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Mylène L’Orguilloux, modéliste total éthique et zéro déchet

A l’heure de la fast fashion, comment concevoir et proposer des vêtements zéro déchet ? La modéliste bordelaise Mylène L’Orguilloux relève le défi et propose ses créations et ses astuces. Elle sera à la Fashion Revolution Week qui se tient ce samedi à Bordeaux.

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Mylène L’Orguilloux, modéliste total éthique et zéro déchet

Le 24 avril 2013, l’effondrement de l’immeuble du Rana Plaza dans la capitale du Bangladesh fait 1138 morts et plus de 2500 blessés. Les victimes étaient des ouvriers du textile, majoritairement des femmes. Dans les décombres, des étiquettes de marques françaises vendues chez Auchan, Carrefour et Camaïeu sont retrouvées.

« Toutes ces personnes qui sont mortes du fait que, nous européens, nous sommes entraînés dans une sorte de frénésie de la consommation des vêtements toujours moins chers », constate amèrement Mylène L’Orguilloux.

Ce drame resté dans sa mémoire, la jeune bretonne venue à Bordeaux pour travailler chez Lectra à Cestas (leader mondial des solutions technologiques intégrées pour les industries textiles notamment) quitte son CDI, à 26 ans, persuadée qu’on peut améliorer l’éthique de l’industrie du textile.

« Je me suis lancée un défi de ne pas acheter de vêtement pendant un an et de boycotter les marques. Je me suis mis à fabriquer moi-même mes vêtements, acheter en friperie, à les retoucher et à les transformer. C’est au cours de cette année que je me suis rendue compte que je me retrouvais avec plein de chutes de tissus. J’ai commencé à me dire ok, toutes ces chutes combien ça représente à l’échelle de l’industrie mondiale du textile ? »

Renseignements pris, elle se rend compte que « les chutes de tissus représentent en moyenne 15% de la production mondiale de textile, soit environ 60 milliards de m2 de tissus non utilisés jetés à la poubelle. Un chiffre qui peut grimper jusqu’à 30 ou 40% dans le luxe ».

Mylène L’Orguilloux au milieu des ses patrons (DR)

Modélisme zéro déchet

En septembre 2017, Mylène L’Orguilloux se lance dans l’entrepreneuriat et développe le concept du design zéro déchet (zero waste designer). C’est la naissance de MILAN AV-JC.

Son métier ? Elle conçoit et modélise des vêtements dont la découpe et le montage ne génèrent aucun gaspillage de tissu. Elle crée des patrons que l’on peut télécharger sur son site pour 10 € et poste des tuto pour les amatrices de DIY (Do it yourself).

Elle forme également des étudiants, professionnels et créateurs au modélisme 3D pour créer des patrons zéro déchet. Son idéal ? Convertir l’industrie du textile à la mode zéro déchet partout en France et bientôt à l’étranger.

« C’est possible de faire différemment, pour cela il est important d’intégrer la question du zéro déchet dès le début de la création d’un vêtement, lors de la phase de stylisme, ce qui constitue un bouleversement profond des process de l’industrie actuelle de la mode. Je suis à la recherche de nouvelles formes en lien avec la tendance. »

Mylène L’Orguilloux conçoit ses modèles et calcule ses découpes au millimètre près pour éviter les chutes (CB/Rue89 Bordeaux)

Fashion Revolution

L’industrie du textile est l’une des plus polluantes du monde selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). Selon les chiffres cités dans ce document, la mode émet 1,2 milliards de tonnes de gaz à effet de serre chaque année. Pour fabriquer un tee-shirt, il faut l’équivalent de 70 douches, 285 pour un jean.

« L’industrie de la mode pose de gros problème de pollution par l’utilisation de pétrole pour fabriquer des tissus, des produits chimiques avec les colorants. Elle pose des problèmes éthiques avec l’exploitation de travailleurs à l’autre bout du monde. Moi je m’attaque à une toute petite partie de ce processus avec le zéro déchet », ajoute la modéliste.

La catastrophe du Rana Plaza au Bengladesh il y a 6 ans éveille les consciences. La France est le premier pays à avoir légiféré en 2017. La loi dite « Rana Plaza » oblige les multinationales à se doter d’un plan de vigilance pour prévenir les atteintes aux droits humains et à l’environnement dans leurs implantations à l’étranger et avec leurs sous-traitants. Une loi toutefois affaiblie par le Conseil d’Etat qui a annulé la possibilité d’infliger des amendes en cas de non-respect et qui serait « mal appliquée » selon un récent rapport de plusieurs ONG dont Amnesty International.

Parallèlement, un mouvement mondial est né sous la bannière Fashion Revolution :

« L’idée du mouvement Fashion Revolution c’est de commémorer le drame du Rana Plaza et d’appeler les marques à plus de transparence à travers le #whomademyclothes ? (Qui a fabriqué mes vêtements ?) sur les réseaux sociaux », explique Mylène L’Orguilloux.

Pour inviter les citoyens à s’interroger sur le fonctionnement de l’industrie de la mode mondialisée et à consommer autrement, le Fashion Revolution Day devient Fashion Révolution Week en 2015. Elle est organisée cette année dans 130 pays dans le monde et 4 villes en France, dont Bordeaux.


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