L’Assemblée nationale a adopté ce mardi le projet de loi ré-autorisant les insecticides néonicotinoïdes pour la filière betteravière, par 313 voix pour, 158 contre et 56 abstentions. La majorité s’est divisée sur ce texte, qui marque un recul inédit du droit de l’environnement en France.
Ainsi, sur les 10 députés de la Gironde membres de la majorité parlementaire, seules deux élues ont voté pour, Sophie Mette (Modem) et Dominique David (La République en marche). A Rue89 Bordeaux, cette dernière déclare l’avoir fait « sans enthousiasme », avec « le pragmatisme qui [la] caractérise » :
« J’ai vu des champs de betteraves tout jaune en Normandie [la réintroduction de ces insecticides est motivée par la jaunisse, maladie propagée par un puceron, NDLR]. Sur 19 pays producteur de betterave, 14 ont voté une dérogation similaire, et si on ne l’accorde pas on va être obligé d’importer des betteraves de ces pays. Mais c’est une décision très encadrée, qui ne concerne que la betterave est limitée à un an, reconductible deux fois. »
La députée de Bordeaux reconnait cependant qu’un « risque existe » que cette dérogation puisse être étendue à d’autres filières. Aussi, d’autres élus n’ont pas suivi leur groupe : quatre marcheurs se sont abstenus (Bérangère Couillard, Catherine Fabre, Véronique Hammerer et Eric Pouilliat), et deux autres (Christelle Dubos et Florent Boudié) n’ont pas pris part au vote.
Deux LREM votent contre
Deux Girondins membres de la majorité d’Emmanuel Macron ont même voté contre ce texte : Sophie Panonacle, élue du Bassin d’Arcachon, et le médocain Benoît Simian, sous sa « double casquette de Député de la Nation et de fils d’apiculteur », explique-t-il dans un communiqué.
« En 2016 le Parlement avait pris une position progressiste et salutaire pour nos agriculteurs et nos abeilles en interdisant l’utilisation des néonicotinoïdes, insecticide toxique voir mortel. (…) L’expérience du glyphosate nous oblige à nous questionner sur le fait que cette dérogation (…) ne soit pas en réalité, à termes, qu’une façon progressive de réintroduire cet insecticide néfaste. »
Dans un communiqué, Sophie Panonacle explique être d’abord intervenue en réunion de groupe « pour proposer une indemnisation des agriculteurs concernés ». Elle aurait étendu le régime des calamités agricoles pour les agressions de parasites sur les cultures.
« Cette solution assurantielle présentait le double avantage de respecter les engagements de la loi biodiversité et de répondre aux difficultés temporaires des agriculteurs producteurs de betteraves sucrières ». Mais elle n’a pas été retenue, déplore l’élue du Bassin d’Arcachon, qui estime que « protéger la biodiversité est aujourd’hui un choix prioritaire », et a voté en conséquence.
Les deux députés girondins de gauche, le socialiste Alain David et l’insoumis Loïc Prud’homme ont eux voté contre. Ce dernier ne baisse pas la garde et invite les citoyens à interpeller via un courriel type les députés favorable à la réintroduction des néonicotinoïdes ou s’étant abstenus. Objectif : les faire changer de position lors du vote définitif après le passage au Sénat.
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