« Nous vivons des année noires, s’emporte une militante. Il n’y a aucune politique cohérente pour loger les sans abris, il n’y a que du baratin. Une politique, c’est des actions. Et là rien. Les politiques défilent après les expulsions et s’assoient avec des gens désemparés dans la rue cinq minutes et ils repartent chez eux. »
Comme à chaque saison estivale, la liste des expulsions s’allongent. Après celle du squat le Gars rage à Bordeaux, c’est au tour de La Zone du Dehors, à Saint-Médard-en-Jalles, un squat abritant plus de 120 personnes.
Ce jeudi matin, les forces de l’ordre sont arrivées en nombre pour évacuer la dizaine de maisons du hameau des allées Dordins. Une centaine de personnes occupaient les lieux, d’autres, alertées par la rumeur d’expulsion, étaient déjà parties.
« Des solutions temporaires »
L’expulsion s’est déroulée correctement selon une militante et « toutes les personnes ont pu récupérer leurs papiers, et les meubles ont été transportés dans un garde-meubles », affirme-t-elle.
« Il y a des hommes qui ont été embarqués dans des camions, s’inquiète-t-elle. Certaines risquent l’expulsion et on ne sait pas ce qui va leur arriver. Il y a également des femmes. »
Venu sur place, le député France insoumise, Loïc Prud’homme, a assisté aux évacuations. Interrogé par Rue89 Bordeaux, il déclare :
« J’ai demandé à voir la directrice du cabinet de la préfecture pour faire le point avec elle. J’ai pu constater qu’on propose encore des solutions temporaires. Il n’y a aucun suivi, ni sanitaire, ni juridique. Encore des personnes qu’on délaisse pour servir les projets immobiliers. »
En effet, aussitôt évacuées, les bulldozers ont démarré la démolition des maisons un peu avant midi. Un projet de construction des 500 logements est prévu à cet emplacement.
A 14h30, un rassemblement est organisé par plusieurs associations devant la préfecture de la Gironde « suite aux expulsions successives et à venir, et afin de dénoncer cette politique inique ».
Danger
Selon un communiqué de presse de la préfecture, a été évacuée « une soixantaine de personnes principalement de nationalité nigériane mais également arménienne, géorgienne ou européenne… ». Elle poursuit :
« Ces 15 pavillons dont 2 garages présentaient un danger important pour les occupants du fait de leur état avancé de délabrement.
Cette opération s’est déroulée dans le calme en présence des services de l’État et en particulier de la gendarmerie, du SDIS, de la direction départementale de la cohésion sociale (DDCS), de l’office français de l’immigration et de l’intégration (OFII). Des interprètes étaient présents pour s’assurer de la bonne compréhension des occupants. »
[…] Toutes les familles ont immédiatement été prises en charge et orientées vers un hébergement.
La plupart des demandeurs d’asile a été orientée par l’OFII dans l’un des centres d’hébergement de Nouvelle-Aquitaine. Les autres demandeurs d’asile éligibles seront reçus en début d’après-midi à l’OFII et se verront proposer une solution d’hébergement dans la région.
Un hébergement d’urgence a été réservé aux personnes en séjour régulier qui l’ont accepté. Certaines l’ont refusé.
Les personnes qui n’étaient pas en capacité de justifier de la régularité de leur séjour, ont été conduites à la gendarmerie de Saint-Médard-en-Jalles ou de Blanquefort pour des vérifications d’usage. Enfin, les personnes en situation irrégulière auront vocation à quitter le territoire français.
Les lieux libérés de toute occupation illicite ont été rendus à leur propriétaire qui a commencé les travaux de sécurisation afin d’empêcher toute nouvelle intrusion. »
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