« Personne ne nous enlèvera le bonheur ressenti, la fierté du travail bien fait et le sentiment que tous ces efforts durant ses longues années se voyaient enfin récompensés. »
Soit ! Mais la joie esquissée par Laurent Marti devant l’étrange coup d’arrêt de la saison 2019-2020 – suspendue depuis la 17e journée le 1er mars – n’est pas totale. Le président de l’Union Bordeaux Bègles se réjouit certes de « l’avance de points […] historique » de son club leader sur les poursuivants et de la « moyenne de 25 000 spectateurs par match » !, mais il ajoute sans détour :
« Il y a eu des coups bas, la réussite de l’UBB cette saison a provoqué de mauvais sentiments. Très tôt, les présidents ont voté majoritairement pour que cette saison soit totalement effacée, écartant d’un revers de main toutes les possibilités proposées par la ligue de donner au démarrage de la saison prochaine un quelconque avantage à ceux qui avaient pris tant d’avance au classement. »
Il faut repartir donc de zéro pour la saison à venir. L’UBB, menée par son nouveau manager Christophe Urios, espérait enfin toucher le Brennus sous la présidence de Laurent Marty et ramener le bouclier sur les terres girondines où il n’est plus revenu depuis 1991 et le sacre du CA Béglais. Les hommes d’Urios ont brillé pourtant par leur efficacité qui leur a permis de prendre la tête du championnat avec 61 points, devant Lyon LOU (53 points) et les parisiens du Racing 92 (46 points).
Survie du club
Laurent Marti est amer de voir filer le trophée. Il est aussi amer d’avoir échouer à imposer des phases finales :
« Longtemps je me suis battu pour que l’on nous laisse la possibilité de défendre nos chances [… et] disputer des phases finales en Août. Puis l’évolution du Covid, l’avertissement par le corps médical du danger encouru par nos joueurs à une reprise de l’entraînement sans test et enfin l’annonce du huis clos ont sonné le glas de nos espoirs. J’ai été le premier à voter pour l’annulation de ces phases finales car je considérais que la sécurité de nos joueurs et de vous tous étaient prioritaires. »
Ce schéma aurait fait que l’UBB joue les demi-finales à domicile face à Toulon. Seulement l’effectif n’aurait pas été le même. Les contrats des joueurs ne courant que jusqu’à fin juin, un sacre aurait eu lieu sans Adrien Pelissié, Peni Ravai, Lucas Meret, Masa Tutaia, ou encore Semi Radradra, acteur majeur de cette saison. Le président regrette justement ne pas avoir rendu un hommage adéquat à « ces garçons [qui] auront énormément apporté au club ».
Bref, le coronavirus en a décidé autrement pour la saison 2019-2020. Il menace encore celle de 2020-2021 puisque rien n’a encore été décidé quant à la reprise. La première hypothèse évoque un début en septembre avec des matches à huit-clos alors que la deuxième avance un démarrage en décembre ou même janvier 2021.
« Nous ne savons pas de quoi sera fait le futur, si l’on retrouve le terrain devant des tribunes pleines cela signifiera que cet effroyable virus aura arrêté de nous séparer de ceux qui nous sont si chers, écrit Laurent Marti. […] Mais quand le Covid nous aura quittés, nous devrons mener un autre combat : celui de la survie du club. »
En effet, bien qu’une aide l’État soit annoncée pour les clubs, l’absence de rencontres nationales et européennes privent ses derniers d’importantes rentrées financières. En attendant, le bouclier de Brennus reste au chaud au siège du Stade toulousain, champion 2019 et 7e du classement actuel.
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