Entre pénurie de papier toilette et stock de farine, pour 67 millions de français depuis quelques semaines, il faut gérer un quotidien bousculé par un virus. Et dans les supermarchés bordelais, les rayons sont parfois vides et la sauce passe mal.
Pour certains, il faut alors faire face aux regards courroucés au supermarché du village de ses parents, quand pour d’autres, entre marché local et algorithme aux petits oignons, cela ne change presque rien…
Durant la première semaine du confinement, Aurore a ainsi décidé d’aller se réfugier chez ses parents après avoir assisté à une scène post-apocalyptique dans les rayons de Mériadeck.
« Quand j’ai vu les rayons vides, des chariots laissés au milieu des allées comme si les gens étaient partis, qu’il y avait eu un bombardement et que tout le monde avait tout laissé en plan, je me suis dis : barre-toi chez tes parents, le temps que le taf s’organise, ça ne manquera à personne. Et c’était fou… Je suis allée faire les courses avec mon père, on nous a appelé au micro parce qu’on était deux et qu’on ne pouvait pas faire les courses à deux caddies en arrivant du même endroit. »
Pendant ce temps là les restaurateurs ferment leurs portes et du côté de chez MyFarmers, une application de mise en relation de chefs avec des producteurs locaux, on s’active. Jour et nuit, pendant deux jours, l’équipe s’acharne pour mettre ses algorithmes à disposition des particuliers. Une évidence pour Aidan Bunney, directeur de MyFarmers :
« On a adapté notre système logistique et nos outils pour permettre aux particuliers d’avoir des produits frais et locaux à des tarifs compétitifs. C’est une super méthode pour les agriculteurs pour vendre toutes leurs production et minimiser les gaspillages. On a eu des supers retours, dans les trois derniers jours on a eu plus de 500 inscriptions sur la plateforme. »
Repenser la consommation
Pour certains ce confinement s’accompagnera donc d’un changement de pratiques de consommation comme de pratiques alimentaires. Mais pour d’autres, non loin de là, cela ne fait que confirmer les vieilles habitudes ouvrière ancrées dans les ruelles de Bègles… Maud raconte :
« Ça ressemble à ma vie au quotidien. J’avais déjà l’habitude d’acheter mes légumes au producteur du coin ou à la maraichère qui rassemble tout ça et qui fait les marchés. Naturellement elle m’a envoyé un message pour me dire que si je voulais un panier elle pouvait le préparer et le déposer à l’épicerie en vrac du coin. Ça participe de l’organisation aujourd’hui. J’ai d’office pas mal de stock parce que je fais mes bocaux et tout le monde s’entraide donc je trouve ça assez simple finalement de nous organiser. En fait c’est une vie de ville ouvrière, on se nourrit à la façon des anciens ouvriers. C’est ce que Bègles a gardé. »
Aurore, Aidan et Maud révisent donc leurs modes de consommation mais bien au-delà aussi, la question du lien social. Du lien humain si essentiel en cette période de confinement. Car éducation, transport, santé, alimentation, rapport au temps, à l’espace, dans les jours à venir l’ensemble de nos activités sera à repenser, ensemble.
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