le cortège passe une première fois devant l’Hôtel de ville, où les forces de l’ordre ont disposé des grilles, un canon à eau et deux blindés. Les manifestants sifflent et insultent les uniformes avant de reprendre leur route.

Cours d’Albret, Gambetta, Tourny, Ste Catherine, Victoire, Pasteur, et enfin Pey-Berland, terminus. Au plus fort de l’après-midi, ils étaient environ le même nombre de personnes que la semaine dernière (6000, contre 4000 annoncés par la préfecture).

« J’attendais les émeutes de la faim, les voila »

Une dame à la retraite, habitante de Corse, était venue à Bordeaux voir sa famille, il y a plusieurs semaines. Elle est restée là pour être parmi les Gilets jaunes, et a inscrit sur son gilet toutes les « dates » auxquelles elle a participé : « Il faut continuer sinon ça n’aura servi à rien » affirme-t-elle.

Laurent, la cinquantaine, venu de Carbon Blanc, estime que les gilets jaunes sont encore « trop gentils ». « Autrefois on faisait des mouvements comme ça et on n’avait aucun problème » estime-t-il.

Manu, la quarantaine, manifeste à vélo et les sacoches bien remplies. C’est comme ça qu’il est venu, la veille, depuis le Périgord vert. « J’ai une formation en économie à bac+5, mais je ne voulais pas passer toute ma vie à mentir alors j’ai choisi d’être technicien vélo, ma passion. » Lui est partisan d’une démocratie intégrale, avec le communisme des conseils.

« Après maints échecs des luttes sociales, j’attendais les émeutes de la faim. Les voilà. Beaucoup de gens se cachaient dans leur détresse, maintenant ils essaient de se défendre comme ils peuvent. En face, le gouvernement fait preuve de violence physique, parce qu’il n’a plus aucune autorité. »

Autant dire que la lettre d’Emmanuel Macron et son grand débat, personne n’y croit parmi les manifestants.

« L’acte 12 va être terrible parce que les gens vont avoir leur impôt prélevé à la source, sur le salaire de janvier », prévient l’une d’eux.

Voisins voisines

On commence à reconnaître des têtes familières, présentes aux multiples rendez-vous de la semaine.

« On peut au moins dire merci à Macron pour la solidarité qui est revenue. Ça, ça me plaît bien avoue un Gilet jaune. On vient ici on connaît personne mais on a envie de prendre les autres sous son aile. On espère qu’après le mouvement on rentrera pas dans nos vies. »

Deux femmes, voisines à Mérignac, ne s’étaient jamais parlées avant les manifs : « C’est en venant ici qu’on s’est reconnues, et maintenant on est amies ! »

Nico, 38 ans, et qui n’ jamais voté, espère « reprendre les fondamentaux : grève générale, blocage des raffineries. On parle du coup du gasoil, mais quand on aura niqué toute la planète on fera quoi ? » Malgré tout, il avoue avoir « peur de l’escalade. Une peur globale. Ils lâcheront pas les reine là haut, va falloir les chercher ».

L’émeute

Les gilets jaunes regardent la police se déployer le long du cours Victor-Hugo où des feux de poubelles ont été allumés (BG/Rue89 Bordeaux)

C’est une autre habitude. Pas de dispersion (même si certains manifestants choisissent de partir rapidement) après l’arrivée du cortège à Pey-Berland. Certains continuent de vibrer avec la batucada, allument leur sono et chantent, discutent par petits groupes. D’autres se mettent à casser des vitrines de banques, distributeurs ou mobilier urbain. Les derniers, en première ligne, s’affrontent avec les forces de l’ordre.

Ceux-là, bien organisés, tout de noir vêtus, prennent le temps de se fabriquer un bouclier à partir d’un morceau de la tôle protégeant le chantier de la cathédrale. Ils l’attachent à deux poubelles afin de pouvoir faire rouler le tout, et s’avancent pour ajuster leurs lancés de pavé et autres objets.

Le jeu dure environ une heure. Un peu avant 18h, les forces de l’ordre envoient un peu plus de gaz et chargent pour faire reculer les manifestants. Des centaines de personnes refluent par le cours Pasteur puis Victor-Hugo d’un côté, Alsace-Lorraine de l’autre, où ne circule plus aucune voiture. On avance au son des alarmes qui se déclenchent dans les banques aux devantures ruinées.

Trois BlueCub en feu

Rue Bouquière, une impressionnant incendie attire la foule. Trois voitures « BlueCub » (Groupe Bolloré) sont en feu, une quatrième s’enflamme. Un jeune homme en skate-board s’amuse à sauter par-dessus un feu de poubelles, sous les acclamations.

Une grosse centaine de personnes se retrouvent ainsi sur les quais et se rejoignent autour du miroir d’eau. La police continue à les chasser, prenant position place de la Bourse. Alors que les manifestants ne représentent plus aucun danger, les forces de l’ordre cherchent à les disperser en venant au contact, demandant aux gens de circuler. Un dernier groupe, constitué en majorité de « street médics », retourne ainsi en arrière place de la porte Cailhau, suivi de près par deux unités de police qui se dispersent dans les ruelles.

L’hélicoptère tourne encore et inspecte la ville de son projecteur. À 19h20, alors que les médics et quelques derniers manifestants se reposent place Fernand Lafargue, des policiers réapparaissent. Ils demandent à tout le monde de mettre genou à terre, avant de repartir.

49 personnes ont été interpellées, selon la préfecture.

Une « marche des femmes » pacifiste

Devant l’hôtel de ville ce dimanche, une autre ambiance que la veille (LD/Rue89 Bordeaux)

Pacifisme. Tel est le mot d’ordre de ce second rendez-vous dominical à l’initiative de femmes Gilets jaunes. Elles souhaitent porter leurs revendications à travers une marche sans débordement.

« Nous aussi on est capables de se faire entendre sans tout casser », s’exclame l’une d’entre elles.

Certaines étaient déjà là lors de la première marche, dimanche 13 janvier, pour défendre ces même idées : « un avenir pour nos enfants », « stop aux violences », « R.I.C » (référendum d’initiative citoyenne) était-il écrit sur leurs pancartes.

Dès 13 heures, plusieurs petits groupes se forment place de la Bourse et les hommes (minoritaires, mais nombreux) accompagnent volontiers les femmes. Les discussions ne manquent pas : une dame, la voix encore enrouée, raconte la manifestation de la veille dont quelques-uns évoquent les violences ; d’autres évoquent le « grand débat ». Une manifestante gilet jaune offre des roses blanches.

« On ne se quitte plus »

Une heure plus tard, des motards et motardes déboulent en trombe sur la place, acclamés par les participants de plus en plus nombreux. Puis arrivent neufs femmes habillées en Marianne, dont les visages maquillés de faux sang évoquent des mutilations. Devant la foule rassemblée, elles déploient leurs banderoles « paix, amour, conscience », « faisons l’amour pas la guerre ».

« On est venues des Landes pour renforcer les mobilisations à Bordeaux, explique l’une d’entre elles. On était là dimanche dernier et hier aussi. On s’est toutes rencontrées sur les manifestations et depuis le 17 novembre. On ne se quitte plus vraiment ».

Peu après, la centaine de participants quitte les lieux pour défiler dans la rue Sainte-Catherine. Sur leur passage, les piétons s’écartent alors que les manifestants les invitent à les rejoindre dans une ambiance festive et enjouée.

Certaines grandes enseignes baissent leurs grilles en entendant le cortège arriver. Celui-ci clame alors : « On n’est pas des casseurs ». Puis, en passant devant des commerces restés ouverts : « Ça fait du bien d’être accueillis avec le sourire, ce n’est pas toujours le cas », peut-on entendre.

Animosité

Une fois devant l’Hôtel de ville, l’une des « Marianne » lit au mégaphone une lettre adressée à Emmanuel Macron, la main tremblante :

« Tu n’es qu’un pantin dont les ficelles vont céder sous le poids des gilets jaunes. Il y a quelque chose que le peuple ne perdra jamais : sa dignité. »

Le discours continue, s’adressant désormais à la dizaine de policiers présents entre les manifestants et la mairie. Manifestants et forces de l’ordre échangent ensuite des poignées de mains en évoquant les débordements qui ont eu lieu les dernières semaines :

« Il y a une haine anti-flic qui monte, surtout sur les réseaux sociaux, regrettent certains policiers. Parmi les gilets jaunes, il y a des faux, des casseurs, qui ternissent le mouvement. »

Finalement, le cortège reprend ses déambulations dans le centre ville, perdant sur son passage quelques participants : cours Pasteur, place de la Victoire, place de la Comédie avant de regagner la Place de la Bourse vers 17h. Devant le Miroir d’eau, les manifestants se dispersent  et les échanges se font plus tendus avec les policiers, lassés d’être comparés à des cowboys :

« Aujourd’hui, nous n’entendons aucune revendication sociale de votre part, avec lesquelles on pourrait être d’accord, mais beaucoup d’animosité envers les forces de l’ordre. »

Une femme s’interpose, rappelant à tous l’ordre du jour :

« Stop ! Nous sommes là en pacifistes, nous ne voulons pas de violence. »

La pluie arrive. Certains partent en direction du rond point du CHU, d’autres s’échangent leurs numéros en prévoyant de remettre ça la semaine prochaine.


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