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« Pas de justice, pas de paix » : plus d’un millier de Bordelais marchent contre le racisme

Plusieurs centaines de personnes ont défilé ce samedi à Bordeaux « contre les violences policières et le racisme systémique » en France et aux Etats-Unis. Elles ont réclamé justice pour George Floyd et Adama Traoré, et dénoncé le les discriminations dont elles peuvent être l’objet.

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« Pas de justice, pas de paix » : plus d’un millier de Bordelais marchent contre le racisme

Ils ont mis un genou à terre pour ne plus courber l’échine. Plusieurs centaines de manifestants se sont réunies ce samedi à 14h place de la Bourse, avant de marcher jusqu’au consulat des Etats-Unis, quai des Chartrons, scandant notamment « justice pour Floyd, justice pour Adama », « Black lives matter » ou « pas de justice pas de paix ».

Malgré l’interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes, elles sont à l’arrivée entre 1000 et 2000, selon les observateurs, à avoir répondu à l’appel de plusieurs associations, partis et syndicats (dont SOS Racisme, Planning familial 33, le NPA ou Solidaires étudiant-e-s) pour une marche unitaire « contre les violences policières et le racisme systémique », en France et aux États-Unis.

Plus d’un millier de personnes se sont joint à la marche contre le racisme à Bordeaux (SB/Rue89 Bordeaux)

La mobilisation a largement dépassé le cercle des militants antifas et des Gilets jaunes, attirant de nombreux jeunes dont c’était la première manif, comme Saïd, 30 ans, venu « pour Georges Floyd et Adama Traoré » (lire ci-contre).

« Mais les problèmes de l’islamophobie et du racisme persistent depuis trop longtemps, et j’en ai ras-le-bol. Je suis Français, je travaille, je suis intégré, mais on me fait souvent sentir que je ne le suis pas. J’en ai marre d’avoir peur quand je croise des policiers dans la rue. Je suis noir et quand il y a des blancs autour de moi c’est toujours moi qui me fait contrôler. Je ne mets cependant pas toutes les forces de l’ordre dans le même panier et si on en est là ce n’est pas à cause de la police. »

« je suis Français, noir, et j’en suis fier »

Dans le cortège empruntant la chaussée, nous croisons Harmonie. Elle a inscrit sur sa pancarte les noms de Zyed et Bouna, les deux jeunes de Clichy-sous-Bois dont la mort consécutive à une course-poursuite avec la police est à l’origine des émeutes de 2005, ou celui de Théo, victime d’un viol présumé par des policiers en 2017.

« Je ne suis pas une personne racisée et j’habite à Caudéran mais je vois ce qui se passe autour de moi, explique cette étudiante (blanche) de 24 ans. J’ai beaucoup de témoignages d’amis ou de connaissances vivant dans les quartiers dits difficiles, comme les Grand Parc ou aux Aubiers. Ils sont plus contrôlés, et discriminés quand ils cherchent un appart, un travail ou veulent acheter une voiture. »

Après l’arrivée de la manifestation devant le consulat des Etats-Unis, la foule pose un genou à terre, un geste initié par le footballeur américain Colin Kaepernick, qui a refusé de se lever pendant l’hymne américain. Plusieurs personnes prennent librement la parole, dont Ousmane Guirassy, 24 ans.

« Je suis Français, je suis noir et j’en suis fier ! Le racisme n’est pas compatible avec la République, Marianne n’a pas choisi ses enfants, ils sont noirs, blancs, arabes, chrétiens, juifs ou musulmans. Personne ne doit mourir à cause de sa couleur de peau, de sa religion ou de son orientation sexuelle ».

Les prises de parole se sont enchaînées devant le consulat des Etats-Unis (SB/Rue89 Bordeaux)

« Je vous aime de ouf »

Hors micro, cet étudiant en droit confie qu’il aimerait « ne pas avoir à se battre comme ses ancêtres pour trouver sa place dans la société » :

« Même dans des soirées étudiantes on me demande d’où je viens. A cause de sa couleur de peau, il faut s’identifier pour avoir le droit de converser avec d’autres personnes, c’est très violent. Mais une journée comme ça me donne beaucoup d’espoir, quand je vois ce mélange, que beaucoup de blancs se sentent concernés. »

Beaucoup de jeunes ont manifesté sur les quais (SB/Rue89 Bordeaux)

« Pourquoi nous, les noirs, souffrons plus que les blancs ? Moi je vous aime de ouf ! » lâche une jeune femme sous les vivats. D’autres recadrent les militants du NPA qui s’enchaînent au micro pour appeler à des AG révolutionnaires ou à la libération de Georges Abdallah :

« Arrêtez de tout mélanger, aujourd’hui on parle de Black lives matter », s’énerve Maëlle, 24 ans, après avoir témoigné des insultes – « vache noire, caca » – essuyées étant enfant, ou des propos déplacés d’un commissaire auprès duquel elle venait porter plainte après avoir été renversée par un chauffard.

Peu après 16h, les manifestants encore présents ont rebroussé chemin vers le centre-ville. A l’appel d’un autre collectif, un rassemblement était prévu à 17h place de la Comédie. Le cortège est ensuite reparti vers le tribunal, puis l’hôtel de police, sans incident avec les forces de l’ordre, particulièrement discrètes tout au long de la journée.

Le cortège est reparti vers le centre, direction la Comédie, puis l’hôtel de police (SB/Rue89 Bordeaux)

#Violences policières

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