Gilles Boyer est un fidèle d’Alain Juppé : après avoir dirigé son cabinet à la mairie de Bordeaux (entre 2002 et 2004, puis de 2006 à 2010), puis sa campagne à la primaire des Républicains (LR), il sollicite pour la deuxième fois le suffrage des citoyens.
La première fois, c’était en tant que candidat LR dans les Hauts-de-Seine, aux législatives de 2017. Gilles Boyer est battu par un adversaire République en Marche. Un camps qu’il a fini par rallier comme la plupart des juppéistes, à commencer par Edouard Philippe, dont il était conseiller à Matignon jusqu’à son investiture pour les Européennes.
12e sur la liste Renaissance de Nathalie Loiseau, donc en position éligible, l’ancien bras droit d’Alain Juppé mène la campagne en Nouvelle-Aquitaine auprès de Laurence Farreng, directrice de la communication de la Ville de Pau, en 15e position sur la liste.
Rue89 Bordeaux : Quelle relation personnelle entretenez-vous avec l’Union européenne ?
Gilles Boyer : C’est une relation assez ancienne, qui a commencé en 1983. J’avais 12 ans, j’étais en 5e, et j’ai fait un échange avec un collège allemand. J’ai gardé beaucoup de liens d’amitié avec cette famille à Francfort. J’y ai appris la langue, à un âge où les expériences sont toutes très marquantes. Cette expérience m’a ouvert l’esprit, une autre langue, une autre culture, un autre pays avec une histoire complexe. C’est la première fois où, sans le verbaliser ainsi, je me suis dit qu’il fallait qu’on tourne notre esprit vers ce qu’il se passait chez nos proches voisins et qu’on avait une communauté de destin.
On accuse souvent l’Europe d’être trop éloignée de la vie des citoyens. Quelle mesure a selon vous eut un impact particulier, bon ou mauvais, sur le quotidien d’un Bordelais ou d’un Néo-Aquitain ?
Lorsque l’on prend la peine de s’intéresser aux élections européennes, on s’aperçoit qu’il y a beaucoup plus de proximité que ce que l’on pense. C’est évidemment difficile de faire vivre un espace démocratique et citoyen de 500 millions d’habitants sur un territoire aussi vaste, mais l’UE est probablement l’un des espaces les plus démocratiques du monde, aussi bien par les Etats qui la composent que par son fonctionnement grâce à son Parlement.
Les chefs d’Etats et de gouvernements gardent la prééminence, ils sont élus et l’Europe a parfois pêché, ce qui exploite la distance par le manque de pédagogie. On n’entend jamais les élus locaux, lorsqu’ils inaugurent un gymnase ou un équipement, rappeler que l’Union a participé au financement.
La classe politique française, et j’imagine que c’est la même chose ailleurs, a sa part de responsabilité : on s’attribue toutes les réussites de l’Europe, et on rejette souvent toutes nos turpitudes, qui aboutit à une fracture entre l’opinion et l’UE. Notre objectif est de revenir au concret, d’expliquer ce que l’Union fait de positif.
On entend souvent : « Tu verras là-bas, c’est comme si tu entrais au couvent » car il n’y a pas de journalistes, pas de médias, pas de salle des quatre colonnes, pas de chaînes d’infos… C’est vraiment du boulot, parfois ingrat, mais toujours utile.
En quoi voter pour votre liste pourrait changer cela ?
L’idéal européen est dans l’ADN du macronisme, c’est là-dessus que le président a fait campagne, c’est aussi dans l’engagement des militants Marcheurs. Notre objectif est de lui donner à Bruxelles et à Strasbourg les moyens de son ambition européenne, d’être les plus nombreux possibles pour porter ses idées. Aujourd’hui, il n’a pas de députés européens pour accompagner, faire vivre ses idées à Bruxelles.
Nous souhaitons donner également les moyens de son leadership européen, développer une vision. Ce n’est ni le statut quo car nous sommes tous conscients que l’Union européenne peut s’améliorer, ni de tomber dans un euro-scepticisme avec un retour aux nations qui, à notre avis, est totalement vain.
L’objectif, c’est la « Renaissance européenne », c’est ainsi que l’on a baptisé notre liste, d’adapter l’UE aux défis du monde moderne. Elle a été conçue dans les années 50 ou 60, à un moment où il n’y avait ni défi climatique très clair ni défi migratoire ni compétition commerciale mondiale intense, ni danger terroriste… Donc elle n’a pas été imaginée pour affronter ces défis qui sont pourtant ceux de la génération qui arrive.
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