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Deux Bordelais veulent mettre l’éthique à la mode dans le prêt-à-porter

La mode peut-elle être équitable et durable ? Lancée le 7 avril, la plateforme « LABL.eu » créée par deux jeunes Bordelais, veut le prouver. Cette marque de vente en ligne de prêt-à-porter féminin permet de s’habiller avec style tout en respectant l’homme et la planète. Rencontre avec un couple d’entrepreneurs engagés.

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Deux Bordelais veulent mettre l’éthique à la mode dans le prêt-à-porter

Le déclic, Marie de Faria et Anthony Raymond l’ont eu le 24 avril 2013 quand l’immeuble Rana Plaza à Dacca (Bangladesh), qui abritait plusieurs ateliers de confection travaillant pour diverses marques internationales de vêtements, s’est effondré, faisant 1135 morts.

« Ce fut un électrochoc. Nous avons pris conscience des conditions effroyables dans lesquelles sont fabriqués les vêtements que nous portons au quotidien », raconte Marie de Faria, Bordelaise de 23 ans (voir son portrait ci-dessous).

Avec son compagnon Anthony Raymond, 29 ans, elle se met à scruter les étiquettes, à se renseigner sur les maques, à traquer les « made in », la composition de leurs chemises et robes. Leur constat est accablant :

« Il y a un manque total de transparence de la part des grandes marques, souligne Marie. Les « made in France » correspondent à un bouton rajouté sur le sol français alors que le vêtement est fabriqué en Asie, celui estampillé « Bio » a parcouru des milliers de kilomètres dans des conteneurs peu écologiques, chargés de matières toxiques, à bord de navires polluants. »

Chics et accessibles

De ce constat germe dans l’esprit du couple l’idée d’une plateforme de référence qui distribuerait des vêtements de créateurs soucieux comme eux, des conditions de fabrication, de distribution et sociales, tout en étant chics et accessibles. Ainsi, la boutique en ligne LABL.eu est née le 7 avril dernier. Ses valeurs ?

« Nous favorisons des quantités réduites (15 à 30 pièces par modèle) au profit d’une plus grande qualité ; nous travaillons avec des créateurs d’ateliers artisanaux qui se battent pour avoir des tissus made in Europe (Portugal, Italie…), fabriquent à partir de matières premières éthiques et durables ; nous communiquons en toute transparence à nos clients sur la provenance des vêtements, des matières et sur le processus de fabrication ; nous achetons les stocks aux créateurs en amont des commandes pour partager le risque avec eux », souligne Marie, pétillante jeune femme très motivée par cette nouvelle aventure.

Choqué par les conditions de travail inhumaines des ouvriers du textile au Bangladesh, ce couple de Bordelais vient de lancer une plateforme de vente en ligne de vêtements pour femmes éthiques et durables. ©Florence Heimburger
Ce couple de Bordelais vient de lancer une plateforme de vente en ligne de vêtements pour femmes éthiques et durables (FH/Rue89 Bordeaux)

LABL a établi une charte que les créateurs s’engagent à suivre : ils doivent posséder un mode de production raisonné et responsable ; utiliser des matières premières écologiques et fournir leur traçabilité ; respecter le Made in Europe ; pratiquer un commerce responsable en assurant une juste rémunération et des conditions de travail décentes.

Attention toutefois, prévient Marie, LABL ne peut pas être 100% écolo :

« LABL n’est, pour l’instant, pas vegan, mais on réfléchit à bannir le cuir de notre prochaine collection, prévue pour septembre. LABL n’est pas « bio » non plus. Car il n’y a aucun producteur de coton bio en Europe hormis, un peu, la Turquie. Les matières premières proviennent majoritairement d’Asie (Inde, Chine…) et son donc acheminées par paquebots ultra polluants. Cela ne nous paraissait pas judicieux. »

D’autres initiatives similaires ont vu récemment le jour à Bordeaux comme la boutique de vêtements bio et éthiques Koken ou celle alternative Ex æquo qui propose de la mode (et déco) éthique. A chacun ensuite de repenser son mode d’habillement. Quel genre de consommateur sont justement Marie et Anthony ? Réponses pages suivantes.

« Si tu peux le rêver, tu peux le faire »

Etudiante de 23 ans, Marie de Maria souhaite se lancer dans un entreprenariat qui colle avec ses valeurs. ©Florence Heimburger
Etudiante de 23 ans, Marie de Faria souhaite se lancer dans un entrepreneuriat qui colle avec ses valeurs (FH/Rue89 Bordeaux)

Marie de Faria, 23 ans

Parcours : « Après une école de communication, Sup de Pub, à Bordeaux, et un Master en commerce international à l’école de commerce et de management Kedge Business School, à Talence, j’ai effectué un stage de fin d’études chez « Michel et Augustin », marque française de produits alimentaires. Mais l’envie de me lancer dans une aventure entrepreneuriale et qui corresponde à mes valeurs personnelles était plus forte que celle de décrocher un CDI. Je ne suis pas issue du milieu de la mode, mais je trouvais qu’il manquait une plateforme web de prêt-à-porter éthiques et durables. J’ai sollicité plusieurs créatrices, notamment mes préférées, dont certaines ont accepté de nous suivre dans notre aventure. »

Son rôle au sein de LABL : « Je suis en charge de la sélection des créateurs, de nos achats, de la « communication corporate » (NDLR : l’image de la marque) et de la logistique. Nous gérons tous les deux la partie financière/comptabilité de l’entreprise. »

Côté mode, elle aime/porte : « J’aime beaucoup les créatrices comme Singulière ou l’Atelier de Camille… Je recherche le chic mais pas l’ostentatoire, le simple sans être ordinaire, et surtout la mode mais pas à n’importe quel prix, qu’il soit financier, environnemental ou humain. »

Moyen(s) de locomotion : Le vélo, la marche. Pas de voiture mais pratique l’autopartage.

Alimentation : pas forcément bio, mais attachée à une consommation locavore. « Une vraie relation humaine avec les producteurs locaux, c’est important ! ».

Son geste écolo : « Consommer peu, mais bien, en choisissant de belles pièces durables. »

Passion(s) : « Avec Anthony, nous sommes passionnés de cuisine et plus particulièrement de pâtisserie à nos heures perdues. Nous aimons aussi beaucoup prendre le temps de découvrir ou redécouvrir la ville de Bordeaux et sa région : flâner chez les brocanteurs, découvrir de nouvelles boutiques, respirer le grand air sur le bassin d’Arcachon…»

Sa devise : « « If you can dream it, you can do it », citation de Walt Disney qui nous incite à ne pas avoir peur d’oser, à concrétiser ses rêves. En voyant grand, on peut réaliser de belles choses. »

« Je veux pouvoir me regarder dans le miroir tous les jours »

C'est Anthony qui livrera les colis pour Bordeaux avec son vélo. ©Florence Heimburger
C’est Anthony qui livrera les colis pour Bordeaux avec son vélo. (FH/Rue89 Bordeaux)

Anthony Raymond, 29 ans

Parcours : « Je suis autodidacte et entrepreneur dans l’âme. Après avoir obtenu mon baccalauréat, j’ai créé plusieurs sociétés dans le secteur commercial et de la communication. Je suis également passionné pour le Digital, ce qui m’a permis d’intégrer la Kedge Business School à Talence en tant que « Community Manager ». Aujourd’hui, je suis devenu « Digital Content Producer » et je travaille en collaboration avec des enseignants, des économistes dont les conseils nous ont été précieux pour construire LABL.eu sur des bases solides et sérieuses. Ce projet me tient à cœur car je veux être un entrepreneur social : je veux pouvoir me regarder dans le miroir tous les jours et vendre des produits dont je suis fier. On souhaitait éviter la « marketplace », la vente massive, comme le font H&M ou Zara… Nous préférons développer notre petite entreprise sur le long terme, en garder les rênes, et être en accord avec ses valeurs. Et nous souhaitons éduquer les consommateurs. »

Son rôle au sein de LABL : « Passionné par la vidéo, je gère la production de contenus pour LABL et le webmarketing : je développe et gère le site Internet, produit les contenus photos/vidéos, gère les ventes et la relation client. C’est aussi moi qui livrerai les colis pour Bordeaux… à vélo ! »

Côté mode, il aime/porte : « De l’éthique et durable autant que possible ! »

Moyen(s) de locomotion : vélo. Pas de voiture mais pratique l’autopartage.

Alimentation : « Nous sommes attachés et fidèles à nos commerçants de proximité, notre poissonnier, notre boucher… Priorité au local! »

Son geste écolo : « Contrairement à mes parents, je n’imprime plus aucun mail. »

Passion(s) : « Je pratique le VTT depuis une vingtaine d’années. »

Sa devise : « Ensemble, changeons la mode ! »


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