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Derniers jours pour (re)découvrir le temple des Chartrons et l’hôtel de Ragueneau, ces joyaux bordelais

La saison culturelle « Liberté ! » est l’occasion pour le public de découvrir de nombreuses expositions, lectures et concerts, mais aussi de renouer, de manière temporaire, avec une part de son patrimoine architectural. Et en particulier l’hôtel de Ragueneau, ex local des archives municipales confié au collectif Yes We Camp, et le temple des Chartrons, remis en scène par le street-artiste Gonzalo Borondo. Visite en images.

Photos

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Derniers jours pour (re)découvrir le temple des Chartrons et l’hôtel de Ragueneau, ces joyaux bordelais

Le sous-titre du festival est explicite : « du siècle des lumières à l’esprit océan ».  C’est donc à travers cette proposition particulièrement ambitieuse que le parcours des visiteurs de Liberté ! a été pensé. Et si les champs de l’émancipation peinent parfois à être perceptibles parmi les 120 créations programmées, force est de constater que la biennale culturelle bordelaise met en lumière, au moins provisoirement, une part de son patrimoine oublié.

Le temps d’un festival, le temple des Chartrons se fait temple de la nature (EB/Rue89 Bordeaux)

A l’Hôtel de Raguenau, une Ambassade en Liberté !

Cet été, l’hôtel de Ragueneau, ancien local des archives municipales, devient ainsi, le temps du festival, un espace de rencontre convivial, sous le nom d‘Ambassade. Cet hôtel particulier, connu pour sa majestueuse glycine classée Arbre remarquable de France en 2012, est une des plus belles demeures bordelaises du XVIIe siècle.

La façade transfigurée de l’Hôtel de Ragueneau se fait lieu de rencontre et de lecture (EB/Rue89 Bordeaux)

Transformé en « quartier général », il abrite les évènements participatifs organisés par Yes We Camp, une salle de lecture, les cartes blanches musicales du label Délicieuse Musique ainsi qu’un bistrot temporaire. Des médiateurs y aident également les visiteurs à élaborer leur visite du festival qui fait cette année la part belle à la photographie.

Jusque dans l’Hôtel de Ragueneau, les boites à archives se transforment en boite à message (EB/Rue89 Bordeaux)

Le bâtiment accueille ainsi l’exposition de Yan Morvan, Anarchy in the UK, en partenariat avec la librairie-galerie La Mauvaise Réputation. Photojournaliste de guerre emblématique, récompensé par deux prix World Press, il nous plonge dans la contre-culture londonienne des années 70.

Trous dans les murs et tags à la bombe: l’immeuble abandonné était le site parfait pour scénariser l’exposition (EB/Rue89 Bordeaux)

Entre vie nocturne des punks et autres mods et vision drolatique du mariage de Lady Di, un vent de liberté souffle donc dans les couloirs du bâtiment, jusque là fort sage, qui accueille ses archives photographiques.

Les mods ou une plongée dans les tribulations de la jeunesse anglaise des années 70 (EB/Rue89 Bordeaux)

Merci, une forêt au Temple des Chartrons

Autre bijou caché qui semblait oublié depuis des décennies, le temple des Chartrons sert d’écrin au street-artist espagnol, Gonzalo Borondo. Construit en 1832 et cédé à la ville de Bordeaux en 1985, ce temple protestant était fermé depuis 30 ans. Il servait depuis de lieu de stockage pour le matériel du CAPC et du musée des beaux arts.

Les visiteurs de l’expositions sont invités à une expérience immersive propice à la découverte ou à la redécouverte des lieux (EB/Rue89 Bordeaux)

« Nous voulions vraiment utiliser l’âme de cet espace » déclarait l’artiste il y a quelques mois dans les pages du Monde. De discussions avec l’ONF et le Jardin botanique de Bordeaux, Borondo découvre que l’érection du temple coïncide avec la plantation de la forêt des Landes. Par son installation puissante, Gonzalo Borondo transforme alors le temple en une sombre foret, lieu de culte païen interrogeant notre rapport conflictuel à la nature et au temps.

Le style figuratif de Gonzalo Borondo renouvelle le street-art en alliant les techniques du graffiti et de la peinture classique dans un univers sombre et poétique (EB/Rue89 Bordeaux)

Un globe terrestre reconstitué à partir de l’architecture même de la nef constitue l’élément central d’une mise en scène monumentale. Des techniques mixtes : installations, peinture, vidéo et jeux de perspective, peints à même la pierre ou projeté sur l’orgue, redonnent vie au lieu. La mise en œuvre, recyclant des objets abandonnés qu’il a trouvé sur place, lui aura pris quatre mois. Tous les espaces du temple sont exploités, et sur les murs latéraux sont peintes de saisissantes évocations de Notre-Dame-de-Paris.

La mise en scène se prête au jeux de perspectives propices aux interprétations (EB/Rue89 Bordeaux)

Mais qu’adviendra-t-il justement, de l’âme de ces deux édifices, une fois les portes des expositions refermées ?

Incertitudes sur l’avenir

L’Hôtel de Ragueneau, construit en 1643 et propriété de la ville depuis 1860, était inoccupé depuis le déménagement des Archives municipales pour le quartier Niel-Bastide en 2015. La majorité estimant sa rénovation trop onéreuse (7 millions d’euros) avait envisagé de le vendre en janvier 2016.

L’édifice, classé au patrimoine historique, située à deux pas de l’hôtel de ville et d’une superficie de 985 m² avait a l’époque été estimé à 2 millions d’euros par France Domaine. Mais le projet de vente, défendu par Nicolas Florian alors adjoint aux finances, avait été mis en attente suite à une pétition et une levée de bouclier de l’opposition.

La mise en valeur de l’Ambassade joue avec les stigmates d’années d’abandon, visibles jusque sur la façade de l’Hôtel de Ragueneau (EB/Rue89 Bordeaux)

« Liberté ! a permis la mise en lumière tant des lieux que de l’intérêt des bordelais pour ces deux endroits qui ont été les plus fréquentés du festival », se réjouit-on à  la mairie de Bordeaux.

Mais pour l’heure, la mairie n’a pas formulé de projet pour ces deux lieux emblématiques du patrimoine bordelais. Leur devenir se confronte cependant à certaines limitations :

« Au temple des Chartrons, les conditions de sécurité, en particulier l’absence d’issues de secours est un frein à l’accueil du public pour des évènements à forte fréquentation. Quant à l’hôtel de Ragueneau, il faudra réactualiser l’estimation des travaux nécessaires à sa remise en état en fonction des projets qui pourraient y être développés » poursuit Maryvonne Fruauff avant de conclure : « Une fois la saison culturelle passé cela permettra d’ouvrir le débat entre les élus sur leur devenir. »

Comme lors de l’exposition « matière noire » présentée à Marseille en janvier dernier, Gonzalo Borondo interroge la question de la temporalité et de l’intégration de l’homme dans son environnement (EB/Rue89 Bordeaux)

#Art

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