Tout en reconnaissant son intérêt pour prévenir l’explosion du trafic automobile à l’issue du confinement, l’exécutif de Bordeaux Métropole rejette pour l’instant la proposition du groupe écologiste d’aménagements cyclables temporaires, notamment sur les boulevards. A contre-sens des « pistes cyclables coronavirus » testées dans de nombreuses grandes villes du monde comme alternative aux transports en commun.
« Face à la pandémie, changeons de voie », estiment les élus écologistes de Bordeaux Métropole, qui voudraient que celle-ci favorise le vélo dans l’optique du déconfinement prévu à partir du 11 mai prochain.
« Les épidémiologistes estiment que le vélo serait le principal moyen de transport permettant la distanciation sociale, justifient-ils. Et, en limitant la pollution, facteur aggravant de transmission du Covid-19, il permettrait ainsi de réduire la propagation du virus. »
Or certains experts redoutent qu’à l’issue du confinement, nombre d’usagers des transports en commun, effrayés par le virus, privilégient l’usage de la voiture.
Pistes Covid-19
Les conseillers métopolitains EELV ont donc suggéré au bureau de Bordeaux Métropole d’inciter à la pratique du vélo en « sanctuarisant des espaces pour les cyclistes, soit en élargissant les aménagements cyclables sur l’espace des voies adjacentes dévolues aux voitures, soit en réservant une file de circulation aux cyclistes ». L’expérimentation pourrait démarrer sur les boulevards bordelais, puis être étendue aux cours et pénétrantes
Ces « pistes cyclables coronavirus » sont testées dans de nombreuses grandes villes du monde, de Bogotá à Berlin, en passant par New York. En France, Paris et Montpellier veulent aussi de tels aménagements temporaires pour offrir es alternatives non polluantes aux transports en commune
« Faciles à mettre en œuvre et peu coûteux », rappellent les élus Verts, ils sont bien plus ambitieux que les pistes actuellement en travaux sur les boulevards de Bordeaux, seulement configurées pour un seul cycliste dans chaque sens. C’est de l’ « urbanisme tactique », avec des aménagements qui peuvent être pérennisés, ou retirés s’ils ne fonctionnent pas.
Le maire n’embraye pas
« Sur le plan théorique, c’est une bonne idée, leur répond Patrick Bobet, le président de Bordeaux Métropole interrogé par Rue89 Bordeaux. Les personnes auront tendance à reprendre leur voiture, et il faudra bloquer un peu ça. »
Sauf que le maire de Bordeaux, premier concerné par de tels aménagements, n’est pas très chaud.
« Il y a l’idéal et la réalité des choses, commente Nicolas Florian. On peut utiliser ce temps de ralentissement pour engager des aménagements cyclables déjà identifiés et intégrés pour le devenir des boulevards. La triste réalité, c’est qu’aujourd’hui les reprises de chantier ne se font pas de façon spontanée (…) avec des contraintes en termes d’actions pour les entreprises. Cela risque d’être compliqué. »
Par ailleurs, le maire « ne croit pas que dans les premières semaines qui suivront le déconfinement, on ait intérêt à ralentir ce que pourra être une reprise d’activité », selon lui « la priorité des priorités » (les responsables de la métropole ont annoncé ce jeudi l’augmentation de leur fonds d’aide aux entreprises, porté à 15,2 millions d’euros – article à suivre dans Rue89 Bordeaux).
Si Nicolas Florian souligne avoir signé les orientations de Vélo-Cité, reprises dans son programme électoral, c’est donc pour lui « du moyen terme ».
« Si nous ne mettons pas tout de suite en place ces mesures, le changement de modèle prôné par beaucoup ne sera qu’une chimère et nous ne pourrons que constater une thrombose automobile et une pollution encore plus importante qu’auparavant », préviennent les élus écologistes.
Avis éclairés
L’attachement au « monde d’avant » se manifeste aussi dans une autre décision des maires de Bordeaux et du Bouscat : celle de ne pas éteindre l’éclairage public la nuit, comme l’ont là aussi testé de nombreuses communes en France à l’occasion du confinement. Source d’économies potentielles, cette extinction est aussi bénéfique à la vie de la faune nocturne. Mais Patrick Bobet leur oppose des arguments étonnants :
« Quand vous avez un certain âge et que vous vous réveillez la nuit, le fait que tout soit tout noir dans la rue peut être une source d’angoisse. Et c’est bien pour la faune nocturne, sauf que si c’est juste pour un ou deux mois, elle va vivre un second traumatisme » quand tout sera rallumé la nuit après le confinement.
Les lumières attendues au bout du tunnel de la pandémie ne seront peut-être pas celles que certains espèrent.
Jusqu'à la tribune du journal de propagande municipale bordelaise, où l'opposition peut s'exprimer, qui par la voix du groupe écolo ne mentionne à aucun moment le "problème" de la bagnole en ville dans son article sur "la reconversion écologique"...
Autre chose :
"Nicolas Florian souligne avoir signé les orientations de Vélo-Cité, reprises dans son programme électoral [...]"
Cette belle asso collaboratrice du systéme politico-médiatique local elle en passe quoi de ce qui risque de se passer... ?
On avait déjà eu l'occasion d'entendre un de ses chenus responsables critiquer le tram sur le tracé de la ligne D, sans aménagements cyclables, mais en se gardant bien de proposer la solution d'y limiter stationnement et circulation automobile...! La voix de son maître...? Bien sûr faire le toutou vaut bien les subventions pour cinq ou six salariés en charge de la com de Bordeaux et son interco...
Cela pourrait diminuer la circulation et la pollution sonore et olfactive sur les boulevards. C’est vrai qu’en ce qui concerne le souci de la distanciation entre les individus, ne reste que le vélo. Avec une vraie voie dédiée, histoire de ne pas risquer sa vie au quotidien.
Excellente idée de EELV. Tiens, je vais voter pour eux. Merci.
En effet, le virus peut s'accrocher aux particules fines et ultrafines émises par les pots d'échappement, notamment (mais pas que) des véhicules diesel. Quand ces particules (auxquelles le virus est accroché) sont inhalées, le virus entre dans le corps, contaminant la personne.
Ces particules, en se diffusant dans l'air, permettent au virus de se déplacer sur de plus grandes distances, et donc de contaminer potentiellement plus de gens.
Laisser la circulation reprendre comme avant, sans restriction d'usage ni mise en place de solutions alternatives (comme l'aménagement de davantage de pistes cyclables), revient donc à faciliter la diffusion du coronavirus lorsqu'il sera vraiment présent dans notre région (ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui).
"Pourquoi ne pas mettre en service un Tram-Bus (comme c’est le cas à Nantes) sur une voie dédiée".
La difficulté c'est que le fameux "Busway" nantais est complètement insuffisant pour répondre à la demande de transports urbains :
les élus ont renoncé au départ à construire une quatrième ligne de tram pour le quadrant SE de l'agglo pour une raison de coût et les bus articulés ont rapidement été saturés. Les bus bi-articulés ne changent rien à la situation... Et avoir renoncé à une nouvelle ligne de tram c'est également l'assurance de ne pas comptabiliser des dizaines de millions de nouveaux déplacements annuels par ce mode au détriment de la bagnole.
Même topo sur les boulevards à Bordeaux, avec en plus s'interdire avec ce mauvais choix la possibilité de mettre en service des lignes de tram directes entre les grands pôles de l'agglo qui générent le plus de trafic, pour désengorger le centre-ville, limiter les correspondances et augmenter la vitesse commerciale :
par exemple une ligne gare St-Jean / campus-hôpital Pellegrin par les boulevards, ou encore rive droite / gare St-Jean / campus Talence-Pessac-Gradignan et d'autres relations directes encore...
https://www.dailymotion.com/video/x7tcd6m
il ne s'agirait pas, pour la commune centre, d'en rajouter une couche, et de retarder de six années supplémentaires les chantiers à démarrer pour transiter au plus vite et sortir de ce XXe s.avec les problèmes structurels urbanistiques qu'il nous a légués :
pistes cyclables supplémentaires et nouvelles lignes de tram dans le coeur d'agglo au détriment de la place de la bagnole font partie des travaux à lancer dans l'urgence ;
cependant la relève potentielle n'est vraiment pas à la hauteur des enjeux immédiats, particulièrement le logement et surtout le transport à travers l'agglo...