15h, ce samedi 3 octobre. Venus de Bordeaux à pied ou à vélo, 75 militants d’ANV-COP 21 et de collectifs locaux ont débarqué à l’aéroport de Bordeaux-Mérignac, sous un temps pluvieux. Il s’agit d’une action nationale menée par les collectifs Alternatiba et Action non-violente (ANV)-COP21 dans 18 villes françaises, comme Paris, Toulouse, Nantes ou Nice. Au total, 2 000 personnes ont participé à cette marche, selon Alternatiba.
Un peu avant, une poignée d’activistes ont joué au chat et à la souris avec les forces de l’ordre, présentes en nombre. Ils sont parvenus à pénétrer sur le tarmac de l’aéroport et allumer des fumigènes « pour interrompre les atterrissages et décollages des avions », selon ANV-COP21. Résultat des courses : sept personnes ont été interpellées par la gendarmerie du trafic aérien avant d’être placées en garde à vue. Ils ont été finalement libérés dans la soirée, avec une convocation au tribunal le 22 février 2021..
Les collectifs écologistes estiment qu’il est urgent d’effectuer un virage vers une société décarbonée et demandent au gouvernement de cesser de verser l’argent public à un secteur responsable de 5 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. L’aviation est responsable de plus de 7% de l’empreinte carbone de la France.
Ils réclament donc la baisse du trafic aérien, en commençant par la suppression des trajets réalisables en train en moins de 4h30. Ce qui comprend la ligne aérienne Bordeaux-Orly, aujourd’hui suspendue. Ce même samedi matin, plusieurs dizaines d’agents de la compagnie Air France s’étaient rassemblés dans le Hall B de l’aéroport Bordeaux-Mérignac, pour défendre au contraire… le maintien de cette navette empruntée par quelque 560 000 passagers par an.
L’avion « incompatible avec les enjeux climatiques »
Les activistes n’ont pas pu entrer dans l’aéroport, gardé par la police. Un sit-in a été organisé, sur le sol froid, devant les portes. Les militants ont également entonné des chants, armés de pancartes et autres banderoles, comme « L’avenir de l’avion, c’est le Canadair » ou encore « Pourquoi voler notre avenir ».
Sans cesser de livrer leurs arguments :
« Le commissariat général au développement durable informe que l’empreinte carbone moyenne d’un Français atteint 12 tonnes par an, indique François-Joseph Grimault, militant chez ANV-COP21. L’objectif, c’est d’arriver à moins de deux tonnes d’ici à 2050. Et deux tonnes, cela équivaut à l’émission d’un vol aller-retour pour New-York. Le transport aérien, qui est le plus polluant, le plus inégalitaire et le moins nécessaire au monde, est incompatible avec les enjeux climatiques. »
Papa de trois enfants, bossant dans le domaine de l’enseignement et de la recherche, Nicolas a beaucoup pris l’avion plus jeune. Cet habitant de Pessac s’est sensibilisé à la question de son impact lorsqu’il a obtenu son premier poste sur l’Ile de la Réunion.
« Le simple fait d’aller voir ma famille en métropole n’était pas compatible avec le bilan carbone. On est retournés dans l’hexagone notamment à cause de ça. Depuis, on n’a quasiment plus jamais repris l’avion. »
Pour lui, « il faut faire des choix engageants pour nos générations futures. Et non des demi choix. »
« On peut voir de très belles choses dans notre pays sans partir à l’autre bout du monde »
Jeanne a 24 ans. Cette habitante en Dordogne passe le week-end avec ANV-COP21 sur Bordeaux « pour mener cette action qui me parle ». L’avion, elle l’a déjà pris plusieurs fois « pour partir à l’étranger dans le cadre de [ses] études principalement » :
« Maintenant, j’essaye de voyager un maximum en voiture ou en train. » Concédant toutefois que ce moyen de transport « reste nécessaire pour certaines personnes. »
Pour Thomas, 26 ans, éducateur sympathisant ANV-COP21, « il est temps qu’on se soulève massivement contre les projets d’extension d’aéroports par exemple. On peut également voir de très belles choses dans notre pays sans partir à l’autre bout du monde ».
L’aéroport de Bordeaux-Mérignac a justement la volonté d’agrandir son terminal Billi destiné aux low-costs, et de rénover ses deux terminaux. Un projet pour l’instant reporté, alors que l’objectif de 10 millions de passagers en 2023 s’éloigne inéluctablement du fait de la pandémie de coronavirus (voir encadré).
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