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Évacuation demandée pour le Kabako, squat des mineurs isolés à Bordeaux

Alors qu’un conventionnement était envisagé en septembre pour le squat des mineurs isolés étrangers rue Camille-Godard, volte-face du département de la Gironde qui a obtenu un jugement pour l’évacuation des lieux avant le 24 novembre en raison d’un arrêté de péril. Celui-ci est contesté par les occupants. Ils ont fait appel à l’association Architectes sans frontières pour une contre-expertise et envisagent de repartir en justice.

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Évacuation demandée pour le Kabako, squat des mineurs isolés à Bordeaux

C’est parti d’un mail envoyé début octobre dans lequel le collectif en charge de la gestion du Kabako liste une demande de travaux. Une bénévole qui intervient dans ce bâtiment occupé pour héberger des mineurs isolés ou en recours, et appartenant au département de la Gironde, précise :

« Nous avons demandé l’installation d’un évier plus grand, d’une plaque chauffante, et de douches puisqu’il n’y en a qu’une pour tout le monde [le collectif ne veut pas fournir le nombre de personnes hébergées, « pour ne pas faciliter le projet d’évacuation », NDLR]. »

En retour, l’équipe voit défiler des huissiers et comprend qu’une évacuation des lieux se prépare. Ce mardi soir, un courrier officiel leur a été remis : « la signification d’une ordonnance sur requête qui nous demande de quitter les lieux avant le 24 novembre ».

« On nous dit en gros que les locaux ne sont pas adaptés à la vie sur place. Alors que tout va bien et on pensait même qu’on était en négociation avec eux pour reconnaître notre travail », ajoute une autre bénévole.

Péril éminent

Au département de la Gironde, la version est tout autre.

« Nous avons reçu un mail du collectif faisant part des difficultés des jeunes et qui remet en cause la sécurité du site, répond Renaud Helfer-Aubrac, le directeur général des services. Je ne peux me soustraire du risque pénal ipso facto. Un péril éminent a été identifié, dès lors, une procédure d’évacuation s’est enclenchée. »

Ces propos ont été indirectement confirmés lors de la séance plénière du 16 novembre dernier. Le président du département Jean-Luc Gleyze a répondu à la motion du groupe EELV demandant le gel des expulsions que les propriétaires étaient responsables pénalement des squats considérés insalubres. Il a également précisé qu’il n’approuvait pas la mise en place d’autorisations d’occupation des squats par des associations.

« Expulsion suspendue » ?

Envolé donc l’espoir du conventionnement des lieux pressenti en septembre. Renaud Helfer-Aubrac assure que la situation actuelle contraint le département à envisager d’autres issues : l’évacuation – bien qu’aucun recours aux forces de l’ordre ne soit encore formulé à ce jour selon nos informations – ou alors le rachat de l’immeuble par la mairie au prix du Domaine et sa prise en charge.

« Il n’est pas envisagé de racheter l’immeuble, ça n’a pas de sens » répond Harmonie Lecerf, l’adjointe au maire de Bordeaux chargée de l’accès aux droits et des solidarités.

« Nous avons eu connaissance de cette volonté d’expulsion et nous avons pris contact avec le département. L’expulsion est aujourd’hui suspendue car celle-ci n’est pas acceptable durant la trêve hivernale d’une part et la crise sanitaire d’autre part. Le CCAS (Centre Communal d’Action Sociale) est présent sur les lieux et on va mettre en place une orientation sociale pour chaque personne et définir les besoins administratifs. »

Prise en charge contestée

« Nos services sociaux sont prêts à évaluer le cas de chaque personne, ajoute Renaud Helfer-Aubrac. S’il y a des mineurs, le département les prendra en charge, les majeurs seront à la charge de l’État. Le problème est que le collectif demande la prise en charge de tout le groupe sans séparer les personnes. »

« Le problème va au-delà de la prise en charge », réagit une bénévole du collectif. Elle développe :

« Ils veulent fermer ce squat avec des promesses pour reloger les personnes qui y sont hébergées. Mais ils n’envisagent aucune structure pour les primo-arrivants. Certains attendent le rendez-vous pour l’évaluation dans la rue, alors que d’autres viennent nous voir avec un papier du refus de prise en charge par l’ASE » (Aide sociale à l’enfance).

Référé-rétractation

Le collectif du Kabako a fait appel à l’association Architectes sans frontière pour avoir une contre-expertise de l’immeuble et entend repartir en justice accompagné par l’avocat Romain Foucard. Ce dernier entend « présenter une assignation aux fins d’une rétraction ».

« Le Département a estimé fondé ne pas avoir un contradictoire et est allé voir le juge pour obtenir un jugement rapide en disant ne pas avoir quelqu’un en face de lui. Je vais constituer un dossier pour montrer que si. Dans ce cas, il y a une voie ouverte : la voie de la rétractation. »

De leur côté, la mairie de Bordeaux et le Département de la Gironde ont demandé à rencontrer la Préfète de la Gironde « pour trouver des solutions de relogement ».


#mineurs non-accompagnés

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Photo : WS/Rue89 Bordeaux

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