À 14h place de la Bourse, l’affluence semble en baisse. Mais les manifestants continuent à s’agréger au fil du (long) parcours, pour constituer un cortège sensiblement comparable à celui des semaines passées (entre 3 et 4000 personnes d’après nos observations).
Alors que des prises de parole libres ont lieu au centre de la place, une grande banderole est déployée sur les échafaudages : « 16 mars : l’Aquitaine envahit Paris – Ultimatum saison 2. »
Longeant les quais, les gilets jaunes se rendent d’abord à la gare, qui se retrouve un instant envahie. Puis ils remontent le cours de la Marne, la rue Sainte-Catherine, la rue Porte-Dijeau, le cours Clémenceau et les allées Tourny.
Dans le cortège, l’acronyme « RIC » est toujours bien visible. Mais d’autres messages sont aussi présents : « La cupidité des riches est dangereuse pour l’humanité », « Il y a 200 ans, on leur aurait coupé la tête ».
Assemblée citoyenne
Le défilé se déroule dans une bonne ambiance jusqu’à la place de la Comédie. Là, un peu avant 17h, un premier lacrymogène est tiré. Alors qu’une partie des Gilets jaunes commence à se disperser, ou à profiter de la fin d’après-midi en terrasse, une bonne centaine se dirige vers la place Jean-Jaurès pour y tenir une assemblée citoyenne déclarée en préfecture.
Le samedi précédent, cette même assemblée avait attiré 300 personnes selon des participants. Pourtant cette fois, la préfecture a interdit au dernier moment le rendez-vous qui devait se tenir place de la Comédie.
« On ne l’a appris qu’hier soir (vendredi), explique une des organisatrices. On fait ça pour que les gens s’exercent à la démocratie, et prennent tous part aux décisions du mouvement des Gilets jaunes. »
Au même moment, le reste des manifestants a rejoint la place Pey Berland. Le canon a eau ne sert que brièvement, puisque les forces de l’ordre chargent pour faire reculer les Gilets jaunes.
Violences policières
En remontant le cours Pasteur, les forces de l’ordre se mettent à courir, surprenant les manifestants. Le député (France insoumise) Loïc Prud’homme, présent en fin de cortège, est frappé à coups de matraque sur la tête et les mains.
Matraqué alors que je quittais la manifestation tranquillement. @CCastaner @PrefAquitaine33 les violences policières n’existent pas ? Ça suffit, vous semez le chaos ! pic.twitter.com/68jzbV8Wne
— Loïc Prud’homme (@PrudhommeLoic) 2 mars 2019
« Les forces de l’ordre ont correctement fait leur travail », estime le préfet de Nouvelle-Aquitaine, assurant que la police a agi « sur un axe interdit par arrêté préfectoral et après sommations ».
#Bordeaux #2mars dans 1 manifestation non déclarée, sur 1 axe interdit par arrêté préfectoral et après sommations, les forces de l’ordre ont dispersé des #GiletsJaunes cours Pasteur. Elles ont correctement fait leur travail. Je les soutiens totalement @PrudhommeLoic@PoliceNat33
— Préfet de Nouvelle-Aquitaine, préfet de la Gironde (@PrefAquitaine33) 2 mars 2019
Or Selon Loïc Prud’homme, il n’y aurait pas eu de sommations à ce moment-là, et le cortège était tranquillement en train de remonter vers la Victoire. « Maintenant les députés doivent s’enfuir en courant devant les forces de l’ordre ? » a-t-il répondu sur Twitter, assurant qu’il déposerait un signalement à l’IGPN.
Sur Twitter, la journaliste Stéphanie Roy raconte avoir été elle aussi victime de « coups de pied et coups de bouclier ».
#Bordeaux
Coups de pied et coups de bouclier, la liberté de la presse assurée 🤔
Camera et brassard presse pourtant visibles#GiletsJaunes #ActeXVI #Acte16 #2Mars #2mars2019 pic.twitter.com/uMOji3bzze— Stéphanie Roy (@Steph_Roy_) 2 mars 2019
Une fois à la Victoire, les gendarmes mobiles scindent la foule en deux. Une partie se retrouve bloquée à l’entrée du cours de la Marne pendant de nombreuses minutes. Jusqu’à ce que les gendarmes ne reculent pour rejoindre leurs véhicules, sous les sifflets et les cris de (maigre mais symbolique) victoire des Gilets jaunes.
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