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« Carnage derrière le grillage », les parcs d’attraction pour chasseurs en ligne de mire

En plein mois d’ouverture de la chasse, l’Aspas (association pour la protection des animaux sauvages) dénonce la cruauté des chasses aux sangliers organisées dans des parcs clôturés, où les chasseurs payent pour tuer. La Gironde serait particulièrement touchée par ce phénomène. L’Aspas a en outre tourné une vidéo en caméra cachée dans un enclos de Nouvelle-Aquitaine.

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« Carnage derrière le grillage », les parcs d’attraction pour chasseurs en ligne de mire

Sangliers, cerfs, daims, chevreuils, biches… Ce sont de véritables safaris au gros gibier auxquels ont assisté les enquêteurs de l’Aspas, après plusieurs semaines d’infiltration dans un parc de la Région. Si aucun recensement officiel n’existe, l’association estime à 1300 le nombres de parcs et enclos de chasse en France, réunissant 50 à 100 000 ongulés .  

De manière anonyme, l’un des enquêteurs de l’Aspas témoigne dans la vidéo qui cumule à ce jour plus de 167 000 vues sur Youtube :

« C’est un parc d’attraction pour chasseurs. Il y a des miradors, des routes tracées pour les véhicules et les quads, c’est un balai incessant. »

Il décrit la traque des sangliers qui ne peuvent pas s’échapper, poursuivis par les chiens et les chasseurs que l’on voit achever le gibier à coup d’épieux.

« Pour les sangliers, c’est un mélange de crainte et de nécessité, ils dépendent de ces voitures qui les nourrissent et quelques heures après, ces voitures accompagnent ceux qui vont les tuer. »

550 € le sanglier, 1200 à 3000 € le cerf

Cette pratique est-elle répandue en Gironde, plus grande fédération de chasse de France avec ses 40 000 chasseurs ? Dans son enquête, l’Aspas publie une carte (voir ci-dessous) qui tend à démontrer que la Gironde serait l’un des départements comptant le plus d’espaces clos contenant des ongulés.

Cette carte issue d’une étude de l’Office National de la Chasse et de la faune sauvage menée en 2012, recense l’ensemble des structures sans distinguer cependant leur vocation (chasse, élevage, agrément).  

Carte publiée dans le dossier de presse de l’ASPAS

Au contraire, Henri Sabarot, le président de la Fédération départementale des chasseurs affirme : 

« il n’y a pas d’enclos sur lequel on chasse le gros gibier dans notre département, c’est tout à fait marginal. »

Pourtant, une simple recherche sur Internet permet de trouver plusieurs sites proposant des chasses au sanglier, au cerf ou au chevreuil en Gironde.  Ainsi, à Saucats, un domaine de 1200 hectares annonce ses tarifs : 550 € le sanglier, 800€ la biche et 1200 à 3000 € le cerf. Si vous rentrez bredouille, ce sera 200 € (forfait de droit de chasse). A votre disposition également, une salle de découpe, une chambre froide et une plumeuse…

800 € la biche, 1200 à 3000 € le cerf… (DR)

En effet, certains propriétaires d’enclos (chasse possible toute l’année) ou de parcs (chasse uniquement pendant la période d’ouverture) facturent au nombre d’animal ou au forfait/journée. Des chasses commerciales loin d’être accessibles à tous les chasseurs vu les prix, comme le confirme cet ancien chasseur girondin qui souhaite garder l’anonymat :

« Il m’est arrivé de participer à ce type de chasse, parce que j’étais invité. C’est une activité pour les gens qui ont les moyens, pas pour un ouvrier.  Pour moi, c’est la même chose qu’un lendemain d’ouverture de chasse où on lâche des faisans d’élevage. Le dimanche, on est sûrs de les trouver là où on les a laissés, ils n’ont pas peur des hommes, ils restent au même endroit… Enclos ou pas enclos, c’est l’orientation que prend la chasse. Maintenant, il ne faut pas noircir le tableau. Les associations qui dénoncent cela, elles sont contre la chasse tout court. »

Apparemment, cette pratique de la chasse en enclos payante, n’est pas vraiment la tasse de thé de tous les chasseurs :

« Je suis chasseur et suis totalement contre ces pratiques . Ces personnes sont des tortionnaires et n’ont rien à voir avec nous », peut-on lire dans les commentaires sur la page Facebook de l’Aspas.

Pétition

Même si Henri Sabarot n’a pas souhaité s’étendre sur le sujet, le président de la fédération des chasseurs de la Gironde se prononce contre l’élevage de sangliers : 

« Je suis opposé à l’élevage et à l’importation de ces animaux. Nous sommes tournés vers la régulation des populations de sangliers sauvages chez nous, qui prolifèrent et provoquent des dégâts. »

En effet, depuis le 1er juillet dernier et jusqu’au 30 juin 2020, le sanglier est classé comme nuisible par la Préfecture de Gironde qui autorise des prélèvements en dehors des périodes d’ouverture de la chasse.

« Les chasseurs nous disent qu’ils ont du mal à réguler les populations d’ongulés sauvages alors pourquoi en élever et en importer, avec les risques écologiques et sanitaires que cela comporte, sans compter la cruauté de la chasse d’animaux en captivité  ? » s’interroge Madlin Rubin, directrice de l’Aspas.

C’est sur la base de cette « aberration » que l’association a lancé une pétition pour demander l’interdiction de la chasse en enclos.


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