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Qui sont les jeunes derrière la première « grève pour le climat » à Bordeaux ?

Vendredi aura lieu la première « grève internationale des jeunes pour le climat » de Bordeaux. Inspirés par « Friday for future », mouvement européen contre le changement climatique, des lycéens, collégiens et étudiants girondins s’organisent depuis plusieurs semaines. Nous les avons rencontrés.

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Qui sont les jeunes derrière la première « grève pour le climat » à Bordeaux ?

Ils sont pour la plupart lycéens, mais aussi collégiens ou jeunes bacheliers. De Mérignac à Lormont, en passant par Gujan-Mestras ou La Réole (« Ils nous ont dit qu’ils allaient louer un bus pour venir à 70 »), ils vont faire grève ce vendredi pour le climat.

Une quarantaine d’établissements girondins sont ainsi mobilisés. Ce vendredi 15 mars, ils convergeront à Bordeaux pour manifester en même temps que leurs camarades du monde entier.

A l’origine, plusieurs de ces jeunes gens ont eu eu la même idée au même moment, à l’image de l’apparition sur les réseaux sociaux du mouvement « Il est encore temps ». Si ce dernier est né de la démission de Nicolas Hulot, celui des lycéens doit beaucoup à l’appel de la jeune suédoise Greta Thunberg.

« Quand j’ai vu que le mouvement prenait un peu partout en Europe, j’ai voulu le lancer à Bordeaux, raconte Virgile, en terminale S au lycée Eiffel de Bordeaux. Alors j’ai commencé à prendre contact avec d’autres lycéens. »

Ton héritage

Pendant ce temps, Anaïs, qui a eu son bac en 2018 et accompli un service civique dans une association, a déjà contacté les organisateurs de la dernière marche pour le climat, et crée un évènement « Grève internationale des jeunes pour le climat – Bordeaux » sur les réseaux sociaux.

Un noyau d’une dizaine de personnes se constitue, selon Virgile. Ils se réunissent à plusieurs reprises, déclarent leur manifestation à la préfecture, et même prévoient un service d’ordre, puisque « théoriquement il faut des gens pour vérifier que tout se passe bien » glisse le jeune homme.

Pourquoi se mobilisent-ils pour le climat ? « J’ai toujours été très axée environnement » raconte Anaïs. Par héritage familial d’abord, lorsque ses parents se sont mis à acheter bio.

« Ça a commencé par l’alimentation, et ensuite j’ai rencontré des gens qui étaient plus activistes que moi et m’ont apporté de nouvelles réflexions : faire attention au gaspillage d’eau ou d’électricité, sensibiliser les autres… Mais aussi l’idée qu’on ne changera pas grand chose si les grandes entreprises et l’État ne bougent pas. »

« 2030 n’aura plus rien à voir »

Charlotte et Nanou, élèves de première au lycée Montesquieu, sont venues participer à l’atelier pancarte, une semaine avant le rendez-vous. Le climat ? « C’est le plus important aujourd’hui », répondent-elles en cœur.

« Les gens qui sont au pouvoir aujourd’hui seront tous morts quand le changement climatique arrivera, donc c’est nous que ça va concerner », affirme Nanou, convaincue que « 2030 n’aura plus rien à voir avec aujourd’hui ».

Issues toutes les deux de familles déjà sensibles à ces questions, elles sont bien décidées à profiter de l’occasion :

« Avec cette grève on parle davantage des mouvements climatiques, les médias en parlent donc ça remonte aux oreilles des gens. Il faut que tout le monde comprenne que c’est maintenant qu’il faut agir. »

Solal lui est encore au collège, en 3e. Mais il a déjà participé aux marches pour le climat, et s’était même « bagarré pour les marronniers de Gambetta » avec sa famille. « L’information s’est répandue assez vite par les réseaux » raconte-t-il. Il est ainsi devenu représentant de son collège :

« Je donne des informations, j’explique comment ça va se passer. Des gens m’interpellent dans la cour pour ça. »

Solal vise-t-il son propre paternel (venu avec lui) ? « Non c’est plus collectif, c’est pour tous les adultes. » (BG/Rue89 Bordeaux)

Mots d’excuse

« Nous ne sommes pas salariés donc nous n’avons pas le droit de grève. Mais là cela devient une urgence. Certains élèves diront qu’ils étaient malades, beaucoup ont demandé à leurs parents. Et ils sont d’accord pour qu’ils y aillent, voire sont même contents que leurs enfants se mobilisent. Moi, ma mère a posé un jour de congé pour nous accompagner », explique Solal.

Pour Anaïs, la grève est surtout une image forte :

« Ça veut dire que les jeunes en ont marre et arrêtent d’aller en cours ou de travailler, pour le climat. Car tout ce qu’on est en train de faire (études, travail) ne servira à rien si des basculements climatiques ont lieu. Dans le pire des cas, on risque de se retrouver dehors à essayer de trouver à manger pour survivre. »

C’est aussi un message adressé aux gouvernements :

« On veut leur faire peur pour qu’eux aussi changent leurs pratiques, comme nous on le fait. Même si je suis assez pessimiste… »

Le « challenge » de ces jeunes : parvenir à rassembler massivement autour d’eux.

« Vendredi matin, on commencera par se rassembler devant les lycées dans une bonne ambiance, avec de la musique. Il ne faut pas que les gens pensent qu’on va marcher pendant 4h, mais qu’ils aient envie de nous suivre », avance Virgile.

Pique-nique et pression

Ils convergeront ensuite vers la place de la Victoire, avant de défiler dans les rues de Bordeaux. Ils comptent par exemple rebaptiser la place de la Bourse en « place du climat ». Le midi, un pique-nique devrait avoir lieu place Pey-Berland, en compagnie d’écoliers amenés par leurs parents.

« On va en profiter pour se poser devant la mairie et interpeller le nouveau maire, pour lui mettre la pression tout de suite sur les questions de transport et d’agriculture », espère Virgile.

Et au-delà, l’État, ajoute Nanou :

« Il doit respecter les lois en place et en adopter de nouvelles, plus restrictives (en termes d’émissions, de déchets) pour les entreprises et pour nous. Mais tout le monde n’est pas prêt à changer ses habitudes. »

Anaïs, qui fait également partie de Résistance à l’agression publicitaire et Anv-Cop21, plaide pour cibler davantage les grandes entreprises.

« On voit bien qu’on arrive à faire bouger les choses quand on fait des actions contre la BNP Paribas, par exemple. Les lobbies y sont pour beaucoup dans les décisions de l’État. »

Gilets jaunes ou verts ?

Virgile, lui-même membre de Greenpeace et de l’organisation nationale « Youth for climate », mise beaucoup sur la « sensibilisation ».

« Les gens ne savent pas quelles vont être les conséquences des problèmes écologiques. Or on a vu l’effet qu’a eu une hausse de 3 centimes du prix de l’essence : le mouvement des Gilets jaunes. Alors qu’est-ce que ça va être avec la diminution des rendements agricoles, l’augmentation du prix des matières premières, etc. causés par le dérèglement climatique ? Cela peut déclencher une instabilité beaucoup plus grave, comme l’a été la guerre en Syrie, premier exemple de conflit causé par le changement climatique », pense-t-il.

Lors de l’atelier pancartes organisé à la MNE, dimanche 10 mars (BG/Rue89 Bordeaux)

Mais le parallèle avec les Gilets jaunes en reste là. À Bordeaux selon Virgile, « on n’appelle pas encore à soutenir les Gilets Jaunes », devenus eux-mêmes trop « politisés » pour des jeunes écolos qui espèrent toucher le « grand public » et croient dur comme fer à la non-violence.

À part sur ce dernier point, le spectre idéologique des jeunes militants reste donc assez large. « De l’extrême gauche à ceux qui pensent que le capitalisme vert est une bonne idée », résume Virgile.

Et après le 15 mars ?

« Si on voit que les gens ont envie de revenir peut-être qu’on lancera un truc toutes les semaines, ou bien tous les mois. »

Une assemblée générale est prévue le 22 mars pour en débattre. Les militants envisagent aussi de passer tous les vendredi faire des interventions dans les lycées. Du moins si la proposition de Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’éducation d’organiser le même jour des débats dans les établissements ne leur coupe pas l’herbe sous le pied.


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