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Budget participatif (1) : les Bordelais font germer leurs projets

Poulaillers urbains, potagers participatifs et frigos solidaires… Du 17 janvier au 28 février, les Bordelais sont invités à soumettre leurs idées. Elles seront ensuite soumises au vote des habitants, et les projets retenus financés par le premier budget participatif de la Ville. Rue89 Bordeaux va suivre chaque étape de la démarche.

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Budget participatif (1) : les Bordelais font germer leurs projets


Végétaliser le centre-ville, intensifier la création d’îlots de fraîcheur ou encore encourager la collecte des déchets organiques, ces idées germent depuis longtemps dans la tête de Chloé et de Vincent. Agissant à titre individuel, indépendamment d’un engagement associatif, ils font partie des 129 Bordelais qui ont déjà soumis un projet à la municipalité dans le cadre du budget participatif. Tout habitant de la commune intéressé est libre de déposer un projet, pourvu que ce soit avant le 28 février.

Vecteur d’inclusion et promoteur d’innovation politique, le budget participatif permet d’associer les citoyens aux choix budgétaires de leur ville. A Bordeaux, le dispositif a été adopté en décembre dernier en conseil municipal, après des années de lobbying du groupe écologiste, et à la lumière des expériences menées ailleurs, notamment dans la métropole bordelaise.

Débuts timides

Fin janvier, Vincent, 45 ans, a participé à l’un des 8 ateliers d’aide au dépôt de projet prévus par la ville. Organisés jusqu’au 16 février dans l’ensemble des quartiers bordelais, ils sont ouverts à tous et réunissent en moyenne une dizaine de volontaires. L’affluence peine en effet à décoller compte tenu des difficultés de la municipalité à communiquer sur l’initiative votée il y a moins de deux mois.

En revanche, le nombre de projets déposés sur l’interface du budget participatif (conçue par Cap Collectif, interface également utilisée dans le cadre du Grand débat national) semblent, après des débuts timides, augmenter de manière exponentielle.

Au marché des Douves, Vincent, habitant du quartier gare, a pu façonner son projet avec l’aide de ces médiateurs. Ceux-ci commencent par informer les participants aux ateliers des contraintes pour que leurs projets soient recevables : « s’appuyer à minima sur l’un des trois piliers du développement durable à savoir l’écologie, le social et l’économie », correspondre aux champs d’interventions de la ville de Bordeaux et de la métropole, et être réalisable dans les deux ans.

La forêt du port de la Lune

Avec l’aide des membres de l’agence Deux Degrés, les participants sont ensuite guidés dans l’élaboration de leur projet. Au cours de cette phase, une illustration graphique de leur initiative leur est proposée par un graphiste.

Le projet de Vincent (DR)

Si estimer le budget nécessaire à la réalisation d’un projet n’est pas obligatoire, les porteurs de projets doivent en revanche veiller à ne pas empiéter sur les attributions de fonctionnement du budget municipal qui regroupent les dépenses nécessaires à la gestion de la ville comme la rémunération de personnels. La participation à un atelier a poussé Vincent à détailler au maximum son projet. Un plus pour que celui-ci franchisse l’examen de recevabilité par les services municipaux.

Avec son projet intitulé « La forêt du port de la lune », il veut permettre aux Bordelais de végétaliser les blocstops, ces cubes de béton intégrés au mobilier urbain dans la foulée des attentats de Nice en 2016. Une manière originale de concilier esthétique, développement durable et sécurité, explique-t-il :

« Les jardinières incorporées aux éléments mobiles à la base de ces arbres pourraient être agrémentées et agencées selon des besoins divers : bancs, supports de poubelle de recyclage, bacs de compostage, mur à dessins pour les classes associées, support d’information de quartier, d’œuvres de street art… Le terreau pourrait également être issu du recyclage des déchets organiques de la ville, les plants des pépiniéristes locaux. »

Compost et autres idées biobios

Également concernée par la cause écologique, Chloé a rédigé seule son projet, sans passer par les ateliers proposés par la ville. Elle défend la mise en place de composteurs communs dans les espaces verts de la ville, comme il en existe déjà au Jardin public. Le 20 janvier dernier, cette avocate de 26 ans qui habite aux Chartrons a déposé son projet sur la plateforme internet de la mairie.

Au rang des 176 projets référencés sur la plateforme, on trouve des projets originaux, très souvent tendance écolo : un jardin citoyen rue Kléber, une tour à vélo aux Quinconces, une poule recycleuse adossée à l’église Saint-Martial ou encore l’installation de nichoirs à chauve-souris et hirondelles pour encourager la réintégration de ces espèces et lutter contre le moustique-tigre apparu en France en 2004.

Comme beaucoup des dépositaires de projets, c’est dans les initiatives d’une autre municipalité que Chloé a puisé son inspiration.

« L’idée m’est venue en 2016, quand j’habitais dans un appartement sans terrasse ni balcon, dans une résidence où il y avait des espaces verts et où tous les habitants s’entendaient bien. A Vancouver où ma grande sœur habitait, il y a des poubelles pour le compostage et un ramassage hebdomadaire. »

La proposition risque toutefois de faire doublon avec l’appel à projet pour des composteurs partagés en pieds d’immeubles, lancé par la métropole. Ceux-ci permettent de produire un engrais naturel pour les espaces verts de la ville, tout en encourageant le tri des déchets organiques, pour lequel, comme le stipule la loi de transition énergétique, des solutions pratiques doivent être établies avant l’horizon 2025.

Flower power

Dans la droite ligne des conseils de quartiers, apparus en 1995 et du Fonds d’intervention local, mis sur pieds à Bordeaux en 2008 pour aider les initiatives de proximité en attribuant des subventions aux associations, les mécanismes de participation citoyenne au sein de la métropole bordelaise se modernisent – un peu sur le tard pour ce qui concerne le budget participatif, en vigueur dans de nombreuses villes françaises depuis le début des années 2000.

Mais pour Vincent, l’échelle locale apparait la plus à même de résorber le retard pris par la ville en matière d’environnement.

« J’ai l’âge de mesurer le retard pris en matière d’adaptation de la ville aux problèmes d’environnement, avec des idées pourtant vieilles comme le monde. Il faut maintenant et urgemment agir. »

A l’image des 176 projets déposés à l’heure actuelle, les suggestions de Chloé et de Vincent seront analysées par les services de la ville et de la métropole puis évaluées par un comité de suivi composé d’élus référents, auxquels s’ajouteront 8 habitants tirés au sort sur les listes électorales.

Les 3 derniers ateliers d’aides à la rédaction de projet se tiendront eux le 9 février au centre d’animation Bastide sur le quai des Queyries, le 13 février au musée des arts décoratifs et le 16 février à la maison de quartier du Tauzin.


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