Enquêtes et actualités gavé locales

Pour les 10 ans de votre média : objectif 2000 abonné⋅es

30/04/2024 date de fin
735 abonné⋅es sur 2 000
Pour ses 10 ans, Rue89 Bordeaux propose un abonnement à 10€/an et vise les 2000 abonné.es

Jérôme Masco : « Le métier de musicien est déjà difficile, il va devenir un combat »

Le musicien Jérôme Masco livre son témoignage et ses propositions à l’appel de Rue89 Bordeaux en vue du Forum des acteurs culturels à Bordeaux. Cette initiative indépendante vise à fournir une synthèse des contributions pour les débats et les réflexions sur la politique culturelle locale.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Bordeaux, abonnez-vous.

Jérôme Masco : « Le métier de musicien est déjà difficile, il va devenir un combat »

Le 5 mars 2020 j’étais à Pessac pour réaliser mon dernier contrat intermittent avant le confinement et le déluge d’annulations qui a suivi. J’avais quitté un peu plus tôt le travail qui me fournissait un revenu décent le temps que mon activité de musicien prenne le pas.

Autant dire que la période que l’on vit m’éloigne toujours plus de mon projet de vie/rêve de gosse. Pourtant – j’ai 34 ans – c’est le moment ou jamais !

Alors pendant le confinement, j’ai composé, arrangé, enregistré. En terme créatif, ça n’a pas eu que des mauvais côtés. Mais pendant ce temps-là, je n’ai pas pu vivre de la musique, démarcher des lieux, créer du réseau, rencontrer d’autres musicien.ne.s et organisateurs… Je n’ai pas pu préparer ma saison, encore moins l’avenir. Et comme les programmations poursuivent leurs reports, c’est probablement les deux saisons à venir qui vont en souffrir.

Le métier de musicien.ne est déjà difficile, et il va devenir un combat.

Les quelques collègues qui ont pu reprendre le travail l’ont fait grâce à des tournées déjà calées avant le confinement, des lieux qui ont choisi de maintenir leur offre culturelle, des événements privés qui parviennent à se faufiler au milieu des restrictions sanitaires, ou une bonne dose de débrouille.

Celles et ceux dans ma situation, avec des projets de création freinés, une activité en développement, un travail de démarchage stoppé, ont le choix entre multiplier les concerts dans des lieux qui profitent de l’année blanche des intermittent.e.s pour embaucher les artistes au noir, ou bien chercher un autre métier…

Pourtant, malgré les peurs, le virus qui circule, les restrictions, le public a besoin de sortir, de partager et profiter de ce que le spectacle peut offrir. Et les musicien.ne.s ont besoin de jouer.

Un groupement d’intérêt public Cafés Cultures

Des solutions existent ! La plus simple et directe s’appelle le Groupement d’intérêt public Cafés Cultures. Ce GIP, initié entre autres par le Ministère de la Culture, l’Union des Métiers de l’Industrie et de l’Hôtellerie, le collectif Culture Bar-Bars, le Syndicat National des Artistes Musicien.ne.s et Pôle Emploi Spectacle, permettrait aux cafés, hôtels et restaurants de bénéficier d’aides conséquentes s’ils programment des spectacles musicaux ET s’ils déclarent les artistes. Le fonds d’aide est alimenté par les collectivités territoriales.

Il faut absolument que les collectivités y abondent à la hauteur de leurs moyens (communes, communautés de communes et d’agglomération, départements, régions) pour bénéficier d’une stabilité de l’aide toute l’année, et qu’il y ait une adhésion de tous les lieux concernés.

Il y a aussi besoin de dépasser les problématiques de saisonnalité des programmations qui ferment la porte à la création locale et vivante. On ne peut pas toujours s’appuyer sur des logiques de projets élaborées sur le long terme. Il faut s’ouvrir à des artistes locaux, oser programmer des groupes qui n’ont pas encore sorti d’album. Il faut venir à leur rencontre, dans les lieux où se trouve la création, sur leurs réseaux. Pour proposer une culture vivante à tous les publics, il faut vivre avec la culture.


#crise sanitaire

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles
Plus d'options