« C’est chaud » commente un habitant après le passage d’un huissier mercredi au squat de La Zone libre à Cenon. Ce dernier a donné 48 heures aux 350 habitants du squat, dont 110 enfants, pour libérer la résidence Paul-Ramadier, un ancien foyer pour personnes âgées appartenant au bailleur social Logévie.
« On accueille chaque jour des personnes sans toit et sans domicile, se désole un bénévole. En novembre dernier, ils étaient 160 à s’installer ici. Aujourd’hui, ils sont 350. Vous comprenez ? Ça veut tout dire. »
Depuis la décision de justice du 10 janvier prise au tribunal judiciaire de Bordeaux en faveur du propriétaire, tous savaient ici qu’un sursis de trois mois leur était donné avant de quitter les lieux. Le confinement a permis de gagner un peu de temps, mais l’état d’urgence sanitaire promulgué jusqu’au 10 juillet n’y a rien fait.
Les associations se mobilisent
« Une expulsion, sans aucune concertation avec les personnes concernées, associations ou soutiens, sans diagnostic ni évaluation des situations individuelles bafoue l’instruction interministérielle du 25 Janvier 2018 “visant à donner une nouvelle impulsion à la résorption des campements illicites et des bidonvilles” », écrivent dans un communiqué de presse un collectif d’associations proches du squat.
Ce collectif, dans lequel on retrouve entre autres Médecins du Monde, la Ligue des droits de l’Homme, Bienvenue, RESF, Attac, Amnesty international, Les enfants de Coluche, ou encore Darwin, s’inquiète d’une intervention imminente sur ordre de la préfecture.
Les associations demandent « instamment à Mme Buccio, Préfète de la Gironde, de ne pas requérir la force publique pour expulser les familles » et « la mise en place de solutions anticipées, adaptées et durables afin de permettre la mise à l’abri des personnes à la rue dans des conditions dignes et respectueuses de tous ».
Cependant, la préfecture affirme à Rue89 Bordeaux ne pas avoir été saisie.
« C’est au propriétaire de décider de ce qu’il veut faire. S’il demande par le biais de son huissier le recours aux forces de l’ordre, la demande est étudiée. A partir de là, un diagnostic social est mis en place et selon, ou le 115 est sollicité pour les sans-abri, ou des logements sont proposés pour les demandeurs d’asile, ou il y a des reconduites à la frontière pour les sans-papiers. Pour l’instant, rien. »
Contacté par Rue89 Bordeaux, le bailleur Logévie n’a, pour l’instant, pas donné réponses à nos questions.
Un rassemblement de soutien est prévu jeudi 18 juin à 18h, à la Zone libre à Cenon. Une pétition en ligne a déjà recueilli 1750 signatures.
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