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Pauvreté, précarité, expulsions… le Secours populaire s’inquiète, en particulier pour les enfants

Les personnes soutenues par le Secours populaire en Gironde sont en augmentation de 5% entre 2017 et 2018 contre une moyenne de 3,5% les années précédentes. Avec les expulsions estivales sur la métropole bordelaises, les chiffres risquent de bondir. Les mineurs et les jeunes majeurs sont particulièrement exposés.

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Pauvreté, précarité, expulsions… le Secours populaire s’inquiète, en particulier pour les enfants

Pour solliciter une aide alimentaire ou vestimentaire, un accompagnement santé ou simplement pour trouver un réconfort moral, 17065 personnes ont poussé en 2018 les portes du Secours Populaire en Gironde, contre 16260 en 2017. Soit une augmentation de 5%, plutôt significative au regard des évolutions les années précédentes (entre 3 et 4%).

Ainsi le Secours Populaire confirme les chiffres de l’Insee publiés début 2019 sur la pauvreté (42950 personnes vivent sous le seuil de pauvreté à Bordeaux – revenus de moins de 1015 euros par mois –, et près de 200000 en Gironde). Et les 1200 bénévoles girondins de l’association caritative n’ont pas chômé pour autant en 2019. Les expulsions de cet été ont même poussé à l’ouverture de certains locaux à Bordeaux habituellement fermés en août.

Alain Haneuse, secrétaire départemental, rappelle que « le Secours Populaire a écrit à la Préfète pour dire combien on était choqué par ces décisions contraires à nos valeurs ». Par ailleurs, la coordinatrice de l’antenne de la rue Malbec à Bordeaux, Pascale Couriou, ajoute que « ces expulsions ont déstructuré un réseau solidaire et ont perturbé l’équilibre du suivi ; ce qui a fragilisé le travail d’accompagnement ».

Les jeunes en première ligne

Cet état des lieux a été présenté ce jeudi à Bordeaux « dans un lieu symbolique : l’Escale des familles (rue Malbec, NDLR) » à l’occasion de la présentation de la campagne nationale « Pauvreté-précarité ». Outre les résultats d’un sondage sur la pauvreté en France, les chiffres de la Gironde ont été dévoilés.

La progression la plus importante, et la plus inquiétante, est celle des jeunes de 18-25 ans (1014 en 2018 contre 653 en 2017, soit une augmentation de 55%). Bien que leur nombre ne représente que 5,9% du total des personnes qui ont eu recours aux services du Secours populaire girondin, cela suppose que « la sortie de la minorité devient difficile » explique Alain Haneuse.

En effet, ce chiffre est en lien avec un autre, et non des moindres, celui des mineurs. Ils représentent 41,7% du total des personnes reçues par le Secours Populaire avec une progression de 11% (7112 en 2018 contre 6426 en 2017).

Par ailleurs, le grand pourcentage revient toujours aux adultes (26-59 ans) : 8065 en 2018 contre 7863 en 2017, soit 47,3% du total avec une progression de 3%. Les séniors (60 ans et +) représentent quant à eux 5,1% (874 en 2018 contre 756 en 2017, 16% de progression).

Une sortie JOV, journée des oubliés des vacances (photo Secours populaire Gironde)

« Souriraumètre »

Cette 13e étude nationale menée par le Secours populaire sur la pauvreté et la précarité revêt un caractère d’autant plus particulier qu’elle coïncide avec le trentième anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant. A cette occasion, la directrice de l’antenne girondine, Julie Minot, a rappelé que la Journée des oubliés des vacances (JOV) a fêté sa 40e édition cette année.

« Là aussi, nous avons constaté une augmentation importante des inscrits à la dernière JOV. Ils étaient 900, familles et enfants, contre 750 l’année dernière. Un quart des familles inscrites venait du reste du département en dehors de la métropole bordelaise. Nous avons dû affréter 17 bus. »

Pour cette journée qui s’est déroulée le 22 août dernier, la satisfaction de l’équipe s’est mesurée au « grand score du souriraumètre » des participants. En premier lieu les enfants, objet du focus de l’étude. Le secrétaire départemental insiste :

« Il faut noter que dans cette étude, un panel d’enfants de 8-14 ans a été interrogé sur sa perception de la pauvreté. 62% d’entre eux disent avoir peur de devenir pauvres un jour. »


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