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Maxime Ghesquière de Dynam’eau : « L’accès à l’eau relève de la dignité humaine »

Maxime Ghesquière est président de l’association Dynam’eau. Dans le cadre de notre saison off « Liberté(s) ça presse », nous l’avons interrogé sur la liberté d’accès à l’eau. En partenariat avec la revue Far Ouest.

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Maxime Ghesquière de Dynam’eau : « L’accès à l’eau relève de la dignité humaine »

L’association Dynam’eau a vu le jour en 2010 au lendemain d’une intervention au Maroc pour la création de blocs sanitaires dans une école. Cette structure bordelaise est ensuite intervenue, toujours en collaboration avec des associations locales, dans une école au Togo.

Maxime Ghesquière, président bénévole de Dynam’eau, se félicite aujourd’hui de voir les élèves de ces écoles accéder à des études universitaires, comme « des jeunes filles qui contribuent à l’émancipation de la femme dans ces pays et à améliorer les conditions de vie de leurs familles ».

Depuis 2015, Dynam’eau met son expertise au service de la Gironde où elle intervient dans les squats et bidonvilles du département pour y installer des compteurs, réparer les fuites et les systèmes d’assainissement, afin de permettre aux plus démunis d’avoir un accès à l’hygiène et à l’eau.

Rue89 Bordeaux : Comment définir l’importance de l’accès à l’eau de nos jours ?

Maxime Ghesquière : Chaque matin, la première chose qu’une personne recherche, c’est l’eau : pour faire son thé ou son café, pour prendre sa douche ou faire sa toilette, ou pour simplement boire… C’est un élément indispensable à la vie de chaque être humain. L’accès à l’eau relève de la dignité humaine et du respect de l’être humain.

De point de vue pratique, si une personne doit se rendre à un rendez-vous sans avoir accès à un minimum d’hygiène que peut lui apporter l’eau, c’est une chose très impactante sur son moral. Surtout que récemment en Gironde, nous avons connu une canicule difficile et il a été démontré que peu de fontaines publiques fonctionnent.

Or, il y a à Bordeaux des personnes et des enfants qui n’ont pas accès à l’eau et qui vont faire remplir des bidons pour pouvoir ramener l’eau chez eux, parfois dans des poussettes !

Quelle population est privée d’eau en Gironde ?

Au niveau national, plus d’un million de personnes vivent sans accès à l’eau. En Gironde, selon un recensement établi en collaboration avec Médecins du monde, il y a 2130 personnes. Et encore, il est difficile de faire le tour des 140 squats et bidonvilles identifiés sur le département.

Quel est le bilan de Dynam’eau sur le département ? 

Depuis 4 ans, Dynam’eau a amélioré l’accès à l’eau dans 15 lieux de vie. Il est difficile de dire combien de personnes ont pu bénéficier de ces actions puisqu’on intervient dans des squats et des bidonvilles où le nombre d’occupants varie selon les jours. Sachant que la durée d’une occupation peut varier entre 3 et 6 mois.

Comment décrire vos interventions ?

Nous sommes emmenés à installer des compteurs d’eau ou à améliorer les installations existantes. La plupart du temps, dans des lieux occupés sans droits ni titre, il y a des ouvertures d’eau sauvages qui génèrent des fuites importantes. Une fuite importante c’est 8000 litres par personne et par jour. Pour l’exemple, nous sommes intervenus dans un lieu à Bègles où on est passé à 80 litres par personne et par jour.

Quelle expertise peut apporter Dynam’eau ?

Depuis quatre ans, on travaille en coopération avec Médecins du monde, Architectes sans frontière, France libertés Gironde. La première étape sur laquelle on intervient est de faire un plaidoyer, c’est-à-dire faire identifier la problématique. Ensuite, notre mission est de faire avec les personnes et connaitre leurs besoins en points d’eau et en sanitaires.

Maxime Ghesquière, président bénévole de Dynam’eau (WS/Rue89 Bordeaux)

Avec qui travaillez-vous ?

L’association travaille avec le délégataire de service public qui est Suez France bien sûr. C’est lui qui gère le réseau public et faire sans lui est illégal. Il assure une partie technique qui est indispensable. Ses services connaissent le réseau. On travaille également avec d’autres acteurs : les services de Bordeaux métropole et les centres communaux d’action sociale. Mais aussi en coopération avec le Département ou la Préfecture.

La semaine dernière, nous avons rencontré le président de Bordeaux Métropole, Patrick Bobet. Il nous a assuré que, cet été, tous les immeubles squattés appartenant à sa collectivité seront raccordés à l’eau.

Qui prend les installations à sa charge et à quel nom un compteur est ouvert ?

Ouvrir un compteur d’eau n’est pas une chose très simple en France. Quand une communauté de 200 personnes s’installe sur un lieu, il est impossible d’avoir un nom. Dans le cas de Bordeaux Métropole, les compteurs sont à son nom et l’installation est à la charge de ses services. 

Pour ce qui est du coût, il y a plusieurs cas possibles. Si le compteur a été juste fermé, la réouverture peut coûter une centaine d’euros. S’il a été déposé par les services de Suez, il faut donc le réinstaller, c’est entre 1000 et 4000€. S’il faut faire le branchement, il faut compter 2000€ de plus.

Mais au-delà de cette installation, il faut aussi envisager le coût des toilettes et des sanitaires. C’est aussi indispensable que l’eau.

Sur quel lieu vous travaillez actuellement ?

Nous travaillons avec la direction des affaires sociales de Bordeaux sur un squat de la rue de Lajaunie où se trouvent des Roms et des Bulgares. Sur ce squat, il y a plusieurs accès à l’eau qui rejettent 25000 litres par jour depuis l’installation de ces personnes. Il faut trouver les compteurs pour voir intervenir.

Que deviennent les installations faites par vous après les évacuations des lieux ?

Dynam’eau a demandé à la Préfecture pour que, à chaque évacuation, nous soyons prévenus le jour de l’intervention pour récupérer le matériel. Une fois que le site est estimé sécurisé, on est prévenu. Il nous faut une à deux heures pour pourvoir récupérer les cumulus, les robinets, etc. Ils seront réemployés par la suite sur d’autres lieux.


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