
Une quarantaine d’acteurs culturels bordelais signe cette tribune sous le nom « Bordeaux Culture 2020 ». Artistes ou directeurs de structures, ils souhaitent « profiter des élections municipales pour porter un regard sur l’évolution culturelle de Bordeaux et les chantiers à entreprendre dans les années qui viennent ». Ils appellent à voter Nicolas Florian, le maire actuel de Bordeaux et candidat à sa propre succession.
« La culture est ce qui a fait de l’homme autre chose
qu’un accident de la nature. » André Malraux
Du poète romain Ausone à l’écrivain François Mauriac, en passant par Montaigne et Montesquieu, sans oublier André Lafon ou Chantal Thomas pour la littérature, les pionniers Roger Lafosse (Sigma) et Jean-Louis Froment (CAPC) pour le théâtre et l’art contemporain, Alain Lombard et Marc Minkowski pour l’Opéra, Eliane Lavail ou Alexis Duffaure pour le chant, les groupes Noir Désir, Gamine, Pendentif, et Odezenne pour la musique, les nombreux collectifs de musique électronique… le lien entre Bordeaux et la création artistique est multiple et intime.
Ville inspirante autant qu’inspirée, Bordeaux a toujours su recevoir des artistes (Pink Floyd à Sigma, Keith Harring au CAPC, Gonzalo Borondo au Temple des Chartrons) tout comme en faire émerger, assumant pleinement son rôle de port ouvert sur le monde. Mais le danger serait de trop regarder vers ce glorieux passé et d’ignorer tout ce qui aujourd’hui grouille dans nos caves, nos interstices, nos marges et qui sera demain en pleine lumière grâce à nos institutions. Le rôle d’une municipalité est d’être à l’écoute de ce bouillonnement et de garantir à chacun des droits culturels. C’est du dialogue entre l’impulsion politique et la totale liberté de création laissée aux artistes que naît la politique culturelle.
La spectaculaire rénovation de Bordeaux, qui s’apparente à une « révélation » de la ville à elle-même entreprise par Alain Juppé a considérablement impacté la création et la diffusion de l’art dans notre ville. Les quais investis par les familles, les sportifs, les touristes mais aussi les artistes, les danseurs, les photographes, les vidéastes témoignent de cette ébullition à ciel ouvert. Cette vitalité s’exprime dans tous les quartiers et pour tous les publics. Pour nous Bordelaises et Bordelais, artistes et acteurs culturels, partenaires éducatifs sociaux socioculturels, c’est une fierté* que nous devons aux 300 associations culturelles, émergentes ou confirmées, qui œuvrent sans relâche, aux institutions qui font rayonner Bordeaux et aux industries culturelles qui représentent plus de 15 000 emplois dans notre métropole.
Entre 2014 et 2020, chacun a pu constater une effervescence culturelle nouvelle et les efforts des pouvoirs publics pour soutenir ce développement grâce à l’ouverture d’équipements nouveaux et attendus (l’Aréna, POLA, le Muséum, les Archives, la Bibliothèque de Caudéran, la Salle des fêtes du Grand Parc…et bientôt les « Bassins de Lumières ») ; le soutien à l’émergence d’une nouvelle génération d’artistes porteurs de projets dynamiques et ouverts sur le monde ; une montée en puissance inédite de l’initiative privée en direction de la culture grâce notamment à la Cité du Vin, au Musée Mer Marine, à la Station Ausone ou bien à l’Institut culturel Bernard Magrez. Et l’écosystème Darwin bien sûr, qui interpelle la planète lors des différentes éditions du festival Climax en invitant des grandes figures du monde moderne.
Les différentes saisons biennales, autour de thèmes aussi ouverts que fédérateurs (Paysages en 2017, Liberté en 2019, Bienvenue en 2021) font rayonner Bordeaux et participent au climat d’apaisement et de dialogue indispensable à l’équilibre comme à la dynamique de notre cité.
Mais, les tensions sociales et sociétales qui secouent notre pays et notre ville, comme les crises et mutations qui traversent le monde artistique, à commencer par la précarité de beaucoup d’artistes, doivent amener la municipalité à repenser la politique culturelle. Elle doit plus que jamais avoir pour ambition de répondre aux besoins ou attentes de l’ensemble de la population et être un outil de sa cohésion.
Le rôle de la municipalité n’est pas de se substituer aux initiatives mais les accompagner du mieux possible et surtout de fixer un cap. Nous pensons que de nouvelles priorités doivent être établies, sans renoncer à notre ambition, sans renoncer à une forte dimension créative et innovante, sans renoncer à l’excellence. Bordeaux doit désormais faire de la culture, qu’elle soit bordelaise, métropolitaine, régionale, nationale ou mondiale, le ciment de la cohésion sociale et territoriale.
Aussi pensons-nous pour l’avenir, que plusieurs objectifs doivent être prioritaires :
- renforcer l’autonomie des lieux culturels et compléter le maillage territorial, en lien avec les acteurs socioculturels, dans tous les quartiers de la ville, accessibles aux professionnels comme aux amateurs
- rendre l’offre culturelle existante encore plus accessible grâce à une politique de médiation ambitieuse
- faire de Bordeaux un véritable laboratoire de la création artistique en soutenant l’émergence et en permettant aux artistes de se loger et de créer à Bordeaux
- protéger, restaurer et valoriser notre première richesse : le patrimoine
Compte-tenu du travail accompli depuis 1995, et singulièrement ces 6 dernières années, nous faisons confiance à Nicolas Florian, Maire de Bordeaux, et à ses équipes pour relever ces beaux défis.
Enfin, pour bâtir cette nouvelle feuille de route collective, nous proposons l’organisation, dans les semaines qui suivent l’élection, des « Etats Généraux des arts, de la culture et du patrimoine » afin d’associer le plus grand nombre, artistes et public, à la construction de cette ambition renouvelée pour Bordeaux.
* un sondage IFOP réalisé en 2018 révèle que 81% des bordelais sont satisfaits de la l’offre culturelle
Signataires :
Thierry LOUNAS, producteur
Francis VIDAL, Association Allez les Filles
Salvatore CAPUTO, chef de Choeur de l’Opéra National de Bordeaux Aquitaine Directeur artistique du Festival EUFONIA
Vanessa FEUILLATE, Danseuse Présidente de l’association Cœur d’étoile
Eloïse VENE, photographe et plasticienne
Azama EFFILOCHEE, plasticienne
Pierre BRAUN, Directeur d’une école d’art graphique
Christian JEAN-DIT-CAZEAUX, membre de Académie Nationale des Sciences Belles-Lettres et Arts de Bordeaux
Marie-Christine DULUC, Directrice de la Galerie DX
Maxime LEBRETON, Président Fondateur de Mécénart
Jacques LAPOINTE, Président commission culture et Humanisme au Lions Club Bx Lafayette
Paul Arnaud PEJOUAN, Directeur artistique du Festival L’Esprit du Piano
Christian LAUBA, Compositeur
Nathalie LAMIRE-FABRE, Directrice de la Galerie Arrêt sur l’Image
Michel PETUAUD-LETANG, architecte membre de Académie Nationale des Sciences Belles-Lettres et Arts de Bordeaux
Christine POHU, Président de l’Agora des Arts
Marc PINAUD, Président de l’Association Danse avec Nous
Eric SANSON, comédien Directeur du Petit Théâtre
Michel CAHUZAC, comédien Directeur artistique de la Compagnie Présence
Vincent BARENNES, Président de la Maîtrise de Bordeaux
Elisabeth VIGNÉ, Présidente de l’Association Villa 88 Présidente du Conseil d’Administration du Quatuor à Bordeaux et de l’association des amis du Musée Mer Marine
Jean-Pierre TERRACOL, Directeur du Théâtre La Lucarne
Marie-Hélène QUILLERÉ, Présidente d’Association Culturelle
Bernard LEGUE, Président d’un Club Photo
Pascal MARECHAL, Président d’un Club sportif et culturel
Francis BIANCONI, réalisateur
Marie-France SOURD, ancienne Présidente départementale de Bibliothèque pour tous
Guillaume FEDOU, écrivain artiste
Bruno BEURRIER, guide conférencier
Lionel GAUDIN-VILLARD, chef d’orchestre
Philippe CLAVIE, Président de Renaissance de l’Orgue à Bordeaux
Daniel PICOTIN, ancien Député et Conseiller Régional membre de la commission Culture membres de différentes associations culturelles
Marie-Bénédicte DE LA ROCHEFOUCAULD, Directrice d’une école d’enseignement supérieure culturelle
Matthieu LAFOREST-FOURNIER, chanteur lyrique
Luciana MORGERA, Présidente de La Bella Bordeaux
Béatrice VENDEAUD, collectionneuse Directrice des partenariats
Joëlle VIAUD, artiste-peintre
Christelle OTTAVIANO, artiste-peintre
Julien DIEZ, artiste et galeriste
Freddish PAPRITZ, peintre grapheur sculpteur urbain
Stephane ROUGIER, musicien
MAMA ROSE, Présidente d’association
Régine DE BOUSSAC, membre des amis du CAPC
Marc LAJUGIE, Président d’associations culturelles
Alain BENOIT, photographe
Marc FAUJANET, libraire et chef d’entreprise
Jean-Luc BENGUIGUI, Directeur Général d’une association socio-culturelle
Philippe MASSOL, Directeur Général de la Cité du Vin
Anthony EGÉA, Danseur et chorégraphe
Qui en sont les signataires?
Un ensemble d'acteurs clairement dépendants de la ville, de par leurs baux d'occupation, leurs positions de salariés d'équipements dépendant directement de la ville, d'entrepreneurs privés qui font affaire avec ses services. Il faut dire que ces dernières semaines, nous avons été nombreux à être "sollicités" (pour ne pas dire plus) pour la signer cette tribune. On pourra comprendre que certains (sur les quarante) aient fini par céder...
On pourra remarquer qu'aucune des structures "exemplaires" mentionnées - Darwin, l'Orangeade, Pola, Station Ausone... - dans ce texte n'a apposé son nom, ni même les artistes - Odezene, Pendentif - (à moins que je n'ai raté le paraphe de David Gilmour;).
Il serait intéressant de leur demander si leurs positions correspondent à celle que ce texte semble sous-entendre.
Enfin, on pourra questionner sa forme, qui laisse planer le doute entre une proposition engagée à l'ensemble des candidats à la mairie et un appel partisan à soutenir un candidat qui n'a pas publié une ligne sur la culture dans son programme.
Au passage, amis de rue89, il serait bien que vous vous saisissiez de manière moins télécommandée de la question culturelle plutôt que de diffuser une tribune clairement pilotée (rédigée? on reconnait le lexique du dossier de presse de la saison "Liberté") par une équipe candidate. C'est tuer le débat public que de l'ouvrir sur position partisane.
Comme toute tribune, celle-ci n'engage que les personnes qui l'écrivent et la signent. Ses signataires sont suffisamment nombreux pour avoir voix au chapitre.
En aucun cas une tribune ne constitue pour nous une manière "télécommandée" pour parler d'un sujet. Au mieux, elle suscite le débat et tant mieux (la preuve !). Le débat, c'est notre ADN (l'info à 3 voix) comme nous l'avons évoqué à plusieurs reprises.
Quant à nous saisir de la question culturelle, nous l'avons souvent fait et notre impartialité est indiscutable. Pour ce qui est de la culture par le prisme de la campagne municipale bordelaise, nous attendons les propositions des candidats et nous ne manquerons pas de les analyser.
Bien à vous
Je ne comprends pas le sens d'une telle tribune, à fortiori dans Rue 89.Hormis que les signataires ne représentent pas le paysage culturel bordelais, celle ci se permet par contre d'en citer. La publication d'une telle tribune qui certes comme vous le dites Monsieur Walid Salem, n'engagent que celles et ceux qui l'écrivent, n'en est pas moins un espace polémique plus qu'un espace de propagande. Et une polémique n'est pas un débat. Vous semblez confondre l'une et l'autre et je le regrette. Votre publication est polémique, elle met en porte à faux des acteurs sincères qui peut être se risqueront à l'exercice de la réponse par soucis d'atteinte à leur intégrité. Cela engendrera une "escalade" médiatique stérile bien loin des préoccupations réelles qui sont à faire valoir sur ce territoire. Questionner les élus ou les prétendants à ces postes, oui, évidemment ! Créer un espace de débat dans lequel chacun pourra s'inscrire en laissant parler les urnes pour celles et ceux qui croient encore au vote, oui, mais franchement, la publication de ce "machin" qui serait censé créer de la parole, c'est assez bas de votre part. Il ne s'agit pas d'impartialité contrairement à ce que vous dites. La presse s'il en est encore certaines libres (et je vous soutiens par abonnement), ne devrait certainement pas être le brouillon à peine lisible d'une campagne en devenir. Et malgré vous, c'est ce qui transparait dans cette tribune. Non pas que vous appeliez à suivre ces 40 signataires, fort heureusement, mais simplement à diffuser une info qui est fausse (rayonnement supposé de Bordeaux, vitalité, etc...), vous tentez de susciter de la réaction. Et comme nous le savons j'espère tous, la réaction n'est pas une certaine forme d'intelligence, juste une égratignure dans l'intégrité des personnes visées.
Je suis très attristé de voir cela dans votre journal. J'en suis presque à regretter de m'être abonné. Mais là encore, ce serait de la réaction de ma part. J'espère Monsieur Walid Salem que vous saurez mettre un peu de clair dans cette publication plutôt que croire que c'est aux acteurs culturels de répondre à un faux débat. A part un étripage public, je vois pas trop le sens. Je n'adhère pas à ce genre de presse. D'ailleurs ça n'en est pas une. Je soutiens certains acteurs culturels cités dans cette tribune et certaines initiatives périphériques. Je suis preneur de débats, de choix sur des politiques culturelles, mais je ne suis pas preneur de publications de cette ordre dans un média qui se veut indépendant et impartial. Ce n'est ni aux personnes qui l'ont écrites ou signés, ni aux personnes qui seraient tentés d'y répondre que j'en voudrais, mais simplement à votre journal ou bien à vous directement, qui à cet endroit est creux.
Cordialement
Jusqu'à ce jour, la culture semble être le parent pauvre de la campagne municipale à Bordeaux. Nous sommes à six semaines des élections et aucune proposition n'a été faite. Par ailleurs, et paradoxalement, aucune voix ne s'est élevée pour le dire, réclamer des engagements, ou proposer une feuille de route (mis à part ce pertinent questionnaire).
A Rue89 Bordeaux, nous avons saisi l'opportunité de cette tribune pour provoquer ce débat. C'est bien un débat, non pas une "polémique", ni une "propagande". En revanche, ce que je ne comprends pas, c'est votre formule : "diffuser une info qui est fausse". C'est à dire ?
Je peux entendre que vous ne soyez pas en phase avec ce qui est dit, mais il ne faut se perdre dans des interprétations qui nous prêtent de mauvaises intentions et qui éloignent tout le monde du sujet principal. Sincèrement !
Je me permets en tout cas de partager avec vous un autre message que j'ai reçu par ailleurs, venant d'un autre collectif culturel impliqué : "Merci, cette tribune nous permet de répondre !"
Enfin ! j'ai envie de dire. Ainsi commence une concertation.
Cordialement
carte blanche a Thomas Cazenave pour une nouvelle génération ..
La cité du vin, l'institut Magrez... Voilà ce qu'on va nous chercher pour essayer de faire reluire un éclat terni par des années de gestion pépère de droite. Juppé a fait beaucoup pour éteindre les quelques lampions qui brûlaient encore malgré le vent mauvais.
Le gros problème, c'est qu'à ma connaissance les listes de gauche ou d'extrême-gauche, vers lesquelles me pousseraient mes funestes penchants, ne parlent pas de culture, tout simplement. On est mal partis pour réenchanter le monde, je trouve.
Quant aux commentaires qui reprochent à Rue 89 de publier cet appel, ils semblent ignorer ce qu'est la presse, quand les journalistes font leur boulot et sont à l'écoute des bruits et clameurs de la ville.
Sur le problème de la culture à Bordeaux, je ne pense pas que Rue 89 puisse ouvrir et entretenir un débat serein dans ses colonnes et je doute que vous en ayez raisonnablement eu l’intention. Le nombre de structures et d’acteurs culturels bordelais qui se sentent abandonnés et/ou exclus est malheureusement bien plus important que les quarante bienheureux signataires de ce tract.
Je m’arrête là car la polémique pointe son nez et ce n’était pas le but de ma lettre.
J'espère que vos abonnés sauront en tirer les conclusions adéquates.
Pourquoi diable n'ont ils pas confié leur bafouille au Sous-doué pour toucher plus du monde ? Ils avaient les monges ou quoi ? ils se faisaient aux gueilles ?
Rue89 pourra remercier chaudement la Mairie de ce coup de main inattendu. C'est la 1ère fois que je vois autant de réactions à un billet.
Francis, merde, qu'est-ce qui t'a pris de fricoter avec ces BCBG's à 2 balles ? On va t'offrir des mocassins à pompons à ton anniversaire, si tu continues.
TH pour le Parti des 3M et un (ou plusieurs) parachutages de qualité pour sauver Bordeaux ma ville de la médiocrité crasse.
Cordialement.
Aussitôt, je me demande: mais alors, qui connait LE lieu pour en débattre ?
Quelqu'un connait-il LE lieu pour en débattre ?
Dans l'affirmative, qu'il se dénonce.
Et nous continuerons la Controverse de Bordeaux à cet endroit indiqué par ses soins.