Bordeaux Métropole et ArianeGroup ont été élus l’an dernier pour prendre la relève de Séville à la présidence de la Communauté des Villes Ariane (CVA). Les enjeux de ce mandat ont été présentés ce jeudi à Saint-Médard-en-Jalles, en marge du festival de l’air et de l’espace, Big Bang.
Cette présidence témoigne de l’importance de l’implantation industrielle du secteur spatial dans la région. Jacques Mangon, maire de Saint-Médard-en-Jalles et vice-président de Bordeaux Métropole rappelle avec fierté que ce secteur emploie 3500 salariés sur les 9000 du groupe, dont 3000 en région parisienne. ArianeGroup est ainsi le premier employeur privé de la métropole.
Bordeaux lancera diverses évènements dans le courant de l’année notamment trois grandes réunions avec les acteurs européens de la filière et des programmes éducationnels pour des jeunes européens de 15 à 25 ans.
Pour plus de soutien
L’ambition de susciter des vocations pendant cette année charnière semble paradoxale. En effet, en novembre 2018, le leader mondial des lanceurs spatiaux confirmait sa volonté de supprimer 2 300 postes d’ici 2022 en raison de la fin du développement d’Ariane 6 et d’un contexte européen défavorable.
André-Hubert Roussel, président exécutif d’ArianeGroup, a regretté ce jeudi le fait que la France ne fasse pas suffisamment le choix de la préférence européenne ou nationale :
« Les Etats-Unis ont fait 31 lancements dont 70% pour des missions institutionnelles (comme la NASA ou l’Agence spatiale européenne, par opposition à des clients privés, NDLR). La Chine en a fait 39 dont 95% pour des missions institutionnelles. En Europe, on fait 11 et moins de la moitié étaient des lancements institutionnels. J’appelle l’Europe à donner la préférence à ses lanceurs et à en faire plus. »
Ce que l’ASE s’est engagée à faire, afin d’assurer un carnet de commande suffisant à l’entreprise. Ce qui est certain, c’est que les bordelais auront la chance d’assister en 2020 au lancement d’Ariane 6 sur des écrans géants, et que la fusée portera le logo de Bordeaux Métropole…
GAFA
Mais Jacques Mangon aimerait plus que ce symbole, comme il l’a indiqué à Emmanuel Macron lors du « Grand débat » avec les maires girondins. L’édile de Saint-Médard souhaite que la France et l’Europe soutienne au moins autant sa filière spatiale que ne le fait Washington avec les nouveaux acteurs privés arrivés sur ce marché : SpaceX d’Elon Musk et Blue Origin de Jeff Bezos, le patron d’Amazon.
Le vice-président de Bordeaux Métropole le soulignait récemment dans un entretien à La Tribune : c’est dans le domaine spatial « que se joue une grande partie de la richesse, de la domination technologique mais aussi de la souveraineté ».
« L’espace va devenir le « tuyau » ultime, celui où, pour caricaturer, on fait l’argent, la plus-value et une grande part de l’économie. Aujourd’hui, c’est Internet. Mais demain, tout passera par le spatial pour avoir les niveaux de définition requis. Un seul exemple : pour guider un véhicule autonome, il faudra une précision de conduite que seul le spatial sera en mesure d’apporter. »
Une conquête qui fait saliver tous les GAFA.
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