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Les vœux de la députée marcheuse Catherine Fabre bousculés par des opposants à la réforme des retraites

Au soir d’une nouvelle manifestation contre la réforme des retraites, des opposants au projet du gouvernement se sont invités à la cérémonie des vœux de Catherine Fabre à Bordeaux. Après 30 minutes d’un dialogue impossible, la députée LREM de la 2e circonscription de Gironde a mis fin à l’événement et quitté la salle, entourée de policiers.

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Les vœux de la députée marcheuse Catherine Fabre bousculés par des opposants à la réforme des retraites

La députée crie dans la cohue :

« Vous n’êtes pas la majorité du peuple. On ne peut pas prendre en otage tous les Français. Ce soir, c’est une cérémonie de bilan. »

« Vous volez aux pauvres, vous donnez aux riches, voilà votre bilan de l’année », lui rétorque un homme excédé.

Trente minutes de clameur. Un face-à-face parfois véhément. Des chants, des slogans, des cris, deux pétards… La salle capitulaire de la cour Mably à Bordeaux n’avait jamais connu une telle agitation.

Ce jeudi soir, quelques heures après la manifestation intersyndicale à Bordeaux qui a mobilisé entre 4000 et 20000 personnes, des dizaines d’opposants à la réforme des retraites se sont donné rendez-vous à la cérémonie des vœux de Catherine Fabre. La députée République en marche (LREM) est aussi ambassadrice et responsable de la réforme des retraites auprès des parlementaires du groupe.

Parmi les trouble-fêtes, certains avaient rempli le formulaire d’inscription pour la cérémonie, d’autres ont déjoué le service d’ordre. D’autres encore ont simplement forcé le passage.

Avocats, enseignants, Gilets jaunes…

« Bonsoir à tous, on va pouvoir commencer notre cérémonie des voeux pour l’année 2020. »

La députée a à peine le temps de prononcer ces quelques mots que des avocats du barreau de Bordeaux, bâtonnier en tête, enfilent leur robe et déposent des cartes d’électeurs factices et des affichettes « Avocats en voie de disparition » au pied du pupitre.

« Le ras-le-bol n’est pas récent. On avait déjà montré notre mécontentement lors de la réforme de la justice il y a un an », rappelle Simon Takoudju, représentant des jeunes avocats du conseil de l’Ordre.

 

Dans la salle située en plein triangle d’or bordelais, une grande partie de l’auditoire se met à chanter à l’unisson l’hymne des Gilets jaunes :

« On est là, on est là, même si Macron ne le veut pas, nous on est là ! »

Catherine Fabre se retrouve (quasi) seule – les quelques sympathisants de la députée présents dans la salle se font discrets – face à la vague de colère qui défile dans la rue depuis le 5 décembre.

« C’est la première fois que je vois une politicarde », lance un Gilet jaune, qui se réjouit de l’opération.

« Est-ce qu’on peut se parler ? »

« Je vois bien la démonstration de force, mais est-ce qu’on peut se parler ? », demande la députée, micro en main.

La tentative est un échec. A tel point qu’elle cherche en Philippe Poutou, porte-parole du NPA, un interlocuteur. « Ha non, pas moi ! », lui répond-il tout sourire.

« L’idée, c’était de montrer qu’il y avait de l’agitation. Le rapport de force est la seule façon de dialoguer avec ce gouvernement », expliquera un peu plus tard l’ancien candidat à la présidentielle.

De l’agitation, il y en a. Certains passent derrière le pupitre, prennent le micro. D’autres haussent le ton ou chantent « on veut du homard ! ».

Une réforme « magnifique »

La députée descend de l’estrade et tente, face à ceux qui l’interpellent, de défendre cette réforme qu’elle « assume » et « trouve magnifique ». Elle le répète à qui veut l’entendre que sa « porte est ouverte pour en parler ».

« J’ai toujours accepté des auditions quand on me les a demandées. Mais là, la réunion publique est prise en otage. Les conditions ne sont pas respectueuses. »

Pour Pierre Leroy, jeune directeur d’école à Sallebœuf (33) et membre du collectif Rive droite, la soirée illustre le « dialogue de sourds » qui s’est instauré.

« L’an dernier, j’avais interpellé la députée sur la loi Blanquer [réforme de l’enseignement, NDLR]. Avec d’autres enseignants, on avait eu un rendez-vous avec sa collaboratrice, où on a pu poser nos questions. On devait avoir un retour, on n’en a jamais eu », regrette-t-il.

« Débat cadenassé »

Il est 19h39 quand la députée remonte sur l’estrade et prend la parole :

« La cérémonie ne peut pas avoir lieu dans de bonnes conditions, je vais vous demander de quitter les lieux. »

Les manifestants applaudissent.

« On n’a pas empêché la tenue de la réunion, on a porté contradiction à LREM dans ce débat totalement cadenassé », estime Yves, critique de théâtre à Bordeaux.

Des policiers de la brigade spécialisée de terrain – l’un d’eux muni d’un LBD – accompagnent Catherine Fabre jusqu’à la sortie. Les opposants à la réforme l’assurent : ils ne vont pas attendre le 24 janvier, date de l’examen du projet de loi en conseil des ministres, pour mener de nouvelles actions.

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